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Remarques préliminaires sur notre simulateur de coalition
Nous publions aujourd’hui un simulateur de coalitions réalisé à partir de notre projection exclusive, la première à jour des annonces de désistements à la date finale de dépôt des candidatures.
Notre approche permet de visualiser les possibilités réelles de coalitions à l’issue du second tour.
- Elle tient compte des résultats du premier tour publiés par le ministère de l’Intérieur, du décompte des désistements et des matrices de transition entre premier et second tour publiées par Cluster 17 le 28 juin.
- Ne s’agissant pas d’une prévision mais bien d’une projection, nous invitons aux précautions d’usage qui s’imposent en l’absence de données concernant la principale inconnue et le facteur le plus décisif : la participation.
Les majorités envisageables à ce stade
Le simulateur étudie plusieurs configurations possibles, avec une conclusion provisoire : à moins d’une démobilisation de l’électorat centriste et de gauche au second tour, le Rassemblement national ne devrait pas obtenir la majorité absolue.
La France pourrait donc découvrir la politique parlementaire et l’art subtil des coalitions.
Scénario 1 — L’extrême droite forme un gouvernement qui tombe
- Si le Rassemblement national et les Amis de Ciotti s’arrêteraient à 240 députés, il est peu probable qu’un gouvernement Bardella résiste à une motion de censure.
- Le président du RN a déjà déclaré n’être prêt à gouverner que dans le cas d’une majorité absolue.
- Il pourrait toutefois demander au Président de la République dès dimanche soir d’obtenir un mandat pour la formation d’un gouvernement symbolique qui lui permettrait d’effectuer une déclaration de politique générale en lançant une campagne électorale permanente avec l’objectif de la présidentielle 2027.
Scénario 2 — Une coalition Meloni frôle la majorité absolue, mais reste improbable
- L’Union des droites sur le modèle de la coalition Meloni (LR, Divers droite, RN) frôlerait la majorité absolue. Elle reste peu probable à ce stade car — comme le déclare Michel Barnier à la revue — « la quasi-totalité des députés LR vont être élus contre le Front National. Je n’imagine pas qu’au lendemain d’une élection difficile, ils changent de conviction. »
Scénario 3 — Une grande coalition pourrait produire un gouvernement de reconstruction nationale
- Avec environ 270 députés, une « grande coalition » réunissant les Républicains, les centristes et le Nouveau Front Populaire, tout en excluant LFI frôlerait la majorité absolue. Reste à voir si, dans ce cas de figure, une négociation d’un programme de gouvernement a minima de reconstruction nationale pourrait permettre de parvenir à un compromis et éviter la censure.
Scénario 4 — Une très grande coalition aurait la majorité absolue, tout en paraissant hautement improbable
- Avec plus de 300 députés une « très grande coalition » réunissant l’ensemble des forces opposées au Rassemblement national de LFI aux Républicains devrait avoir la majorité absolue. Elle paraît toutefois extrêmement difficile à envisager à partir des positionnements exprimés pendant la campagne.
Scénario 5 — Cent ans après la démission de Millerand, le retour d’un bloc pour la démission du président
- Une majorité de blocage apparaîtrait, LFI et RN s’arrêtant à une dizaine de députés des 289 nécessaires à un vote de censure systématique.
- Cette majorité pourrait conduire à une impasse parlementaire et à un rapport de force institutionnel inédit.
- Comme le fait remarquer Patrick Weil : « 2024 est le centième anniversaire de la démission forcée du président de la république Alexandre Millerand le 11 juin 1924. La chambre du cartel des gauches élue en mai refuse de soutenir tout gouvernement choisi par Millerand et le contraint à la démission ».
Les majorités impossibles à ce stade
- Selon notre projection, le Nouveau Front populaire, même dans une formation élargie « Union des gauches » intégrant Divers gauches, n’aboutit à réunir qu’un peu plus de la moitié des députés nécessaires à la majorité absolue.
- De même, « la majorité présidentielle » paraît impossible, la délégation des députés centristes risque d’être réduite de moitié.
- Une « coalition social libérale » réunissant les partis du centre et de la gauche, en excluant LFI et PCF ainsi que toutes les forces de droite plafonnerait à plus d’une cinquantaine de députés de la majorité absolue.
- Le bloc central intégrant les députés Républicains opposés à l’alliance avec le RN et l’ensemble des forces de l’ancienne majorité présidentielle aboutirait à un résultat semblable, en ne réunissant qu’un peu plus de la moitié des députés nécessaires à la majorité absolue.
Pour en savoir plus sur notre méthodologie vous pouvez consulter cette page.
Pour toute remarque ou question sur ce travail de projection à prendre avec précaution, vous pouvez nous écrire à contact[at]legrandcontinent.eu.
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