En Ukraine, la vie ne s’est pas arrêtée le 24 février 2022. Deux ans et demi après l’invasion à grande échelle, comment les Ukrainiens résistent-ils à l’agression de Poutine ? Pour comprendre les transformations d’une société en guerre, nous avons rencontré des ministres, des activistes, des militaires. De Kherson à Kiev, du nouveau front de Koursk à celui décennal du Donbass, leurs témoignages et leurs histoires offrent une plongée inédite. Une série en 10 épisodes — abonnez-vous au Grand Continent pour n’en manquer aucun

Points clefs
  • En 2021, l’Ukraine était le plus grand exportateur d’huile de tournesol, avec une part de marché de plus de 48 % en termes monétaires, le troisième exportateur de maïs (11 % de part de marché) et le cinquième exportateur de blé (9 %).
  • Les exportations agricoles ukrainiennes pourraient nourrir environ 400 millions de personnes dans le monde1.
  • La guerre a réduit la présence de l’Ukraine sur les marchés alimentaires mondiaux : si, en 2023, le pays était toujours le premier exportateur d’huile de tournesol (36 % du marché), il est passé à la quatrième place pour les exportations de maïs (9 %) et à la sixième place pour les exportations de blé (5 %)2.
  • Dans l’ensemble, les céréales et les oléagineux, ainsi que l’huile de tournesol, représentent plus de 80 % des exportations agricoles de l’Ukraine dont les principaux marchés d’exportation sont le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, les pays asiatiques (principalement la Chine, l’Inde et l’Indonésie) et l’Union européenne3.

Le secteur agricole ukrainien depuis l’indépendance

Depuis son indépendance, l’Ukraine a quelque peu modifié la structure de sa production agricole. Cela s’est d’abord traduit par la croissance de la production de céréales et d’oléagineux ; en 2021, leur récolte a atteint le niveau record de 106 millions de tonnes4. Parallèlement, le pays est devenu l’un des principaux producteurs d’huile de tournesol, en partie grâce aux conditions extrêmement favorables à la culture du tournesol en Ukraine et en partie en raison de l’introduction d’un droit sur les exportations de graines de tournesol en 1999. Au cours des deux premières décennies du XXIe siècle, la production d’huile de tournesol en Ukraine a été multipliée par huit. Actuellement, l’industrie a ralenti en raison de la surcapacité du pays : on prévoit qu’en 2024, seulement 14 millions de tonnes sur les 18 millions de tonnes de capacité seront utilisées5.

Dans le même temps, l’industrie sucrière ukrainienne a connu un certain déclin, perdant des marchés en raison de la forte concurrence d’un sucre de canne moins cher. Depuis l’accès à l’indépendance de l’Ukraine en 1991, la production de sucre de betterave a été multipliée par 2,46. Il est intéressant de noter que l’industrie de la transformation du blé en farine (minoterie) a connu le même taux de déclin7, en raison de la faible compétitivité de l’Ukraine sur les marchés mondiaux et d’une pénurie de matières premières de qualité pour les meuneries. Les données de l’Union des minotiers d’Ukraine montrent que la capacité de production de ces établissements n’est remplie qu’à environ 40 %8. D’une manière générale, les exemples des secteurs du sucre et de la minoterie montrent que la capacité de l’Ukraine à transformer les matières premières agricoles et à exporter des produits à valeur ajoutée est limitée. Cela peut s’expliquer à la fois par l’efficacité relativement faible de la transformation et par un niveau plus élevé de protection du marché pour les produits alimentaires transformés. Une analyse du Centre de recherche sur l’alimentation et l’utilisation des terres de l’École d’économie de Kiev (KSE AgroCentre) portant sur 124 pays montre que le tarif d’importation moyen pondéré pour les céréales et les oléagineux est d’environ 6 % ; pour les produits de l’élevage il est à 9 % et pour les aliments transformés d’environ 32 %9.

En Ukraine, le secteur de l’élevage se porte moins bien que celui de la production végétale, la période post-soviétique ayant été caractérisée par un déclin progressif du nombre de bovins et de porcs.

