Selon le Service de Renseignement National coréen, environ 3 000 combattants envoyés en octobre 2024 par Pyongyang pour repousser les forces ukrainiennes à Koursk ont été tués ou blessés 1. Ce chiffre, qui implique une moyenne d’environ 92 pertes par jour, suggère que le quart du contingent (fort d’environ 12 000 hommes) envoyé par Pyongyang est d’ores et déjà hors d’état de combattre.

  • Au rythme actuel, celui-ci pourrait être détruit dès avril 2025, alors que Kiev occupe encore une zone d’environ 470 km² en territoire russe, autour de la ville de Soudja 2.
  • La Corée du Nord, qui aurait été à l’initiative de l’envoi de troupes en Russie selon Washington, serait alors contrainte d’envoyer plus de ses soldats afin de cimenter davantage son alliance avec Moscou.
  • Malgré des pertes, les troupes — et notamment les officiers — nord-coréens déployés à Koursk acquièrent une précieuse expérience de combat dont ils seront susceptibles de se servir au cours d’un éventuel conflit avec la Corée du Sud.

Selon des combattants ukrainiens ayant pris part à la capture de soldats envoyés par Pyongyang, ces derniers sont « beaucoup mieux préparés physiquement et mentalement » que les Russes 3. Les services de Séoul parlent cependant d’un « décalage » entre l’entraînement dont les combattants nord-coréens bénéficient et les nouvelles réalités du conflit moderne de grande intensité. Des vidéos montrent notamment des combattants de Pyongyang tentant d’abattre à bout portant des drones transportant des charges explosives 4.

Le renforcement des effectifs de Moscou par la Corée du Nord n’a pas permis de mettre fin à la présence ukrainienne à Koursk.

  • Dimanche 5 janvier, l’armée ukrainienne a lancé une nouvelle offensive dans la région de Koursk en direction de Berdin et Bolshoye Soldatskoye. La Russie a depuis recapturé plusieurs villages et repris son lent rythme de progression observé depuis l’automne.
  • S’ils ont reçu un meilleur entraînement que les Russes, les nord-coréens auraient toutefois du mal à réaliser des manœuvres complexes. La communication avec les soldats russes est par ailleurs entravée par la barrière de la langue.

La présence de soldats nord-coréens sur son sol — qui témoigne des difficultés auxquelles fait face l’armée russe — n’est toujours pas ouvertement assumée par le Kremlin, qui a fourni aux combattants envoyés par Pyongyang des uniformes de son armée ainsi que des faux papiers d’identité dans l’éventualité où ils seraient capturés. Sur les plateaux de télévision, la question est souvent éludée par les animateurs proches du pouvoir comme Vladimir Soloviev, tandis que les commentateurs militaires ne cachent pas cette réalité désormais indéniable sur les canaux Telegram. Deux soldats nord-coréens capturés la semaine dernière à Koursk sont actuellement emprisonnés en Ukraine.

Sources
  1. 홍지인, 조다운, « 국정원 « 러시아 파병 북한군 사망 300여명·부상 2천700여명 » », 연합뉴스, 13 janvier 2025.
  2. Davit Gasparyan, Christina Harward, Grace Mappes, Nate Trotter, William Runkel et George Barros, Russian Offensive Campaign Assessment, January 16, 2025, Institute for the Study of War.
  3. Daria Shulzhenko, « ‘He wanted to live’ — How Ukraine captured a North Korean POW, told by the soldiers who took part », The Kyiv Independent, 16 janvier 2025.
  4. Publication sur Telegram de MILITARY2028, 10 janvier 2025.