S’exprimant mardi 7 octobre lors d’une réunion du Comité de politique économique du Conseil de la Fédération russe, le directeur de l’agence fédérale du transport aérien (Rosaviatsiya), Dmitry Yadorov, a déclaré que 339 avions et 200 hélicoptères pourraient être retirés du service d’ici 2030 « selon des prévisions pessimistes » 1.

Depuis l’imposition de sanctions sur le secteur aéronautique russe suite à l’invasion à grande échelle de l’Ukraine en 2022, les compagnies aériennes peinent à importer des pièces détachées et à assurer la maintenance de leurs appareils.

  • Selon les derniers chiffres disponibles publiés par le Service fédéral des statistiques (Rosstat), près des deux-tiers (64 %) des avions composant la flotte aérienne russe sont de fabrication européenne ou américaine. 
  • À eux seuls, les appareils d’Airbus et de Boeing représentent plus de la moitié des appareils commerciaux en activité en Russie.
  • Les deux constructeurs avaient fourni 30 des 52 avions ajoutés aux flottes des compagnies Aeroflot, S7, Red Wings, Rossiya ou Ural Airlines en 2021 2.
  • Depuis l’été 2024, Rosaviatsiya a cessé de publier des données précises sur la composition de sa flotte aérienne, invoquant une « nécessité d’optimiser les informations publiées » 3.

Dans le même temps, les constructeurs russes peinent à honorer les commandes. En août, seulement 1 des 15 appareils commerciaux dont la livraison était prévue pour cette année avait été délivré. Les avions de transport régionaux Soukhoï SuperJet qui continuent d’être produits en Russie — bien qu’à un rythme insuffisant — dépendent également de pièces importées qui ne peuvent être produites domestiquement. 

  • Face à une diminution du nombre d’appareils disponibles pour assurer les liaisons aériennes, Moscou a entamé des discussions à l’automne 2024 avec plusieurs pays d’Asie centrale afin que leurs compagnies assurent des vols intérieurs 4.
  • En septembre, la Russie a également tenté de faire pression sur l’Organisation de l’aviation civile internationale (ICAO) pour qu’elle allège les sanctions pesant sur son secteur aéronautique, évoquant des mesures liées à la sécurité des vols. 
  • Les accidents aériens se sont multipliés ces dernières années en Russie, atteignant 208 au cours des onze premiers mois de l’année 2024 — contre 86 en 2021 5.

La mise au rebut de plusieurs centaines d’appareils au cours des prochaines années, sans visibilité à moyen et long terme sur leur potentiel remplacement, impacterait avant tout les transports dans les régions les plus isolées du pays. Dans les oblasts de l’Extrême-orient et du district sibérien, les liaisons aériennes sont principalement assurées par des Antonov An-2 et An-24, dont certains ont plus de soixante ans 6.