Cette situation s’explique par la baisse de la demande intérieure due aux changements démographiques, ainsi que par la non-compétitivité sur les marchés d’exportation en termes de prix et de qualité des produits. Le secteur laitier ukrainien a été confronté à un certain nombre de défis, notamment un accès limité aux marchés d’exportation et une pénurie de matières premières de qualité10. La situation est différente dans le secteur de la volaille, qui a connu une croissance rapide de la production et des exportations. La performance du secteur est attribuée à la domination du marché par quelques grandes entreprises qui utilisent les économies d’échelle pour réduire les coûts de production. Le secteur a subi des pertes importantes à la suite de la guerre ; le nombre de bovins, de porcs et de volailles a ainsi diminué en 2024 respectivement de 16 %, 11 % et 12 % par rapport à 2021. Cela s’explique par une baisse de la rentabilité du secteur due à l’effondrement des exportations et à l’exode de la population. En outre, la guerre a causé des dommages directs, comme par exemple une panne d’électricité massive dans l’élevage de volailles de Chornobaivka en mars 2022 à la suite de frappes russes. Cette exploitation avicole était la plus grande d’Europe avec 4,4 millions de volailles. La panne a entraîné la mort de toutes les volailles, entraînant d’importantes pertes économiques et environnementales11.

Le secteur des fruits et légumes affiche une croissance lente, entravée par un manque d’investissements, notamment dans les systèmes d’irrigation. Au cours de la dernière décennie, l’Ukraine a augmenté sa production de concombres, de tomates, de pommes, de cerises, de poires et de prunes. La culture et la transformation des baies en Ukraine ont des perspectives importantes, mais elles restent un secteur de niche par rapport à d’autres industries.

L’effondrement des exportations

Le premier choc subi par l’agriculture a été le blocus des ports maritimes, par lesquels transitaient plus de 90 % des exportations agricoles. Il en a résulté un excédent de céréales à l’intérieur du pays et une chute des prix. Au cours des mois suivants, les exportations de céréales ont commencé à être redirigées vers les pays européens voisins par le rail et la route, ainsi que par le transport fluvial sur le Danube. Mais la capacité des itinéraires alternatifs n’a pu couvrir que 30 à 40 % du volume d’exportation d’avant-guerre tandis que les coûts logistiques étaient plusieurs fois plus élevés, entraînant des pertes pour les agriculteurs.

Au cours de l’été 2022, un accord quadripartite sur les céréales entre les Nations unies, la Turquie, l’Ukraine et la Fédération de Russie sur les corridors maritimes pour l’exportation des céréales ukrainiennes est entré en vigueur. Cette initiative a contribué à stimuler les exportations maritimes de l’Ukraine, bien qu’elles soient encore bien inférieures aux niveaux d’avant-guerre. En novembre 2022, le programme « Grain from Ukraine » a été lancé pour fournir des céréales ukrainiennes aux pays africains pauvres. Depuis le début du programme, plus de 220 000 tonnes de denrées alimentaires ont été fournies aux pays africains, ce qui a permis d’épargner la faim à environ 8 millions de personnes12. Plus de 30 pays et organisations internationales ont rejoint l’initiative et l’Ukraine est en train d’étendre la géographie des livraisons dans le cadre de ce programme.

Après l’invasion, les prix des contrats à terme sur le blé sur Euronext ont été multipliés par près d’une fois et demie.

L’accord sur les céréales n’a eu qu’un impact limité sur l’approvisionnement en céréales commerciales et humanitaires de l’Ukraine, la Russie ayant essentiellement utilisé l’initiative comme un outil de pression politique. Le goulot d’étranglement de l’accord sur les céréales était les inspections des navires sur le Bosphore ; le sabotage des inspections par la partie russe de la commission a entraîné un ralentissement significatif des exportations de céréales ukrainiennes et des pertes pour les exportateurs en raison de l’immobilisation des navires. En juillet 2023, la Fédération de Russie s’est unilatéralement retirée de l’accord sur les céréales. Dans le même temps, à partir de l’automne 2023, l’Ukraine a progressivement repris ses exportations maritimes le long de ses propres corridors, ce qui est devenu possible grâce au succès des forces armées dans la lutte contre la flotte russe. Les statistiques montrent que ce corridor céréalier est devenu beaucoup plus efficace que l’accord sur les céréales. Depuis novembre 2023, l’Ukraine a de nouveau atteint les niveaux d’exportation de céréales d’avant-guerre (5 à 7 millions de tonnes par mois).

