18

février 2025

De 19:30 à 20:30

École normale supérieure

45 rue d'Ulm - 75005 Paris

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FR

Guerre

Trois ans après la grande invasion, leçons géopolitiques d’Ukraine

Gérard Araud
Gérard Araud
Michel Goya
Michel Goya
Alice Rufo
Alice Rufo
Gilles Gressani
Gilles Gressani

Mardi du Grand Continent du 18 février 2025, avec Gérard Araud, Michel Goya et Alice Rufo, modéré par Gilles Gressani.

Citations à retenir

Michel Goya
Dans cette situation, la France a un rôle à jouer. Il faut s'associer avec d'autres États, comme la Pologne qui est une très vieille alliée historique de la France. Il faudrait déplacer le centre de gravité militaire vers l'Europe de l'Est.
Michel Goya Militaire et historien français
Gérard Araud
Les États-Unis, c'est 65 % des dépenses militaires de l'ensemble de l'OTAN. Ils se comportent donc comme un actionnaire largement majoritaire. Comme on dit au Quai d'Orsay : si on avait leurs moyens, on ferait pire.
Gérard Araud Ambassadeur de France
Alice Rufo
Si on considère, à mon avis à juste titre, que nos intérêts de sécurité propres sont engagés, il faudra bien s'assurer que la manière dont la paix se fera en Ukraine permettra d'éviter que ça aille encore plus loin et mette en cause directement les intérêts européens. Zelensky dit qu’il est en première ligne – c’est vrai. 
Alice Rufo Directrice générale des relations internationales et de la stratégie

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Bienvenue à ce nouveau mardi du Grand Continent. Aujourd’hui, on va parler de l’Ukraine, de la guerre qui depuis trois ans se déchaîne sur le territoire ukrainienne avec une intensité particulière, à un moment où les jours paraissent des années ou des décennies. Michel Goya, pourriez-vous nous aider à analyser la situation militaire d’aujourd’hui, pour ensuite voir plus largement la situation diplomatique et ce qu’elle nous réserve ?

Michel Goya

Michel Goya

Je vais répondre à cette question à la manière d’un officier d’état major. La situation actuelle découle évidemment de l’offensive russe qui a profité d’une conjonction plutôt favorable à la Russie : l’aide matérielle, à ce moment-là nord coréenne, des innovations techniques comme les bombes planantes qui ont eu beaucoup d’influence sur le champ de bataille, car les Russes ont disposé d’un seul coup d’une arme très puissante qu’ils pouvaient lancer par centaines, voire par milliers, sur le front, et, parallèlement, l’arrêt momentané de l’aide américaine pendant quelques mois, qui a fait beaucoup de mal aux Ukrainiens. Il s’agissait déjà d’une initiative de Donald Trump. Les Russes ont profité de ce rapport de force favorable pour lancer une offensive tous azimut qui était une offensive de pression.

Leur objectif était de faire de l’Ukraine une sorte de Verdun géant en pressant de tous les côtés – devant, à l’arrière, par des attaques, par missiles, par vagues de drones, en attaquant le réseau énergétique, en particulier sur les villes et sur le front, en attaquant à peu près partout et particulièrement dans le Donbass, pour essayer au mieux d’avancer et au pire de saigner à blanc l’armée ukrainienne.

Cela a duré toute l’année 2024, avec une victoire à peu près claire du côté de la province de Donetsk. Les Russes ont réussi à percer les lignes de défense ukrainiennes qui étaient installées là depuis l’été 2015. Je rappelle que les batailles en Ukraine sont les batailles les plus longues de l’histoire. 

Cependant, on constate que les Ukrainiens ont malgré tout résisté à cette pression. Quand ils ont commencé, à la fin de l’année, à bénéficier de facteurs plus favorables, les ressources russes, de leur côté, commençaient à s’épuiser.

Parmi les facteurs favorables, il y a d’abord le retour de l’aide de l’aide militaire américaine et l’autorisation d’utiliser les armes pour frapper en profondeur le territoire russe, qui a eu un impact militaire considérable car cela permettait aux Ukrainiens de frapper les bases, le deuxième échelon militaire, les dépôts de munitions, les obus russes.

Les Ukrainiens ont également développé des centaines de milliers de drones qui ont eu un impact considérable sur le champ de bataille. Plus de la moitié des tués et blessés russes aujourd’hui ont été touchés par des drones ukrainiens. 

On assiste donc à un équilibre des forces incontestable et un ralentissement considérable de l’avancée russe. Si on veut prendre la comparaison avec un combat de boxe sans limite de temps, on est dans une situation où les deux adversaires pour l’instant ne peuvent pas se mettre K.O. 

