Pendant qu’une délégation ukrainienne rencontrait à Djeddah, en Arabie saoudite, le secrétaire d’État américain Marco Rubio et le conseiller à la sécurité nationale de Trump, Mike Waltz, son armée se retirait de plusieurs positions-clefs dans l’oblast de Koursk. Les forces de Moscou sont désormais entrées dans Soudja, la principale ville russe jusqu’ici sous contrôle ukrainien, et il semblerait qu’elle soit sur le point d’expulser les combattants de Kiev de son territoire. Plusieurs sources indiquent que la ville serait déjà sous contrôle russe 1.
- Certains commentateurs russes et ukrainiens évoquent le retrait ukrainien de Koursk comme faisant partie d’un supposé « accord » conclu entre les États-Unis et la Russie dans le cadre du processus de négociation qui s’est ouvert suite à la proposition de cessez-le-feu américaine acceptée hier par l’Ukraine 2.
- Aucune source officielle n’a pour l’heure confirmé ces informations. Quoi qu’il en soit, des signes d’affaiblissement du front ukrainien à Koursk étaient visibles depuis plusieurs mois.
- Il est également probable que la suspension, d’une durée de quelques jours, du renseignement militaire américain ait contribué à l’effondrement d’une partie du front ukrainien dans l’oblast de Koursk au cours des derniers jours.
Kiev considérait son emprise en Russie comme une garantie de sécurité destinée à disposer d’une monnaie d’échange précieuse aux yeux de Poutine dans la perspective de l’ouverture de négociations de cessez-le-feu. Dans le même temps, le Kremlin semble peu enclin à accepter un gel de la ligne de front et un arrêt des combats alors que des soldats ukrainiens occupent une partie de son territoire. Le président russe n’a toujours pas répondu à cette heure à la proposition américaine de cessez-le-feu, acceptée hier par Kiev.
Si l’Ukraine est sur le point de renoncer à ses positions capturées puis défendues à Koursk au prix d’importantes pertes, son armée a dernièrement repris du terrain dans plusieurs secteurs clefs de la ligne de front.
- Depuis le 28 février, Kiev a recapturé des positions à Toretsk, dans l’oblast de Donetsk, autour de la mine de charbon centrale, dans l’ouest, du palais de la culture à l’est ainsi qu’au sud-ouest de la ville. Afin de repousser les défenseurs ukrainiens, l’état-major russe y avait déployé des effectifs supplémentaires à la mi-février.
- Des images géolocalisées publiées le 9 et le 11 mars indiquent que les forces ukrainiennes ont continué leur progression à l’intérieur de la ville, mais également en périphérie. Hier, des combattants ont notamment réalisé une percée dans les lignes russes à Panteleymonivka, située à une dizaine de kilomètres au sud-ouest de Toretsk 3.
- L’Ukraine a également progressé hier autour de Pokrovsk, dans l’oblast de Donetsk, menacée d’encerclement depuis plusieurs mois par l’armée russe. L’Institute for the Study of War rapporte que Kiev a regagné des positions à l’est de la ville, autour du hameau de Vozdvyzhenka 4.
Ces avancées indiquent que, malgré l’apparente progression des discussions diplomatiques sur la fin de la guerre, la situation sur le front demeure très dynamique. En février, la progression russe a continué de ralentir par rapport au mois précédent, et s’est établie à 389 km² — contre un pic de 702 km² atteint en décembre 2024 (sans compter les premiers mois de l’invasion).
Sources
- Publication de Военный Осведомитель sur Telegram, 12 mars 2025.
- Publication de Мир сегодня с « Юрий Подоляка » sur Telegram, 12 mars 2025.
- Publication d’Audax sur X (Twitter), 11 mars 2025.
- Grace Mappes, Christina Harward, Nicole Wolkov, Daria Novikov et Frederick W. Kagan avec Nate Trotter, Russian Offensive Campaign Assessment, March 11, 2025, Institute for the Study of War.