Une analyse rétrospective des prix des céréales permet de montrer comment le blocage des exportations de l’Ukraine a affecté la sécurité alimentaire mondiale et les revenus des agriculteurs ukrainiens. Après l’invasion, les prix des contrats à terme sur le blé sur Euronext ont été multipliés par près d’une fois et demie.

Dans les mois qui ont suivi, le marché à terme a réagi nerveusement à l’escalade politique, les attaques contre les infrastructures portuaires et l’échec des pourparlers de paix entraînant de nouvelles impulsions sur les prix. La signature de l’accord sur les céréales à l’été 2022 a contribué à réduire les prix mondiaux, tandis que les prix intérieurs ont commencé à augmenter en réponse à la possibilité d’exportations moins chères. Un an plus tard, la Fédération de Russie s’est retirée de l’accord sur les céréales, ce qui a fait grimper les prix mondiaux car le marché s’attendait à ce que la nouvelle récolte de céréales ukrainienne reste dans le pays. Toutefois, la situation s’est stabilisée avec le lancement des corridors maritimes en septembre 2023. Cela a conduit à la convergence des prix ukrainiens et européens, bien que l’écart entre les deux reste légèrement supérieur au niveau d’avant-guerre (à la fin du mois de juillet, il était de 70 $/t, contre une valeur moyenne de 52 $/t pour 2021). Cela signifie que le coût du transport des céréales depuis l’Ukraine reste élevé en raison des risques militaires.

Les pertes liées à la guerre dans le secteur agricole

Un rapport du KSE AgroCentre sur les pertes agricoles dues à la guerre estime les pertes directes s’élèvent à environ 10 milliards de dollars, plus de 70 % des dommages étant causés aux machines et aux infrastructures. Dans certains cas, les produits agricoles ont été détruits directement. La destruction susmentionnée de la ferme avicole de Chornobaivka, l’une des plus grandes d’Europe, en est un exemple. 

Les pertes indirectes liées à la guerre, estimées à environ 70 milliards de dollars, sont plus importantes : elles sont principalement dues à la baisse de la production agricole et aux faibles prix de vente provoqués par le blocus des ports maritimes en 2022-2023. D’une manière générale, le KSE Agrocentre estime à environ 56 milliards de dollars le besoin de couvrir les pertes directes et indirectes pour rétablir le secteur agricole à son niveau d’avant-guerre13.

Le déblocage du marché foncier

Les ressources foncières constituent un élément important du secteur agricole ukrainien. Les terres agricoles représenteraient 42 millions d’hectares, soit environ 70 % de la superficie du pays. Une grande partie de ces terres sont des terres noires fertiles, qui permettent d’obtenir des rendements élevés avec un minimum d’intrants. Malgré l’importance cruciale du marché foncier en Ukraine, son développement a été entravé par un moratoire sur la vente et l’achat de terres agricoles, en vigueur de 2001 à 2021. Au cours de cette période, la rotation des terres s’est faite principalement par le biais de baux. Des études montrent que l’absence d’un marché de vente et d’achat de terres a maintenu les taux de location des terres à un niveau suffisamment bas pour accroître la rentabilité des agriculteurs qui louaient des terres, tandis que les propriétaires fonciers perdaient de l’argent. Le moratoire a également eu d’autres effets négatifs, en particulier, il a réduit les incitations des agriculteurs à préserver les terres à long terme grâce à des méthodes de production économiques et à la rotation des cultures. Au lieu de cela, de nombreux agriculteurs ont activement exploité les terres louées, réduisant ainsi leur fertilité.

