Les réunions d’aujourd’hui, qui devraient être principalement techniques, ont été précédées la veille de discussions diplomatiques bilatérales États-Unis-Ukraine. 

  • L’Ukraine est représentée par Roustem Oumierov, ministre de la Défense, Pavlo Palisa, conseiller militaire du président, Andriy Yermak, chef de cabinet de Zelensky et Andriy Sybiha, ministre des Affaires étrangères. La Russie a envoyé Grigory Karasin, diplomate de carrière et membre de la Chambre haute de l’assemblée fédérale, et Sergei Beseda, conseiller du directeur du Service fédéral de sécurité, FSB (le successeur du KGB). La délégation américaine est dirigée par Andrew Peek, membre du Conseil de sécurité nationale, et Michael Anton, directeur de la planification politique au département d’État.
  • Si les délégations ukrainienne et russe sont toutes les deux présentes à Riyad, aucune rencontre directe n’est prévue.
  • Les pourparlers devraient porter sur la définition des cibles qui seront couvertes par un cessez-le-feu et l’élaboration par l’Ukraine d’une « liste d’installations » qui sera communiqués aux « partenaires » du pays, afin de pouvoir tenir la Russie responsable en cas de rupture de l’accord. 
  • Les négociateurs devraient également discuter de la mise en œuvre d’un cessez-le-feu maritime en mer Noire, abordé par Trump et Poutine lors de leur appel. 
  • Washington espère aboutir à un cessez-le-feu d’ici le 20 avril, date qui marque cette année à la fois la Pâques orthodoxe et catholique.
  • La porte-parole du Kremlin a déclaré hier, 23 mars : « Il s’agit d’un sujet très complexe et il y a beaucoup de travail à faire. Nous n’en sommes qu’au début » et ajouté s’attendre à des « négociations difficiles ». Zelensky a de son côté appelé à accroître la pression sur Poutine : « Quels que soient nos échanges avec nos partenaires, nous devons pousser Poutine à donner un véritable ordre pour arrêter les frappes : celui qui a déclenché cette guerre doit la finir ». 

Zelensky et Poutine ont tous deux accepté — respectivement les 11 et 18 mars — la mise en place d’un cessez-le-feu visant les infrastructures énergétiques. 

  • Or, de nombreux détails sont encore à clarifier les communiqués publiés suite à l’appel Trump-Poutine de la semaine dernière comportant une différence fondamentale : la Maison-Blanche évoque un cessez-le-feu portant sur « l’énergie et les infrastructures », tandis que le Kremlin mentionne spécifiquement les « infrastructures énergétiques ». 
  • Au cours des derniers jours, malgré les signes que Trump appelle de « bonne volonté » de Poutine (notamment l’interception de missiles russes en vol vers l’Ukraine par la défense anti-aérienne russe suite à l’appel avec Trump et un échange de prisonniers), les attaques de Moscou contre les infrastructures civiles de l’Ukraine ont continué et plusieurs civils ont été tués hier, dimanche, à Kiev par des frappes de drones. 
  • L’Ukraine a elle aussi visé des réservoirs de pétrole russes et des cibles militaires.

L’envoyé spéciale du président américain, Steve Witkoff, a déclaré dans un entretien avec Tucker Carlson diffusé le 22 mars que Poutine n’était pas « un mauvais type ». Il a ajouté que le principal obstacle à la résolution de la guerre de Poutine en Ukraine est le statut de la Crimée et des quatre régions occupées par la Russie.

  • En reprenant la propagande du Kremlin, il a ajouté : « Elles sont russophones (…) Il y a eu des référendums au cours desquels l’écrasante majorité de la population a indiqué qu’elle souhaitait être sous contrôle russe ». Il fait ainsi référence au vote organisé par la Russie du 23 au 27 septembre 2022 dans les régions de Lougansk, Donetsk, Zaporijia et Kherson, qualifié de « simulacre » et qui, d’après plusieurs reportages, s’est déroulé sous la menace des fusils.
  • « Les Russes contrôlent de facto ces territoires. La question est la suivante : le monde reconnaîtra-t-il qu’il s’agit de territoires russes ? Le président ukrainien Volodymyr Zelensky peut-il survivre politiquement s’il le reconnaît ? C’est la question centrale du conflit » 1.

En parallèle, et alors qu’aucun représentant européen ne sera présent à Riyad, Emmanuel Macron organise à Paris un sommet de la « coalition des volontaires » en présence de Volodymyr Zelensky, jeudi 27 mars.  

  • La liste des invités n’est pas encore connue, mais le sommet devrait rassembler la vingtaine de pays représentés à Londres lors de la dernière réunion du 15 mars. 
  • Si les Européens ne sont pas impliqués dans la proposition de cessez-le-feu sur les infrastructures énergétiques, Emmanuel Macron et Keir Starmer travaillent avec le président ukrainien sur les garanties de sécurité que les pays « volontaires » pourront apporter, Trump ayant d’ores et déjà fait savoir qu’il n’en offrirait aucune. 
  • Witkoff a qualifié les plans européens de « posture », ajoutant que l’idée était basée sur une notion « simpliste » de Starmer et d’autres dirigeants qui pensent que « nous devons tous être comme Winston Churchill ». 
  • Poutine a aussi fait savoir à plusieurs reprises qu’il refusait toute présence de force de maintien de la paix en Ukraine.