Vendredi 17 octobre, Donald Trump aurait exhorté Volodymyr Zelensky, alors en visite à Washington, d’accepter les conditions russes pour mettre fin à la guerre — et notamment de céder le Donbass à la Russie, une région convoitée par le Kremlin depuis plus d’une décennie et ayant fait l’objet d’une annexion unilatérale à l’automne 2022 1.
La veille, le président russe avait posé l’abandon de l’oblast de Donetsk comme un pré-requis pour tout accord de cessez-le-feu, lors d’un appel avec Trump 2.
- Tandis que les préparatifs ont été lancés pour l’organisation d’un sommet entre Trump et Poutine au cours des prochaines semaines à Budapest, en Hongrie, la partie russe maintient ses revendications.
- Le mémorandum adressé aux Ukrainiens en juin par la partie russe lors d’un cycle de négociations à Istanbul listait déjà le « retrait des forces armées ukrainiennes du territoire de la Fédération de Russie, y compris les Républiques populaires de Lougansk et Donetsk » comme condition à un cessez-le-feu.
- Le document reprenait les demandes maximalistes formulées par Poutine depuis le printemps 2022, et ne présentait aucune concession indiquant que Moscou serait favorable à la fin de la guerre.
Répétant les arguments de Poutine lors de l’appel du jeudi 16, Donald Trump a menacé Zelensky vendredi dernier d’une « destruction » par la Russie si le président ukrainien n’acceptait pas les termes de Moscou pour un cessez-le-feu. Les chiffres de l’avancée de l’armée russe en Ukraine indiquent toutefois que celle-ci peine à progresser significativement sur le front depuis 2023.
Au cours des six derniers mois, sur la période allant du 19 avril au 19 octobre, l’armée russe a progressé d’environ 240 km² par mois dans l’oblast de Donetsk, et de 10 km² par mois dans la région de Louhansk.
- Ces moyennes, établies à partir des données vectorielles de l’Institute for the Study of War (ISW), reflètent le territoire « contrôlé » par Moscou en Ukraine — soit une présence physique durable sur une zone — et non les territoires ayant fait l’objet d’une avancée mais qui demeurent disputés.
- Ainsi, selon une analyse réalisée par la revue, il faudrait plus de deux ans et demi (31 mois) à l’armée russe pour conquérir le Donbass dans sa totalité, sur la base d’une avancée constante au rythme observé depuis le mois d’avril.
- Ce chiffre est cohérent avec une analyse réalisée par le ministère de la Défense britannique, qui estimait en août qu’il faudrait quatre ans et demi à Moscou pour occuper les quatre régions annexées en 2022 : Donetsk, Louhansk, Zaporijia et Kherson 3.
Au cours des douze derniers mois, l’armée russe a conquis entre 4 000 et 5 000 km² de territoire ukrainien, selon la source des données utilisée (ISW ou Deep State, un groupe d’analystes ukrainiens). Cette zone représente entre 0,7 et 0,9 % de la surface totale du pays. Au 19 octobre, Moscou contrôlait ainsi 18,5 % de l’Ukraine en comptant la Crimée occupée depuis 2014 (environ 7 % du pays).
Sources
- Christopher Miller, Max Seddon, Henry Foy et Amy Mackinnon, « Donald Trump urged Volodymyr Zelenskyy to accept Putin’s terms or be ‘destroyed’ by Russia », Financial Times, 19 octobre 2025.
- Michael Birnbaum, « Putin demanded Ukraine surrender key territory in call with Trump », The Washington Post, 18 octobre 2025.
- Publication sur X du ministère de la Défense britannique, 15 août 2025.