Qui est Rob Citrone, le proche de Bessent qui devrait largement bénéficier de l’aide américaine apportée à l’Argentine de Milei ?

Dans les mois ayant suivi l’arrivée au pouvoir de Javier Milei en décembre 2023, les gestionnaires de fonds américains se sont rués sur les marchés argentins, contribuant à une hausse de l’indice MSCI Argentine de plus de 60 % sur l’année 2024 — plaçant ainsi le pays en tête du classement des marchés boursiers les plus performants au monde, devant les États-Unis ¹.

L’enthousiasme entourant le programme économique de l’anarcho-capitaliste libertarien a depuis montré des signes d’essoufflement.

• Dès son arrivée au pouvoir, Milei a licencié plusieurs dizaines de milliers de fonctionnaires et réduit les dépenses consacrées à l’État-providence, notamment au système de santé.
• Le pays a enregistré un excédent budgétaire l’an dernier pour la première fois depuis 14 ans, tandis que l’inflation est en baisse constante depuis avril 2024, passant de près de 300 % à 34 % en août dernier.
• Ces mesures d’austérité ont ralenti la croissance et contribué à une hausse du chômage. La précarisation de millions de personnes a conduit à une chute de la popularité de Milei, qui s’est effondré lors des élections régionales à Buenos Aires au début du mois de septembre.

Parmi les fonds américains ayant bénéficié de cette ruée sur les marchés argentins se trouve Discovery Capital Management, co-fondé en 1999 par Robert Citrone. Celui-ci est un investisseur milliardaire qui s’est spécialisé dans les marchés émergents au cours des années 1990, lors de ses années passées chez Tiger Management. Il est également un ami proche de l’actuel secrétaire au Trésor de Trump, Scott Bessent, aux côtés duquel il a travaillé dans les années 2010 en tant qu’investisseur pour George Soros.

• Discovery Capital Management est particulièrement exposé aux performances du marché argentin. Le pays a contribué à 52 % des bénéfices réalisés par le groupe l’an dernier, et Citrone croit fermement en Javier Milei et son programme ².
• En avril, alors que l’économie argentine vacillait, Citrone a plaidé auprès de Bessent en faveur d’une aide du Fonds monétaire international de 20 milliards de dollars pour aider le pays à stabiliser le peso ³.
• Quand cette aide s’est révélée insuffisante, et alors que la coalition péroniste continue de monter dans les sondages, Citrone a exhorté Bessent d’intervenir en faveur de Milei en contribuant directement à une aide financière d’un montant de 20 milliards de dollars à l’allié argentin de l’administration Trump.
• Quelques semaines avant l’annonce, tandis que les investisseurs réduisaient leurs positions sur les marchés argentins, Citrone a acheté davantage d’obligations argentines — qui ont fortement augmenté suite à l’annonce de l’intervention américaine.

Selon une source proche de l’administration, Citrone aurait directement lié la dégradation de la situation financière de l’Argentine à une potentielle défaite de Javier Milei lors des élections législatives qui se tiendront le 26 octobre ⁴. Parmi les arguments mobilisés auprès de Scott Bessent, Citrone aurait déclaré que la Maison-Blanche perdrait un de ses principaux alliés en Amérique latine — au profit de la Chine.

• Citrone n’est pas le seul proche de Bessent dont les affaires sont étroitement liées aux performances du marché argentin. 
• D’importantes sociétés d’investissement comme BlackRock, Fidelity, T. Rowe Price et Pimco ainsi que le gestionnaire de fonds Stanley Druckenmiller ont eux aussi bénéficié de l’arrivée au pouvoir de Milei.
• L’économiste Paul Krugman estime que le plan de sauvetage américain permettra aux investisseurs américains de se retirer du pays tout en limitant leurs pertes — voire en générant davantage de profits grâce au prêt relais garanti par les contribuables américains ⁵.
• Les interventions du FMI et du Trésor américain devraient avant tout permettre aux fonds spéculatifs américains de revendre leurs actifs argentins à un prix supérieur à leur valeur réelle, alimentant une fuite des capitaux qui débouchera inévitablement sur une nouvelle chute du peso — à laquelle les proches de l’administration Trump seront considérablement moins exposés.