Donc la solution est soit l’arrivée de l’arbitre, soit l’abandon d’un des deux. On peut avoir le sentiment, du côté ukrainien, que la perspective n’est peut être pas si défavorable, d’un point de vue militaire. En effet, l’artillerie russe ne tire plus autant d’obus, alors que c’était le grand avantage militaire russe. L’arrivée des avions F16 ou des Mirage français a aidé la défense aérienne et permis d’écarter la menace aérienne russe. Les stocks de matériels russes commencent à s’épuiser et l’armée russe vit sur ses stocks.

Donc il y a peut être la perspective que, en continuant dans l’année 2025, il pourrait y avoir un nouveau un changement de rapport de forces. Mais tout cela suppose à la fois que l’arrière ukrainien tienne, ce qui n’est pas forcément évident, mais aussi que le grand arrière ukrainien, c’est-à-dire nous, et notamment les États-Unis, tiennent également et continuent à aider de la même façon.

Ce n’est pas absurde de vouloir continuer la guerre et d’espérer obtenir des résultats stratégiques. Maintenant, la donne a changé très clairement et d’une certaine façon, les Ukrainiens sont obligés de passer au plan B, qui consiste à limiter les dégâts dans l’immédiat et à essayer de monnayer au maximum un cessez-le-feu qui semble poindre à l’horizon.

On regarde l’actualité avec l’urgence qui s’impose. Mais trois années ont passé et je me rappelle que dès février 2022, vous étiez vous même surpris par la manifestation de la capacité d’action des Ukrainiens. 

Michel Goya

Michel Goya

Ce type de conflit moderne et industriel est soit très court, soit très long. C’est souvent très court. On avait pris cette habitude, mais si au bout de quelques semaines, la décision n’est pas emportée, on bascule dans une autre forme de guerre.

C’était le cas en Corée par exemple, ou dans la guerre entre l’Iran et l’Irak. Après une phase très mobile, les gens commencent à s’enterrer et à se fortifier. Puis on bascule dans une guerre de position, de fortification qui est beaucoup plus lente. On passe d’une guerre qui se compte en semaines à des guerres qui se conduisent pendant des années. La guerre entre l’Iran et l’Irak a duré huit ans. 

La surprise du début de la guerre en Ukraine venait du fait que les Russes n’ont pas obtenu un succès conventionnel, qu’ils n’ont pas réussi à s’emparer de Kiev ou à refouler les forces ukrainiennes au-delà du Dniepr.

Militairement, c’était la grande surprise. Cela vient du fait que les Russes n’ont pas été capables de dominer le ciel. A partir du moment où une armée a une supériorité en termes d’aviation, elle peut lancer tous les jours des centaines d’avions avec plusieurs tonnes de projectiles sur l’ensemble du territoire ennemi. Ce n’est pas arrivé. C’est pas arrivé parce que les Ukrainiens ont réussi à déjouer le coup et que les Russes ont été très maladroits. Les Ukrainiens ont réussi à défendre leurs sièges, à défendre leur réseau, à défendre toutes leurs arrières et à partir de là, la machine s’est enrayée, s’est stoppée et on a basculé dans ce deuxième type de guerre.

Alice Rufo, pouvez-nous aider un peu à faire le même type d’exercice, en intégrant également la dimension diplomatique des négociations ?

Alice Rufo

Alice Rufo

Je souhaite d’abord rappeler qu’à l’heure où on parle, les armes américaines arrivent encore en Ukraine. Quand on regarde l’actualité, on oublie les continuités. La continuité vient du fait que l’aide militaire américaine est encore en train d’arriver en Ukraine, de même que l’aide européenne. Si on dézoome, on se rend compte que cela fait plus de dix ans que la Russie a annoncé ce qu’elle ferait.

A la fin des années 2000, il y avait déjà eu la Géorgie, puis les discours de Vladimir Poutine où il expliquait qu’il voulait rétablir sa sphère d’influence. Ensuite il y a eu l’annexion de la Crimée, puis la Syrie – l’utilisation des armes chimiques – et puis la déconstruction ou le non-respect de tous les accords qui consistuaient l’architecture de sécurité européenne après la Guerre froide. Enfin, il y a eu l’invasion d’un État membre d’un pays souverain par un membre permanent du Conseil de sécurité, c’est-à-dire la fin de la respectabilité qu’avait pu acquérir la Russie.

Pendant ce temps, le premier mandat de Donald Trump a conduit à une déconstruction de certains accords qui avaient pu être conclus avec la Russie, comme le JCPOA. Cette guerre est donc arrivée à un moment où l’ordre international était en grande partie déconstruit.

Pendant toute cette décennie, il y a eu des tentatives de négociation : les accords de Minsk, le format Normandie. Honnêtement, en tant que praticienne, à partir de 2019, il a été clair que la Russie n’était plus engagée dans la discussion sur les accords de Minsk et ne cherchait pas de solution.

Quelques semaines avant l’invasion de l’Ukraine, il y a eu un dialogue entre l’OTAN et la Russie. On l’oublie souvent parce que la Russie a beaucoup développé son narratif sur le thème : « on ne veut pas nous parler et c’est pour ça qu’on doit faire la guerre ».

