Selon les données compilées par le collectif Syrie Factuel complétées par le service CheckNews, 32 élus français au total se sont rendus en Syrie depuis le début de la guerre civile 1. La plupart, motivés par la volonté d’y œuvrer en faveur de la protection des populations chrétiennes, ont obtenu une audience avec le président déchu Bachar al-Assad. D’autres ont rencontré l’ancien président du parlement puis de la Cour constitutionnelle suprême Mohammad Jihad Al-Lahham ou encore le grand mufti de Syrie Ahmad Badreddin Hassoun.

L’analyse prosopographique révèle une surreprésentation de la droite et de l’extrême-droite.

  • Ces élus proviennent majoritairement du parti Les Républicains (PPE) : 21 personnalités membres ou associées au parti de droite se sont rendues en Syrie entre 2014 et 2021.
  • Ils sont suivis par le Rassemblement National (PfE), dont 7 élus ou proches de la formation d’extrême-droite ont fait le voyage depuis le début de la guerre civile : Nicolas Bay, Malherbe Gonzague, Virginie Joron, Andréa Kotarac, Thierry Mariani, Hervé Juvin et Robert Ménard.

Plusieurs personnalités politiques de gauche, notamment issues du Parti socialiste (S&D), voire d’extrême-gauche (La France insoumise, GUE/NGL) pour Kotarac — qui a rejoint par la suite le Rassemblement National — se sont également rendues à la Cour d’Assad au cours de la guerre civile. Jean Lassalle est par ailleurs le seul élu centriste (il était alors au MoDem, RE) à avoir rencontré le dictateur syrien à Damas.

  • Malgré l’interdiction pour les journalistes étrangers ainsi que les ONG de se rendre sur place afin de documenter les crimes commis par le régime d’Assad, ces derniers étaient alors bien connus en France, notamment par le biais de témoignages.
  • La libération de la prison de Saidnaya par les rebelles menés par HTC le 8 décembre a fourni davantage de preuves sur la violence des tortures ainsi que l’ampleur des assassinats commis par le régime d’Assad contre ses opposants.

Plusieurs tentatives « d’ouverture » à la Syrie et de « normalisation » des relations par des personnalités politiques agissant généralement sans l’autorisation de leur parti ont également eu lieu hors de France. Tulsi Gabbard, l’ex-élue démocrate à la Chambre des représentants nommée par Trump pour occuper le poste de directrice du renseignement national, a rencontré à deux reprises le dictateur syrien en 2017. Elle déclarait deux ans plus tard : « Assad n’est pas l’ennemi des États-Unis car la Syrie ne constitue pas une menace directe pour les États-Unis » 2.

Sources
  1. Jacques Pezet, « De quels bords politiques sont les 32 élus français qui ont rendu visite à Bachar al-Assad ? », Libération, 11 décembre 2024.
  2. Eli Watkins, « Tulsi Gabbard : ‘Assad is not the enemy of the United States’ », CNN, 6 février 2019.