Friedrich Merz a adressé deux messages à deux destinataires différents à l’occasion de l’inauguration de Donald Trump.
- Dans un post sur le réseau X, Merz se met en scène en écrivant une lettre en anglais, où il félicite le nouveau président américain : « Votre victoire électorale est vraiment remarquable. (…) J’ai consacré une grande partie de ma carrière professionnelle et de ma vie politique à renforcer les liens entre nos deux pays. Si les Allemands me confient un mandat pour la chancellerie, une de mes priorités sera de travailler avec vous pour un nouveau chapitre dans notre relation » 1.
- Mais Merz a aussi publié hier une courte vidéo depuis son bureau dans laquelle il commente avec décontraction l’actualité du jour en s’adressant à l’Allemagne et à l’Europe : « Il n’y a pas de raison pour nous les Allemands de regarder vers Washington en ayant peur : nous, les Européens, sommes forts, 450 millions européens c’est plus que le Canada et l’Amérique ensemble. Si nous restons soudés, il y a toutes les raisons d’avoir confiance. Le nouveau gouvernement américain va nous mettre au défi, nous pouvons le relever si nous sommes soudés. Et avant tout si l’Allemagne contribue à nouveau activement à la politique européenne. Nous partageons les mêmes valeurs : nous voulons la paix, la liberté, la réussite économique. (…) nous devons avant tout percevoir nos intérêts, alors les Américains nous prendront au sérieux » 2.
Merz critique ici indirectement la tendance du chancelier Scholz à attiser les peurs dans la population allemande, et semble appeler à une relance au niveau européen — sans préciser encore quels domaines il envisage pour cette intégration.
Comme le rappelait dans ces pages Joseph de Weck, « de 2009 à 2019, Merz a été président d’Atlantik-Brücke, le forum transatlantique le plus influent d’Allemagne. Archétype de l’Allemand de l’Ouest, Merz sait résister aux promesses lucratives de l’Est ; comme Schäuble, il s’est opposé à la construction de Nord Stream II et tient depuis longtemps une position faucon vis-à-vis de la Russie. »
Chez l’actuel chancelier et candidat du SPD, l’interprétation de l’investiture de Trump est formulée en des termes similaires au second commentaire de son concurrent chrétien-démocrate, bien que dans un style plus laconique.
- Olaf Scholz a déclaré : « Les États-Unis sont notre plus proche allié et le but de notre politique est toujours une bonne relation transatlantique. L’Union avec 27 États membres et plus de 400 millions d’habitants est une union forte » 3.
Pour le candidat des Grünen et ministre sortant de l’économie, Robert Habeck, l’Allemagne et l’Europe doivent « se préparer à un bras de fer avec les États-Unis » 4, en précisant que l’Europe serait prête à imposer des barrières douanières si les États-Unis le font et que l’Allemagne devait à nouveau investir dans son infrastructure.
Quant à Alice Weidel, la « Spitzenkandidat » du parti d’extrême droite AfD, soutenu dans la campagne par Elon Musk, l’accent est plutôt mis sur les décrets exécutifs signés immédiatement par Trump, qu’elle met en lien avec les propres slogans xénophobes du parti.
- Elle a ainsi déclaré sur le réseau social de Musk — « Premier jour de Trump : décrets pour une protection globale des frontières, remigration des immigrés illégaux ou coupables, suppression des lois idéologiques : ‘notre pays d’abord’, tout simplement. Tout cela serait possible en Allemagne — il suffit de le vouloir » 5.
Pour Sahra Wagenknecht, dont le nouveau parti l’Alliance Sahra Wagenknecht souhaite un arrangement avec la Russie de Vladimir Poutine et une sortie de l’OTAN, l’Allemagne ne doit pas se laisser faire extorquer par Trump et doit dire non à la course aux armements et au stationnement de nouvelles armes américaines en Allemagne, dont l’utilisation serait à la merci d’un président imprévisible 6.