Tandis que l’administration Trump laisse planer des doutes quant à une potentielle opération militaire contre le régime de Nicolás Maduro, une enquête réalisée fin octobre en Amérique latine révèle qu’une majorité des habitants de la région serait favorable à une intervention américaine armée au Venezuela.

Selon le sondage, les trois-quarts (75 %) des répondants déclarent être inquiets quant à la situation politique et sociale au Venezuela 1.

  • Les Nations unies estiment que près de 8 millions de Vénézuéliens ont quitté le pays depuis 2014, suite à l’arrivée au pouvoir de Maduro, ce qui en fait le plus grand mouvement migratoire de l’histoire récente de la région.
  • Lorsqu’on demande aux habitants d’Amérique latine et aux membres de la diaspora vivant en Amérique du Nord ce qu’ils pensent d’une intervention militaire américaine pour destituer Maduro, 53 % déclarent être en faveur.
  • Ce chiffre est de 34 % parmi les résidents du Venezuela, et de 64 % au sein de la diaspora vénézuélienne — soit une moyenne de 43 %.

Dans un entretien publié hier, dimanche 2 novembre, Donald Trump a déclaré qu’il ne « pensait pas » que les États-Unis allaient entrer en guerre avec le Venezuela. Le président américain a toutefois ajouté que les jours de Maduro au pouvoir étaient « comptés », alors que la marine américaine a considérablement renforcé sa présence dans les Caraïbes et au large des côtes vénézuéliennes 2.

  • Le 24 octobre, le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a ordonné le déploiement du porte-avions Gerald R. Ford et de son groupe aéronaval dans la région.
  • L’armée américaine devrait ainsi disposer de 15 navires et sous-marins, soit un nombre supérieur aux moyens déployés pour l’invasion du Panama en 1989 (1 navire) ou de la Grenade en 1983 (8) 3.
  • Selon le CSIS, ces navires disposeraient de près de 200 missiles Tomahawks disponibles pour mener des frappes contre des cibles au Vénézuela. Il s’agit d’un nombre proche de ceux utilisés en 1999 pour le bombardement de la Yougoslavie 4.

Marco Rubio, le secrétaire d’État américain qui serait à la tête d’un effort visant à destituer Maduro 5, a démenti vendredi 31 octobre des informations du Miami Herald selon lesquelles des frappes américaines sur des cibles militaires au Vénézuéla seraient imminentes. Selon des sources qui se sont confiées au journal, celles-ci pourraient « avoir lieu à tout moment » 6.

Les dirigeants des principaux pays de la région sont opposés à une intervention militaire américaine, qui serait susceptible de déstabiliser davantage le pays.

  • Lula, Sheinbaum et Gabriel Boric, le dirigeant chilien dont le mandat prendra fin en mars 2026, évitent toutefois de s’opposer frontalement à Trump, craignant une dégradation de leurs relations avec Washington.
  • Le président colombien Gustavo Petro a toutefois mis en garde l’administration Trump lundi 27 octobre de ne « pas essayer » de mener des attaques contre les cartels au Venezuela et en Colombie 7.
  • Petro ainsi que des membres de sa famille et de son gouvernement font l’objet depuis le 24 octobre de sanctions du Trésor américain, le président colombien étant accusé par Washington d’être impliqué dans des activités de trafic de drogue.
Sources
  1. The Venezuelan Crisis, Atlas Intel pour Bloomberg, 1er novembre 2025.
  2. Read the full transcript of Norah O’Donnell’s interview with President Trump here, CBS News, 2 novembre 2025.
  3. Júlia Ledur et Susannah George, « These are the U.S. ships and aircraft massing off Venezuela », The Washington Post, 1er novembre 2025.
  4. Mark F. Cancian et Chris H. Park, Trump Has Sufficient Firepower to Launch Immediate Strikes on Venezuela, CSIS, 31 octobre 2025.
  5. Julian E. Barnes, Edward Wong, Julie Turkewitz et Charlie Savage, « Top Trump Aides Push for Ousting Maduro From Power in Venezuela », The New York Times, 29 septembre 2025.
  6. Antonio María Delgado, « U.S. poised to strike military targets in Venezuela in escalation against Maduro regime », Miami Herald, 31 octobre 2025.
  7. Publication sur X de Gustavo Petro, 27 octobre 2025.