Il y avait eu pourtant une discussion avec l’OTAN quelques semaines avant la guerre. L’ONG Memorial, qui s’occupait de documenter les crimes du stalinisme, a été dissoute en décembre 2021. Ce qui n’a pas bougé, par rapport à tout ce qui bouge aujourd’hui, ce sont les objectifs du régime russe : affaiblir l’Union européenne, affaiblir l’Alliance atlantique, ne pas respecter la souveraineté de l’Ukraine, obtenir soit par la force, soit par la diplomatie, la reconstitution d’une sphère d’influence en Europe.

Est-ce que ce n’est pas la description de ce que propose aujourd’hui le président des États-Unis ? 

Alice Rufo

Alice Rufo

Les Européens ne sont pas autour de la table des négociations alors que leurs intérêts de sécurité sont très directement engagés. L’Ukraine n’est pas à la table des négociations. Deux paramètres essentiels d’une éventuelle négociation, dont l’adhésion à l’OTAN, ont été déjà lâchés et on nous parle d’un cessez le feu sans que les conditions d’un accord de paix solide soient identifiées. 

J’évoquais ce qui n’a pas changé – les objectifs russes. Ce qui a changé, c’est la posture américaine. Elle n’a pas encore changé au point où on arriverait à l’arrêt des livraisons d’armes. Le Président américain a dit qu’il fallait obtenir la paix par la force. Pour l’instant, ce qu’on a vu, y compris dans les déclarations d’aujourd’hui, n’est pas une démonstration de force.

Les Européens sont d’accord avec l’idée d’une paix par la force. Il faut s’en donner les moyens. Sinon, un cessez-le-feu adopté sans accord de paix, sans capacité à garantir sa durabilité, ne sera pas un véritable cessez-le-feu.

Honnêtement, j’ai essayé d’aller parler aux Russes, de trouver des solutions. Il y aura de déstabilisation de l’Europe, comme il y en a déjà. Nous subissons des attaques informationnelles, des attaques informatiques, des attaques hybrides. La Russie met en cause nos intérêts de sécurité très directement. Regardez ce qui se passe en Roumanie

Donc il n’y a pas de raison qu’un arrêt des combats conduise à la paix. Il faut l’élément de force également. 

Pourquoi la France et l’Europe ne sont pas autour de la table ? Quelle est votre analyse ? Est-ce qu’il y a effectivement une convergence européenne, européenne et américaine sur la paix par la force ? 

Gérard Araud

Gérard Araud

Tout d’abord, en premier lieu, j’ai tendance à penser que, quel que soit le vainqueur de l’élection américaine, les Américains auraient tenté d’ouvrir une négociation avec la Russie. En 2022, lorsque les Russes ont envahi l’Ukraine, les États-Unis étaient en train de partir sur la pointe des pieds d’Europe. Pour les Américains, aujourd’hui, l’Europe devient très largement une périphérie du monde, l’avenir du monde se jouera entre Los Angeles et New Delhi et le problème, n’est pas la Russie – un sénateur disait « une station service avec des armes nucléaires » – mais la Chine. 

Avec l’invasion de l’Ukraine, les Américains ont été obligés d’intervenir du fait de l’incapacité des Européens de le faire. Mais lorsque vous étudiez les discours des Américains depuis 2022, vous verrez qu’ils ont été extrêmement prudents sur leurs objectifs. Ils parlent très rarement de la Crimée. Je parle ici de l’administration Biden. 

Lorsqu’on rencontrait l’administration Biden, on sentait bien qu’il y avait une volonté de mettre un terme à cette guerre. Cette guerre était à leurs yeux une distraction par rapport au vrai sujet. 

Dès la fin 2022 ou au début 2023, le chef d’état major de l’armée américaine, qu’on ne peut pas soupçonner d’être un mou, disait que les Ukrainiens ne récupèreront pas les territoires occupés par la Russie. Voilà la position américaine. 

Donc, lorsque vous regardez un petit peu la proposition de paix, dans l’absolu, la proposition de paix de Trump, c’est le statu quo territorial : on arrête les combats, là, sur les lignes de front. Le problème, ce sont les garanties que l’on donne ou qu’on trouve pour garantir l’indépendance et la viabilité de ce qui reste de l’Ukraine.

Personnellement, je ne peux pas penser que ce soit irréaliste. Disons-le, les Ukrainiens sont épuisés. D’une certaine manière, ils sont aussi en grande partie un peu résignés à la perte du Donbass. Il y a eu trois ans de guerre. Nous sommes en 1917. Rappelez-vous ce qui s’est passé en France et dans le reste de l’Europe en 1917 : une aspiration générale à mettre un terme aux massacres. 

