Les sondages se sont trompés avec une marge significative lors des précédentes élections présidentielles américaines de 2016 et 2020, particulièrement dans les États les plus serrés (jusqu’à un écart de 6 points en défaveur de Donald Trump en Pennsylvanie, dans le Michigan et le Wisconsin en 2016).
Donald Trump était donné perdant il y a huit ans, et a finalement emporté l’élection. Il y a quatre ans, il a perdu le scrutin mais a mieux performé qu’anticipé. Ces erreurs soulèvent de nombreuses questions quant à la fiabilité des enquêtes d’intentions de vote pour ce nouveau cycle.
- Les agrégateurs de sondages calculent une moyenne pondérée des enquêtes publiées chaque jour par les instituts en fonction de la taille de l’échantillon et de la fiabilité de l’institut de sondage.
- Celle-ci permet de fournir des indications quant aux tendances globales qui structurent l’opinion publique américaine, mais ne permettent pas nécessairement de déterminer le gagnant de l’élection.
- En raison du fonctionnement du système électoral aux États-Unis — qui repose sur le nombre d’États remportés et de grands électeurs qui attribueront leur vote au collège électoral —, un candidat peut remporter le vote populaire (soit le nombre total de voix remportées) mais perdre le scrutin. C’est notamment ce qu’il s’est passé en 2000 et 2016.
Personne ne peut savoir à ce stade si les sondages vont se « tromper » à nouveau cette année dans les swing states. Certains sondeurs et analystes électoraux estiment que les enquêtes prises en compte dans les principaux agrégateurs — 538, RCP, Nate Silver… — sont de meilleure qualité cette année. D’autres considèrent que les raisons permettant d’expliquer les erreurs de 2020 n’ayant pas été parfaitement comprises par les sondeurs, le scénario des deux précédentes élections est susceptible de se répéter à nouveau (peut-être dans une proportion moindre, cependant)1.
À moins d’une semaine de l’élection, que donnerait le résultat au collège électoral en appliquant aux sondages de ce cycle les marges d’erreur des scrutins de 2016, 2020 et 2022, à savoir l’écart entre l’avance d’un candidat dans les sondages et le résultat de l’élection au niveau des États ?
- Pour ce faire, nous prenons en compte uniquement les États ayant été catégorisés par le Cook Political Report comme étant « incertains » cette année — les swing states donc.
- Ces derniers (Pennsylvanie, Caroline du Nord, Géorgie, Michigan, Wisconsin, Nevada et Arizona) représentent 93 grands électeurs, soit 17,3 % du collège électoral.
- Nous réalisons ensuite une moyenne des moyennes des instituts 538 et RCP dans ces États pivots au même moment lors des deux précédentes élections, soit 7 jours avant le vote2. Enfin, nous comparons l’écart entre cette moyenne et le résultat du scrutin au niveau de l’État, que nous reportons aux sondages de cette année au 29 octobre.
Si les sondages se « trompent » — en raison du faible écart dans ces États, les intentions de vote sont soumises à de nombreuses variations que les enquêtes ne peuvent précisément évaluer — avec la même marge qu’en 2016 dans les 7 États clefs, Trump remporterait l’élection avec 320 grands électeurs contre 218 pour Harris (soit une avance de 102 grands électeurs). S’ils se trompent avec la marge de 2020, celui-ci gagnerait toujours le scrutin mais avec une avance de 84 grands électeurs (311 pour Trump et 227 pour Harris).
En revanche, s’ils se trompent comme ce fut le cas en 2022 (qui a sous-estimé les performances des démocrates lors des midterms), c’est Kamala Harris qui l’emporterait avec 303 grands électeurs contre 235 pour Trump. La comparaison est néanmoins moins indicative en raison de la nature de l’élection et des postes soumis à un scrutin.
Sources
- Task Force on 2020 Pre-Election Polling : An Evaluation of the 2020 General Election Polls, American Association for Public Opinion Research (AAPOR), novembre 2022.
- Un grand nombre d’électeurs ont, dans les faits, déjà voté pour l’élection présidentielle, que ce soit à distance ou dans des bureaux de vote.