Le Wisconsin, situé au nord des États-Unis dans la région des Grands Lacs, est un État traditionnellement bleu. Les électeurs ont majoritairement voté en faveur des candidats démocrates à chaque élection présidentielle de 1988 à 2016. Ces deux dernières élections, le Wisconsin a cependant été « l’État de bascule » qui a décidé de la victoire de Trump en 2016 et de Biden il y a quatre ans.

  • Tandis que les swing states sont les États ayant été remportés par chacun des deux camps au cours des dernières élections et pour lesquels les sondages ne permettent pas de dégager un favori clair, les tipping-point states sont les États dont le basculement, d’un côté ou de l’autre, offre une majorité de voix au collège électoral — et donc la victoire à l’élection présidentielle.
  • Le Wisconsin a été cet État de bascule au cours des deux dernières élections présidentielles — pour la troisième fois dans l’histoire des États-Unis après 1976, lorsque « l’État du blaireau » a offert la victoire à Jimmy Carter1.
  • En 2016 comme en 2020, la marge du vainqueur (Trump puis Biden) était de l’ordre d’environ 20 000 voix.

Le Wisconsin est l’État ayant la part de population rurale la plus importante parmi les swing states de la Rust Belt : 32,9 %, contre 23,5 % pour la Pennsylvanie et 26,5 % pour le Michigan. Les autres caractéristiques démographiques de l’État — part de la population étant blanche, niveau d’étude moyen, revenu… — feraient à première vue penser qu’il serait rouge plutôt que violet, et encore moins bleu. C’est principalement grâce à cet électorat blanc, peu diplômé et vivant en milieu rural que Trump a remporté l’élection de 2016 puis amélioré son score en 2020.

À une semaine avant le scrutin, le résultat de l’élection présidentielle dans le Wisconsin est plus qu’incertain.

  • En 2020, les principaux agrégateurs de sondages anticipaient une large victoire de Joe Biden avec 51,5 % contre 44 % pour Trump2 — soit un écart de 7,5 points. Finalement, le candidat démocrate a bel et bien remporté le Wisconsin, mais avec une marge de seulement 0,63 points.
  • Quatre ans auparavant, la candidate démocrate Hillary Clinton était elle aussi donnée largement en tête avec 5 à 6 points d’avance. C’est au final Trump qui a remporté l’État avec 0,77 point d’avance — la première victoire pour un candidat républicain dans le Wisconsin depuis 1984.
  • Cette année, ces mêmes moyennes donnent une courte avance d’environ 0,35 point pour Harris dans l’État. Le scrutin est néanmoins marqué par une importante incertitude, et rien n’indique à ce stade que l’on se dirige vers une marge d’erreur aussi importante qu’en 2020.

Au sein même de l’État, c’est très probablement le WoW — la banlieue de Milwaukee comprenant les comtés de Waukesha, Ozaukee et Washington — qui déterminera à quel candidat iront les 10 grands électeurs de l’État. C’est principalement dans les périphéries des grandes villes que Donald Trump doit étendre sa base, tandis que Kamala Harris doit s’assurer de limiter ses pertes dans les zones rurales de l’État.

Sources
  1. J. Miles Coleman et Kyle Kondik, A Brief History of Electoral College Bias, The Center for Politics at the University of Virginia, 6 juillet 2023.
  2. Ces chiffres correspondent à la moyenne des deux moyennes 538 et RCP dans le Wisconsin à la veille du vote.