Une paix par-dessus la tête des Ukrainiens et des Européens ? Je connais assez les Américains pour être sûr que même Kamala Harris aurait fait de même. Les Américains n’ont jamais été très bons pour tenir compte des intérêts des alliés. Quand il faut tordre le bras de quelqu’un, ils le font. Le malheureux président du Sud-Vietnam s’est en bien rendu compte en 1975, lorsque les Américains ont abandonné le Sud-Vietnam derrière eux.

La question est celle de la méthode Trump. Il y a deux négociations Trump qui sont exemplaires : la avec les Talibans et avec la Corée du Nord. 

Dans la négociation avec les Talibans, il a tout lâché. Je connais bien le négociateur américain qui m’a dit qu’il appelait désespérément Washington de Doha. On lui disait que le Président veut un accord pour crier victoire sur Fox News. C’est le premier risque auquel nous faisons face pour cette négociation. Parce qu’une Ukraine neutre serait une Ukraine vassalisée. 

Le deuxième modèle de négociations est celui de la Corée du Nord. Trump était tombé amoureux de Kim Jong Un. Ils se sont envoyés des lettres absolument ahurissantes. Naturellement, ça ne menait nulle part. Trump s’est désintéressé des négociations. Pour l’Ukraine, il peut se rendre compte que les Européens crient, que Russe négocie à la russe, virgule après virgule. Trump pourrait en voir marre, mettre fin à la négociation, et se présenter en pacificateur méprisé. 

Ce sont les deux scénarios auxquels nous risquons de nous trouver confrontés, nous les Européens. Il faut nous y préparer. 

Honnêtement, je ne suis pas sûr que les Européens y soient préparés. Parce que les Européens, au bout de trois ans de guerre, n’ont toujours pas réussi à mobiliser leur industrie de guerre. Nous produisons, au bout trois ans de guerre, un tiers des obus que produit la Corée du Nord, qui a le PIB du département de l’Isère. On peut s’interroger sur l’inadéquation entre le discours très viril de nos dirigeants et leurs actes.

Est ce que Michel Goya, vous êtes d’accord avec ce cadre d’analyse ? Est ce qu’il faut se préparer à ces deux scénarios ? Y en aurait-il un troisième possible ?

Michel Goya

Michel Goya

Je suis complètement d’accord. L’Ambassadeur faisait référence à la guerre du Vietnam. Je rappelle que la négociation s’était faite entre Kissinger et Le Duc Tho, qu’il n’y avait personne pour représenter le Sud Vietnam ou même les Alliés – la Corée du Sud était également très impliquée, de même que. l’Australie. 

Ce n’est pas nouveau. J’ai également le souvenir, au moment de l’arrivée de l’administration Obama, où on remet à plat la stratégie en Afghanistan. Ils discutent entre Américains. Biden et Obama décident d’un surge. Il y avait à ce moment là 44 000 soldats de l’Union européenne en Afghanistan. À aucun moment un Européen n’a été consulté. En revanche, on a vu arriver un papier disant « Voilà ce qu’on va faire, voilà ce que vous allez faire. Et vous, Français, vous allez mettre 1500 soldats de plus ». On avait le sentiment d’être traité comme des supplétifs ou des auxiliaires de l’armée romaine.

Les différentes déclarations des Américains suggérent qu’ils ont envie de tout lâcher, de vendre leurs actifs de l’Ukraine car ce n’est pas un marché porteur. 

Trump parle beaucoup de négociation par la force. Pourtant, d’emblée, il a déjà cédé à peu près tout ce que demandait Vladimir Poutine : l’Otan, demander des élections en Ukraine.

Concernant l’invasion territoriale ? Aucune condamnation de quoi que ce soit de la part de l’administration Trump. On se demande comment est venue cette guerre. Elle semble venue de la planète Mars. 

Enfin, les États-Unis parlent de partenariat géopolitique avec la Russie à Riyad. Nous, on regarde un peu la situation et on est juste en train de se positionner sur ce qu’on fera après ce qui aura été obtenu par les Américains et les Russes.

Il n’y a pas de moyen de peser dans ce scénario ? 

Michel Goya

Michel Goya

Comme dans une réplique d’un film de Michel Audiard : « Quand les hommes de 120 kilos parlent, ceux de 60 écoutent ». Les Américains ont fait de la musculation. Ils se sont donné les moyens d’être indispensables, d’être forts depuis longtemps. Nous, on n’a pas fait de musculation, donc on écoute.

On pourrait d’un seul coup se mettre à se mettre à en faire, augmenter notre soutien à l’Ukraine et dire qu’on continuera coûte que coûte. Ils seraient alors obligés de tenir compte de notre position. L’Ukraine importe 80 % de ses équipements militaires. Sur ces 80 %, 50 % viennent des Etats-Unis. Avec nos 30 % et faibles possibilités d’augmenter, nous sommes limités. On va être contraints par les faits, par nos moyens.

On fait la politique de nos moyens et nos moyens sont faibles.