Le moratoire a été levé en juillet 2021, lorsque le marché de la vente et de l’achat de terres agricoles a été lancé en Ukraine. La première phase du lancement du marché n’a permis l’accès qu’aux particuliers, de sorte que cette phase n’a pas conduit à une augmentation significative de la rotation des terres. La deuxième phase a débuté le 1er janvier 2024 et prévoit l’accès des personnes morales. Selon les estimations du KSE Agrocentre, cette phase a entraîné une augmentation de la liquidité du marché et de la valeur des terres. À l’heure actuelle, tout indique que le marché des terres agricoles en Ukraine a un potentiel de croissance important pour les années à venir14.

L’effet de la guerre sur le marché foncier est considérable : NASA Harvest estime qu’environ 22 % des terres agricoles ont été retirées de la production en raison des combats15. Les champs de mines restent un problème majeur dans les territoires désoccupés ; les experts soulignent qu’il faudra des décennies pour les déminer. Un autre problème a été soulevé à la suite de la destruction du barrage de la centrale hydroélectrique de Kakhovka, dans la région de Kherson, par les troupes russes au cours de l’été 2023. Cette catastrophe a d’abord entraîné l’inondation d’une grande partie du territoire, puis le déversement de l’eau des canaux d’irrigation. Selon le ministère ukrainien de la politique agraire et de l’alimentation, les pertes directes de la catastrophe pour le secteur agricole dépassent les 3 à 5 milliards de dollars16. À court terme, l’explosion du barrage a entraîné la destruction de plusieurs millions de tonnes de produits agricoles, la mort de poissons et la contamination des sols. À long terme, l’effet négatif est l’impossibilité d’irriguer une partie importante des terres de la région — environ 600 000 hectares17. Cela aura un impact négatif sur la production de légumes, de fruits et de céréales.

Le soutien de l’État à l’industrie

Un autre élément qui détermine le vecteur de développement du secteur agricole ukrainien est la politique de soutien de l’État à l’agriculture. Au cours des trois dernières décennies, la politique agricole de l’Ukraine a été qualifiée de chaotique et d’incohérente. Ces griefs étaient essentiellement dus à l’intervention excessive de l’État dans le mécanisme du marché, qui se traduisait par la fixation de prix administratifs, des restrictions à l’exportation, la centralisation des achats de produits, la discrimination de certains groupes d’agriculteurs au détriment d’autres, etc.18 En outre, les aides directes importantes accordées aux producteurs sous forme de subventions et d’allègements fiscaux ont réduit les incitations des agriculteurs à accroître leur propre efficacité19. Tout cela a été exacerbé par le sous-développement des institutions du marché et le faible financement de l’éducation et de la recherche dans le secteur agricole.

Ces dernières années, le soutien de l’État au secteur agricole s’est davantage orienté vers le marché. La part de l’aide indirecte visant à développer les infrastructures et la technologie a en particulier augmenté. L’ouverture du marché foncier a rendu le secteur agricole plus attractif pour les investissements et a ouvert de nouvelles possibilités de prêts aux agriculteurs. Le lancement du registre agraire national en 2022 a rendu les aides publiques plus transparentes en numérisant la distribution des fonds budgétaires aux agriculteurs.

L’ouverture du marché foncier a rendu le secteur agricole plus attractif pour les investissements et a ouvert de nouvelles possibilités de prêts aux agriculteurs.

Il est clair qu’au cours des prochaines années, le défi pour la politique agricole ukrainienne sera de s’aligner sur les principes de la politique agricole commune de l’Union, qui exigera des agriculteurs ukrainiens qu’ils se conforment à un certain nombre de normes, notamment celles liées à la protection de l’environnement, à la qualité et à la sécurité des produits et au bien-être des animaux. D’autre part, les agriculteurs et les communautés rurales ukrainiens peuvent bénéficier d’un soutien important dans le cadre de la Politique agricole commune de l’Union européenne, ce qui les rendra extrêmement compétitifs sur les marchés mondiaux, y compris dans l’Union. C’est pourquoi le modèle d’adhésion de l’Ukraine à la PAC est l’un des sujets les plus débattus à propos de l’élargissement.

