Le destin de la ville minière de Vuhledar est semblable à celui d’un grand nombre de municipalités de l’Est de l’Ukraine. D’une population de 15 000 personnes avant la guerre, la ville ne compte désormais plus qu’une centaine de civils tandis que les bombardements russes bloquent les ravitaillements.

L’armée russe a pénétré dans le sud-est de la ville au cours des derniers jours, probablement lundi 23 ou mardi 24 septembre. 

  • La position de Vuhledar lui confère une place stratégique dans le réseau défensif ukrainien, bien que moins importante que Pokrovsk ou Tchassiv Yar, situées plus au Nord.
  • L’Institute for the Study of War estime que « la prise de Vuhledar ne devrait pas donner aux forces russes un avantage opérationnel particulier pour d’autres opérations offensives dans l’ouest de l’Oblast de Donetsk »1.
  • La perte de la ville constituerait néanmoins une menace supplémentaire pour le front ukrainien dans l’Est du pays et pourrait accroître la pression sur Kurakhove, situé à mi-chemin (environ 25 km) entre Vuhledar et Pokrovsk.

La plupart des experts militaires sont pessimistes quant aux capacités des troupes ukrainiennes à défendre la ville. Un officier de la 72e brigade mécanisée, en charge de la défense de Vuhledar, soulignait récemment que ses troupes n’avaient connu aucune rotation en plus de deux ans et demi de guerre2. L’analyste ukrainien Mashovets a quant à lui déclaré lundi 23 septembre que le retrait de Vuhledar constituait un « scénario très probable dans un avenir proche »3.

  • Kiev est parvenu à défendre Vuhledar pendant 30 mois, depuis les premières tentatives de percée russe en mars 2022, transformant la ville en véritable forteresse.
  • Cet exploit est notamment dû à l’avantage conféré par la hauteur des immeubles d’habitation de la ville, situés au milieu d’un terrain relativement plat et ouvert.
  • Les bombardements ont laissé Vuhledar largement en ruines, tandis que les forces russes se sont emparées de la mine de charbon Pivdennodonbaska, à quelques kilomètres au nord-est, au début du mois de septembre4.

L’effritement du front ukrainien dans l’Est du pays devrait compliquer davantage les éventuels efforts diplomatiques visant à mettre fin aux combats, à mesure que la Russie accroît son contrôle du pays.

Sources
  1. Karolina Hird, Kateryna Stepanenko, Davit Gasparyan, George Barros, Grace Mappes, Haley Zehrung et Frederick W. Kagan, Russian Offensive Campaign Assessment, September 24, 2024, Institute for the Study of War.
  2. Christopher Miller, « Military briefing : Russia ‘overwhelms’ Ukrainian forces on eastern front », Financial Times, 23 septembre 2024.
  3. Publication Telegram de Zvиздец Мангусту, 23 septembre 2024.
  4. Stefan Korshak, « Russia Widens Assaults Against Hard-Pressed Ukraine Defenses, Opens New Attack Axis in East », Kyiv Post, 2 septembre 2024.