Alice Rufo, comment faire de la musculation rapidement ? 

Alice Rufo

Alice Rufo

On n’a pas accepté quoi que ce soit. Les Américains ne nous engagent pas, quand ils lâchent des choses. Deuxièmement, j’entends le fait que l’aide européenne n’a pas été assez importante. Je pense qu’il faut l’augmenter rapidement pour donner des marges de manœuvre à Zelensky.

Nous sommes dans un moment où il y a trop d’aléas pour intérêts européens de sécurité. Il faut baisser le niveau d’aléatoire dans un moment de stress et de tension, comme c’est le cas aujourd’hui au sein de l’Union européenne. Au même moment où les Américains lancent les négociations en Ukraine, ils viennent à l’OTAN et expliquent qu’ils vont déplacer leurs moyens vers l’indo-pacifique.

Cela fait un double choc au niveau européen, sans compter le choc sur les valeurs, après ce qui s’est passé à Munich

Dans un contexte où très souvent les Européens ont l’art de se diviser, il faut savoir trouver les conditions du rebond.

Cela ne nous permettra peut-être pas de peser en temps réel sur la négociation en cours, mais de préserver nos intérêts de sécurité. Parce que le fait que la Russie ne gagne pas en Ukraine relève de notre intérêt de sécurité.

Soit on décide maintenant de s’en donner les moyens, soit je ne sais pas quel choc il faudrait pour que nous le décidions. Cet électroc n’est pas le premier, et il est extrêmement puissant. 

Et quand vous dites « On décide » quel est le sujet qui est derrière cet impersonnel ?

Alice Rufo

Alice Rufo

C’est l’Union européenne – les Européens ou l’Union européenne. Il faut trouver un sens du réel et une capacité, une détermination à agir. A chaque fois qu’il y a un choc symétrique, on a l’impression de le découvrir. Mais ce n’est pas vrai. On a besoin pour peser de défendre ensemble nos intérêts. Il faut le faire maintenant. 

Je vais poser une question un peu polémique à Gérard Araud (protestations et rires). J’attends de votre part une réponse très diplomatique. On a construit l’Union européenne avec les États-Unis. C’est assez compliqué de construire l’Union européenne sans les États-Unis. Mais est ce qu’il ne faut pas aujourd’hui construire l’union européenne contre les États-Unis ?

Gérard Araud

Gérard Araud

Naturellement, je ne vais pas répondre à la question (rires), mais je vais donc répondre à une autre question : celle que je pense que vous auriez dû poser (rires). C’est mon côté gaullien !

Je vais être polémique. Si Trump parvient à un très mauvais accord aux dépens de l’Ukraine, je pense que les opinions publiques européennes seront soulagées. Elles connaîtront même un « lâche soulagement ». Nous tous, nous avons vécu un moment absolument miraculeux de l’histoire de l’Europe, sans conflit. Nous sommes les boomers. Vous, les jeunes, vous allez payer nos retraites (protestations dans la salle). Nous avons connu la période de paix, de sécurité, de liberté la plus longue de l’histoire de l’Europe depuis la chute de l’Empire romain. Nous avons perdu l’habitude de voir le monde en termes géopolitiques. 

Pour la plus grande partie de l’opinion publique française, l’Ukraine ne les concerne pas. Quand on parlait aux Français de 1930 de questions géopolitiques, ils pouvaient raisonner. Ils auraient su que la victoire de Poutine bouleverserait l’équilibre géopolitique de l’Europe et mettrait en danger la sécurité de nos alliés et de nos partenaires.

Je pense que s’il y avait un accord, les opinions publiques européennes auraient un peu honte, mais ressentiraient un « lâche soulagement » – c’est une citation de Léon Blum. 

Pour revenir à votre question – cette introduction m’a permis de réfléchir (rires) – ce qui est frappant dans la politique américaine, ce n’est pas le fait de négocier par-dessus la tête des Européens. C’est ce que faisait Kissinger, ce qu’a toujours fait l’administration américaine, qui a toujours traité les Alliés comme des supplétifs. Les États-Unis, c’est 65 % des dépenses militaires de l’ensemble de l’OTAN. Ils se comportent donc comme un actionnaire largement majoritaire. Comme on dit au Quai d’Orsay : si on avait leurs moyens, on ferait pire (rires). 

Toutefois, ce qui est frappant aujourd’hui est leur manière de piétiner systématiquement toutes les vaches sacrées de la communauté euro atlantique. Cette administration, peut-être de façon non délibérée, est en train de détruire la notion d’Occident.

Je ne suis pas un occidentaliste, mais il y a quand même entre les États-Unis et l’Europe une communauté de destin, une communauté civilisationnelle qui n’empêche pas qu’on se dispute, mais qui impliquait des règles de base. L’administration Trump, en un mois, a tout piétiné. Inviter Poutine en visite d’État à Washington, c’est proprement ahurissant. C’est quand même un criminel de guerre qui a envahi l’Ukraine. On a l’impression que les États-Unis sont en train de rejoindre le camp des prédateurs.