L’avenir du secteur agricole ukrainien

Les prévisions réalisées par le KSE AgroCentre donnent un aperçu de l’évolution du secteur agricole ukrainien au cours de la prochaine décennie. Pendant et après la guerre, le secteur devrait se redresser progressivement ; la fin de la guerre et la remise en état des terres minées et contaminées accéléreront ce redressement. La structure de la production devrait changer, les agriculteurs continuant à remplacer partiellement les cultures céréalières (blé, maïs, orge) par des oléagineux plus rentables (tournesol, colza, soja). Les prévisions font état d’une baisse potentielle de la production de blé, dont la rentabilité sera limitée par la forte concurrence de la Russie et de l’Union en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Dans le même temps, le secteur du maïs connaîtra une forte croissance en raison, d’une part, de rendements plus élevés, et, d’autre part, de la proximité géographique de l’Ukraine avec les principaux marchés.

Dans le secteur de l’élevage, le déclin de l’exploitation des vaches laitières et des bovins de boucherie devrait se poursuivre en raison d’une faible rentabilité et d’un accès insuffisant aux marchés. Dans le même temps, l’élevage de volailles connaîtra une croissance rapide et sera rentable grâce aux économies d’échelle réalisées par les grandes entreprises extrêmement efficaces.

Sources
  1. Kyiv School of Economics, « Russian invasion in Ukraine could threaten global food security and starve hundreds of millions globally », 9 mars 2022.
  2. https://www.trademap.org/
  3. https://ukrstat.gov.ua/operativ/operativ2021/zd/e_iovt/arh_iovt2021.htm
  4. Ukraine Business News, « Ukraine grain harvest beats previous records », 22 décembre 2021.
  5. APK Inform, « За 25 років Україна збільшила потужності з переробки олійних у 9 разів та залучила $4 млрд інвестицій у галузь », 24 octobre 2023.
  6. Foreign Agricultural Service of the United States Department of Agriculture.
  7. Spilka Borochnomeli Oukraïny « Виробництво борошна в січні 2021 року стало абсолютним місячним мінімумом з 1999 року », 4 mars 2021.
  8. World Food Program, « Ukraine wheat flour and sunflower oil value chains », avril 2024.
  9. Kyiv School of Economics, « Food Processing, What’s next ? », 2023.
  10. Agro Review, « Як дефіцит молока в Україні впливає на галузь та споживача », 18 avril 2024.
  11. Latifundist.com, « Нас викинули з машини. Стріляли під ноги та над головою. А потім заборонили їздити за кормами. Репортаж з Чорнобаївської птахофабрики », 13 avril 2023.
  12. LB.ua, « За програмою Grain From Ukraine з України експортували більше 220 тисяч тонн сільгосппродукції », 1er juillet 2024.
  13. KSE Center for Food and Land Use Research, « Agricultural War Damages, Losses, and Needs Review », 2024.
  14. KSE Center for Food and Land Use Research, « Analytical review of the land market in Ukraine », mai 2024.
  15. Becker-Reshef, Inbal et Mary Mitkish, « When Farmland Becomes the Front Line, Satellite Data and Analysis Can Fight Hunger », Issues in Science and Technology 40, no. 2 (Winter 2024) : 32–36.
  16. Glavkom, « Підрив Каховської ГЕС. Мінагрополітики повідомило, як це вплине на сільське господарство », 13 juin 2023.
  17. Liga.net, « Через підрив Каховської ГЕС фермерам півдня доведеться освоювати аграрний досвід Афганістану », 8 juin 2023.
  18. KSE Agrocenter, « Agricultural Policy in Ukraine », 2022.
  19. KSE Agrocenter, « Вплив податкових пільг сільськогосподарським підприємствам на продуктивність сектора », 15 octobre 2017.