Poutine va-t-il accepter la proposition de cessez-le-feu américano-ukrainienne ?

Les réactions russes à la proposition de cessez-le-feu américaine acceptée mardi 11 mars par l’Ukraine ont, jusqu’à présent, été assez laconiques.

• Aujourd’hui, jeudi 13 mars, à la télévision d’État, le négociateur de Poutine et principal conseiller du président en matière d’affaires étrangères, Iouri Ouchakov, a déclaré qu’il avait indiqué à Mike Waltz être défavorable à un cessez-le-feu temporaire qui ne constituerait « rien de plus qu’un répit temporaire pour l’armée ukrainienne » ¹.
• Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a appelé des journalistes à « ne pas aller trop vite en besogne » concernant la réponse de la Russie, ajoutant que Moscou n’avait « pas reçu d’informations détaillées » sur la proposition de cessez-le-feu ².
• La porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, s’est contenté de déclarer que « les nouvelles les plus importantes pour nous viendront de la Russie. La position de la Fédération de Russie ne se forme pas à l’étranger par le biais d’accords ou d’efforts de parties extérieures ». Elle a également déclaré que la Russie considère toute présence de troupes européennes en Ukraine pour le maintien de la paix comme un conflit armé direct : « Il est absolument inacceptable pour nous que soient déployées des unités des forces armées d’autres États en Ukraine (…) Tout cela signifierait l’implication de ces pays dans un conflit armé direct avec notre pays, auquel nous répondrons par tous les moyens disponibles ».
• D’autres réactions, notamment celles du président de la commission des Affaires étrangères du Conseil de la Fédération Konstantin Kosachev, du député de la Douma d’État et membre du parti présidentiel Mikhail Sheremet, ou bien du président du parlement de la Crimée annexée Vladimir Konstantinov, n’ont apporté que peu d’indications supplémentaires.

L’absence d’une réponse claire semble principalement due à la volonté de Poutine de vouloir jouer la montre, alors que son armée est en train de reprendre le contrôle de l’oblast de Koursk, mais vise également à éviter d’être mis au pied du mur en refusant frontalement la proposition de cessez-le-feu de Washington. Selon plusieurs responsables occidentaux, le président russe n’a aucune intention de faire des concessions quant à ses revendications maximalistes et semble plutôt décidé à faire traîner les discussions de cessez-le-feu, permettant ainsi à Donald Trump de ne pas perdre la face ³.

Le fait que Kiev ait accepté la proposition américaine constitue une première étape qui vise à envoyer un message principalement politique.

• L’envoyé spécial de Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, absent des négociations avec la délégation ukrainienne, doit rencontrer aujourd’hui Vladimir Poutine à Moscou pour lui présenter les résultats des discussions avec Kiev — auxquelles il n’a pas pris part ⁴.
• Le directeur de cabinet de Zelensky, Andrey Yermak, a quant à lui déclaré mardi 11 mars que les négociations concernant les « détails » de la proposition de cessez-le-feu ne commenceront que lundi prochain, le 17 mars, et devraient durer jusqu’au 23 ⁵. Ainsi, une réponse russe ne devrait pas être formulée avant la semaine prochaine au moins.
• Poutine a exclu à plusieurs reprises un accord de cessez-le-feu temporaire qui, selon le président russe, permettrait à l’Ukraine de se réarmer et à ses soutiens occidentaux de reconstituer leurs arsenaux. Les Européens ont fait des déclarations similaires vis-à-vis de la Russie.

Si le Kremlin ne devrait probablement pas refuser d’emblée la proposition américaine, ce qui pourrait conduire à des sanctions économiques supplémentaires ainsi qu’à une dégradation de la relation bilatérale avec Washington, tout semble indiquer que Poutine ne voit pas, pour l’heure, un arrêt des combats comme étant dans son intérêt. Un rapport publié en février par un think-tank russe proche du FSB affirmait qu’une résolution pacifique du conflit ne pourrait pas se produire « avant 2026 » ⁶.