C’est la logique de l’Empire. Ils sont les plus puissants. Ils n’en ont rien à faire des valeurs démocratiques, de la solidarité euro atlantique. Ils considèrent que leurs vrais interlocuteurs sont la Chine et la Russie.  Ils menacent le Danemark qui est l’allié le plus proche des États-Unis au sein de l’OTAN.

Nous, les Européens, nous sommes seuls dans ce monde glacial où des prédateurs errent dans la jungle. 

Aujourd’hui le Rwanda est en train d’envahir la République démocratique du Congo. Vous allez me demander quel est le rapport. Le rapport est clair : un État a décidé d’envahir son voisin. Est-ce que vous croyez que si Trump n’avait pas été élu, le Rwanda se serait comporté avec une telle désinvolture, un tel cynisme ? Le message de Trump consiste à dire qu’il n’y a que la force qui compte.

Nous avons traduit un texte de Vladislav Sourkov – ancien conseiller de Vladimir Poutine popularisé sous les traits du « Mage du Kremlin » de Giuliano da Empoli – dans lequel il y considère qu’il y a aujourd’hui, à partir de la politique poutinienne, une forme d’impérialisme qui se propage, qu’on retrouve de la Turquie d’Erdogan aux États-Unis de Donald Trump. Il existe que ces grandes puissances pensent un monde sans frontières. 

Cette question se pose quand on parle d’Union européenne : quelles sont les frontières de cette Europe dont on parle ? Il y a eu un sommet ce lundi, il y en aura un autre demain. Ce n’est pas forcément les formats les plus habituels.

Pensez-vous que le tâtonnement entre les formats va finalement conduire à organiser tout au niveau de l’Union européenne ? La présence de personnalités comme Orban empêche-t-elle de continuer dans cette direction ?

Alice Rufo

Alice Rufo

Les Européens ont besoin de se reparler de stratégie. On ne le faisait plus. Vous avez entièrement raison. On a oublié de le faire pendant des décennies. Je connais mon manuel diplomatique et sais qu’il est toujours très difficile de choisir des pays parce que cela vexe forcément les autres. 

J’ai senti dans les années passées qu’il y avait peu d’occasions pour parler entre Européens des questions géostratégiques, qui vont au-delà des questions strictement militaires : l’énergie et l’économie notamment, qui est le nerf de la guerre dans ce nouvel âge des impérialismes.

Or le cerveau de l’Union européenne en matière stratégique est l’OTAN – a toujours été l’OTAN. Puisqu’à  l’OTAN, le discours américain change, il faut créer des espaces pour discuter de stratégie entre Européens, pas forcément pour prendre une décision tout de suite. Il faut avant tout un partage du constat et de la détermination commune. 

Michel Goya, vous vouliez réagir sur ce point.

Michel Goya

Michel Goya

Nous sommes dans une situation d’inertie consciente. Les problèmes sont identifiés, mais les efforts nécessaires pour y remédier sont tellement importants qu’au bout du compte, on attend que le problème passe et on considère « qu’il n’y a pas de problème qu’une absence de solution ne finira pas par résoudre ». 

On se dit qu’il faut résister suffisamment longtemps pour attendre la prochaine administration, qui pourrait changer de politique. Nixon disait « les Chinois raisonnent à 100 ans d’avance, les Soviétiques à l’époque à 20 ans, les Européens à dix ans » – je pense qu’il était un peu un peu ambitieux – « et nous, nous, Américains, à quatre ans ».

L’inertie consciente s’explique aussi parce que  nous sommes divisés, parce que nous sommes étouffés stratégiquement par l’OTAN. L’OTAN empêche, étouffe l’Europe stratégique. 

Ensuite, on est divisés sur nos intérêts, divisés sur la manière de les défendre, divisés sur l’identité de nos véritables ennemis. Au sein de l’Union européenne, les cultures militaires stratégiques sont totalement différentes. En  Afghanistan, on avait 44 000 soldats de l’Union européenne en même temps. C’était le plus grand déploiement militaire de l’Union européenne de tous les temps. Or il n’y a jamais eu  une vision commune de ce qu’on voulait faire en Afghanistan. Les politiques locales étaient dispersées et les pratiques divergentes. 

Pour l’instant, la seule solution est faire preuve de pragmatisme et de s’associer entre groupes d’Etat, en commençant par les français et les britanniques. On a peut être la même vision commune de l’avenir de l’Ukraine. Avec d’autres États, on pourrait avoir une masse critique qui permette d’agir. 

Il ne faut pas que le groupe soit trop large. C’est un principe cognitif. Dès que vous avez cinq objets en tête, ça devient compliqué. Avec six alliés dans la même coalition, tout devient plus lent, plus compliqué à organiser. On peut imaginer la France, le Royaume-Uni, la Pologne, avec les pays d’Europe de l’Est. 

Le rideau de fer s’est déplacé et nous ne sommes plus, nous Français, devant le rideau de fer.  Les troupes soviétiques étaient pendant la Guerre froide « à une étape du Tour de France de Paris », comme disait de Gaulle. On voyait l’ennemi les yeux dans les yeux. Donc il y avait une menace à nos frontières.

Je suis entré dans l’armée au début des années 80. On s’entraînait tous les jours à combattre les Soviétiques en Allemagne. La France est devenue depuis une île stratégique, qui n’a plus d’ennemi aux frontières. C’est une nouveauté historique complète et c’est le cas de l’Union de l’Europe occidentale atlantique dans son ensemble. À mesure qu’on s’approche de la Russie, les dépenses de défense en pourcentage de PIB des États européens augmente. 

Dans cette situation, la France a un rôle à jouer, il faut s’associer avec d’autres États, il faut s’associer avec la Pologne qui est une très vieille alliée historique de la France. Il faudrait déplacer le centre de gravité militaire vers l’Europe de l’Est. 

Cela est compliqué parce que la France a aussi des obligations mondiales, ou du moins se croit des obligations mondiales. Cela suppose des moyens considérables et variés : une marine de projection, une force nucléaire. 

Cela m’amène aux questions budgétaires. Il y a deux raisons pour dépenser davantage en matière de défense. Premièrement, si on a eu un taux de croissance important, on peut se permettre de dépenser pour se réarmer. Inversement, lorsque les choses vont mal économiquement, c’est là qu’on tape en premier. Deuxièmement, on peut dépenser davantage si on est directement menacés, comme en Europe de l’Est. 

En France, on ne connaît pas un taux de croissance phénoménal et on n’est pas menacé aux frontières. Donc ce sera très compliqué de dépenser davantage, ce qui serait pourtant nécessaire.

Je comptais beaucoup sur Michel Goya pour ouvrir une perspective d’avenir positive (rires). Gérard Araud, il vous revient donc de nous aider. Comment fait-on pour débloquer la situation ? 

Gérard Araud

Gérard Araud

Nous sommes Français et donc profondément différents de tous nos partenaires européens. Tous nos partenaires européens sans exception considèrent que leur espace, civilisationnel et existentiel, est euro atlantique, qu’il va de Vancouver à Varsovie. Ils subissent un traumatisme majeur.

Je me permets de citer à ce sujet le discours du Président de la République italien, Sergio Mattarella, qui malgré des opinions atlantistes de longue date, a fait un discours très dur contre la vassalisation heureuse dans lequel il cible directement les Etats-Unis, ce qui est du jamais vu en Italie. 

Gérard Araud

Gérard Araud

Dans cette période de traumatisme, certains se réveillent en effet. Mon sentiment est que beaucoup vont rester dans le déni et se précipiter à Washington en espérant que ça se passe comme sous le premier mandat Trump. On a quand même eu déjà le premier mandat Trump où tous les Européens se sont précipités à Washington en disant « Encore un moment monsieur le Bourreau » comme madame du Barry sur l’échafaud, en promettant d’acheter des F-35 et de dépenser davantage pour la défense.

Ça avait marché – Trump s’en était satisfait. Ce sentiment existe d’autant plus qu’il n’y a pas une déclaration de l’administration Trump qui ne soit pas démentie, corrigée ou oubliée le lendemain. C’est-à-dire qu’il y a en face de nous – il faut bien dire – une sorte de grand bordel.

Nous sommes dans un moment d’incertitude générale du point de vue européen. Le président de la République a raison d’essayer de créer une dynamique. A mon avis, il a tort de faire une liste. Il aurait dû inviter tous les volontaires à venir à Paris.

C’était aussi un tort de soulever la question des troupes au sol en Ukraine, alors qu’on est à une semaine de l’élection allemande. On a eu une explosion allemande en vol. C’était évident que Scholz allait réagir comme ça. 

La question des troupes au sol en Ukraine est évidemment une vraie question. D’un point de vue technique, qu’est-ce que ça veut dire ? Il ne faut surtout pas que les troupes françaises ou les troupes européennes, si elles vont en Ukraine, soient sous un mandat des Nations unies. Ça serait un désastre absolu. Nous avons connu ça en Bosnie, Il n’y a rien de pire. Les troupes seraient alors des cibles impuissantes aux mains de l’agresseur. Notre contingent a été soumis aux Serbes dans les guerres de Yougoslavie. Il serait soumis aux Russes en Ukraine. 

Alors qu’envisager : une force de maintien de la paix ? Est-ce qu’on en a les moyens ? Est-ce qu’il y a une volonté politique en France ?

Parce qu’aussitôt, l’extrême droite est montée au créneau en disant qu’il n’en est pas question. Je ne vois pas beaucoup de partis politiques français se précipiter pour soutenir cette idée. 

Mon sentiment, pour conclure, est que la négociation portera sur la garantie de sécurité à l’Ukraine : Qu’est-ce que peut être la garantie de sécurité à l’Ukraine ? C’est la question à laquelle les Européens doivent répondre.

Alice Rufo, comment analysez-vous la question de l’envoi des troupes au sol en Ukraine ?

Alice Rufo

Alice Rufo

Sur la question des troupes au sol, la manière dont le débat est formulé est terrible. Les Russes s’en donnent à cœur joie. 

Quand on a commencé à soutenir l’Ukraine, on nous disait que c’était une ligne rouge de donner des casques aux Ukrainiens. C’était aussi une ligne rouge de permettre des frappes dans la profondeur. C’était aussi une ligne rouge de donner des chars. On a eu ce débat à chaque fois. 

La question de la garantie de sécurité est en effet cruciale. Vous disiez à juste titre qu’on ne se sentait pas tous menacés de la même manière. La France ne se sent pas menacée par la Russie de la même manière que les pays de l’Est.

Pour autant, on va être mis à l’épreuve à tous les niveaux. Si les pays du sud de l’Europe considèrent que ce n’est pas leur problème, ils se trompent parce que les théâtres de crise sont déjà interconnectés. On va avoir besoin de se défendre partout. La question de la garantie de sécurité est pas seulement technique.

On peut considérer que ce qui se passe en Ukraine, c’est-à-dire le fait que la Russie envahisse l’Ukraine et prenne le contrôle de l’Ukraine, n’est pas un problème pour nous. Alors il ne fallait même pas soutenir l’Ukraine. 

Soit on considère, à mon avis à juste titre, que nos intérêts de sécurité propres sont engagés. Dans ce cas, il faudra bien s’assurer que la manière dont la paix se fera en Ukraine permettra d’éviter que ça aille encore plus loin et mettre en cause directement les intérêts européens. Zelensky dit qu’il est en première ligne – c’est vrai. 

Michel Goya, est-il possible d’envoyer des troupes au sol, et si oui à quelles conditions ?

Michel Goya

Michel Goya

Déployer des troupes implique de savoir quelle serait leur mission. Il ne peut y en avoir que deux. 

La première option est le cessez-le-feu : arrêt des combats et déploiement de forces qui ne peuvent servir qu’à observer le cessez-le-feu. On pourrait créer une FINUL pour l’Ukraine, un front casques bleus, des bataillons déployés le long de la frontière qui n’ont pas le droit de combattre. Ça ne sert strictement à rien si ça n’empêche pas les Russes de pénétrer. En revanche, ce serait plutôt acceptable pour les Russes puisque ça ne pose pas de problème pour eux et également pour les Américains puisqu’ils veulent un cessez-le-feu le plus rapidement possible. En revanche, pour les Ukrainiens, évidemment, cela ne garantit pas la sécurité du territoire. 

L’autre mission consiste à dissuader un ennemi de vous attaquer. Or on dissuade par la force. Il y a la force de l’armée ukrainienne qui est déjà conséquente. Mais les Ukrainiens, après la guerre, seront obligés de démobiliser, alors que les Russes pourront continuer à être sur le même pied de guerre pendant longtemps. Cela signifie envoyer des forces – de vraies forces de combat.

Soit on les envoie directement en Ukraine comme forces préventives de protection, pour protéger le territoire ukrainien. Concrètement, cela implique une alliance militaire. Évidemment, ce serait inacceptable pour les Russes qui n’arrêteront jamais les combats. Ce serait très difficile à faire accepter, ne serait-ce qu’en France, où il faut, au bout de quatre mois, que le Parlement se prononce sur une opération militaire et je vois mal le Parlement français accepter qu’on envoie une brigade française en plein cœur de l’Ukraine aujourd’hui.

Donc la seule hypothèse un peu vraisemblable serait de déployer des forces en périphérie en Pologne ou en Roumanie. Il ne faut pas simplement avoir des moyens. Il faut des moyens et de la  crédibilité. Sans crédibilité, ça ne sert à rien. Il faut la certitude que, en cas de nouvelle crise, en cas de nouveaux problèmes comme à la fin 2021 et à la demande du gouvernement ukrainien du moment, on interviendra tout de suite et on se placera tout de suite en Ukraine pour mettre les Russes devant le fait accompli. C’est ce que je défendais avant la guerre.

300 soldats français sont en Estonie aujourd’hui et servent de détonateur. C’est-à-dire que si les Russes attaquent l’Estonie, ce ne sont pas les 300 soldats français qui vont arrêter la division russe, mais les Russes seront obligés de combattre des Français, et donc de  rentrer en guerre contre la France, ce qui implique une décision politique difficile à prendre. 

Cette dissuasion est plus politique que militaire, mais elle est réelle. Donc la solution, pour moi, est de se placer en périphérie de l’Ukraine.

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