Hier, lundi 29 septembre, Donald Trump a présenté à Washington, en présence du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, un plan en vingt points destiné à mettre fin à la guerre à Gaza.

  • Dans la foulée, un groupe de huit pays arabes et musulmans ont apporté leur soutien à l’initiative dans un communiqué commun par lequel ils affirment « leur volonté de s’engager de manière positive et constructive avec les États-Unis et les parties prenantes afin de finaliser l’accord et d’assurer sa mise en œuvre ».
  • Ce groupe compte l’Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis, la Jordanie, l’Indonésie, le Pakistan, le Qatar et la Turquie. 
  • Il représente plus d’un tiers (36,4 %) de la population musulmane du monde, selon les chiffres du Pew Research Center.

Arabie saoudite

Allié majeur des États-Unis au Moyen-Orient depuis 1945, le Royaume d’Arabie saoudite a voté contre le plan de partage de la Palestine en 1947. Il n’a jamais reconnu l’État d’Israël.

  • La montée en puissance de Mohammed Ben Salman, nommé prince héritier en juin 2017, a toutefois marqué une inflexion dans la politique du royaume à l’égard d’Israël. 
  • Dans la foulée des accords d’Abraham qui ont normalisé en 2020 les relations entre Israël et les Émirats arabes unis et le Bahreïn, l’Arabie saoudite a engagé un dialogue qui semblait devoir la mener à normaliser à son tour ses relations avec Israël à moyen terme. 
  • Mais ce rapprochement a volé en éclats du fait de la guerre menée par l’armée israélienne à Gaza en réponse aux attaques terroristes du 7 octobre 2023.
  • L’Arabie saoudite a pris avec la France la tête d’une initiative diplomatique qui s’est traduite par une nouvelle vague de reconnaissance internationale de l’État palestinien. La contribution et l’implication future des deux pays sont explicitement mentionnées dans le plan de Trump, au point 9.

Égypte

L’Égypte a voté contre le plan de partage de la Palestine en 1947. En mai 1948, lorsqu’est proclamée la naissance d’Israël, elle ne le reconnaît pas et participe à la coalition arabe qui se forme pour tenter — en vain — de s’y opposer par la force. En 1956, Israël participe à l’offensive contre l’Égypte initiée par la France et le Royaume-Uni pour s’opposer à la nationalisation du canal de Suez, décidée par le président égyptien Nasser. L’initiative franco-britannico-israélienne tourne au fiasco du fait des pressions exercées par les États-Unis et l’URSS.

  • Dans les deux décennies suivantes, Israël et l’Égypte s’affrontent militairement à deux reprises, durant la guerre des Six jours (1967) puis dans celle du Kippour (1973). 
  • Deux guerres qui se terminent sur une victoire d’Israël, qui en profite pour s’emparer du Sinaï. En septembre 1978, le président égyptien Anouar el-Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin signent les accords de Camp David négociés par l’entremise du président des États-Unis, Jimmy Carter. 
  • L’Égypte reprend le contrôle du Sinaï et devient le premier pays arabe à reconnaître Israël, ce qui lui vaut d’être exclue de la Ligue arabe.

Émirats arabes unis

Créée en 1971, la fédération des Émirats arabes unis s’est longtemps refusée à reconnaître Israël, suivant en cela l’exemple de tous les pays arabes à cette date. 

  • Elle n’a toutefois participé à aucune des guerres menées par certains d’entre eux contre Israël. 
  • En 2010, l’assassinat à Dubaï d’un cadre du Hamas par des agents du Mossad a accru l’hostilité émiratie à l’encontre d’Israël. 
  • Toutefois, les intérêts économiques ont pris le dessus et, en 2020, 42 ans après l’Égypte et 26 ans après la Jordanie, les Émirats arabes unis sont devenus, simultanément avec le Bahreïn, le troisième pays arabe à reconnaître Israël en signant à Washington les accords d’Abraham, parrainés par Donald Trump.

Jordanie

La Transjordanie n’était pas membre des Nations unies lorsque le vote sur le plan de partage de la Palestine a eu lieu en novembre 1947. 

  • Après la création d’Israël le 14 mai 1948, elle a participé à la coalition arabe qui a attaqué le nouvel État juif. 
  • Les troupes arabes furent alors défaites mais la Transjordanie en profita pour prendre le contrôle de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. La Jordanie prit également part, du côté arabe, à la Guerre des Six Jours en 1967.
  • Accueillant sur son sol de nombreux réfugiés palestiniens depuis 1948, la Jordanie s’est violemment affronté à l’Organisation de Libération de la Palestine devenue un véritable État dans l’État (Septembre noir, 1970). 
  • En 1973, La Jordanie participe à la coalition arabe entrée en guerre contre Israël dans le cadre de la Guerre du Kippour. 
  • À l’initiative du président américain Bill Clinton, le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin et le roi de Jordanie Hussein ont signé à Washington en 1994 un traité de paix entre les deux pays, qui se reconnaissent depuis lors mutuellement. 
  • La Jordanie a été le deuxième pays arabe, après l’Égypte, à reconnaître Israël.

Indonésie

L’Indonésie n’était pas membre des Nations unies en 1947 lorsqu’a été voté le plan de partage de la Palestine. 

  • Sukarno, le premier président indonésien et l’une des figures de proue du mouvement des non-alignés, s’est refusé à reconnaître Israël. 
  • En 1962, il a interdit l’entrée sur le territoire indonésien de la délégation de sportifs israéliens venus participer aux Jeux asiatiques, organisés cette année-là à Jakarta. 
  • Les relations entre Israël et l’Indonésie se sont apaisées à partir de l’arrivée au pouvoir du général Suharto en 1967, sans toutefois qu’une reconnaissance diplomatique mutuelle n’intervienne.

Pakistan

En 1947, le Pakistan, qui venait d’accéder à l’indépendance suite à la partition des Indes britanniques, a voté contre la plan de partage de la Palestine à l’ONU. Il s’est depuis toujours refusé à reconnaître Israël.

  • Suite au bombardement israélien ayant visé des dirigeants du Hamas en territoire qatari le 9 septembre 2025, l’Arabie saoudite a conclu un accord de défense avec le Pakistan, dont elle a largement financé le programme qui lui a permis d’accéder à l’arme atomique en 1997. 

Qatar

Le Qatar n’a jamais reconnu Israël, bien que les deux pays entretiennent des relations économiques depuis les années 1990. Dans les années 2000, l’émirat, historiquement proche des Frères musulmans, est devenu avec l’assentiment d’Israël, qui voyait dans le développement du Hamas un moyen d’affaiblir l’Autorité palestinienne, le principal pourvoyeur de fonds du mouvement islamiste palestinien.

  • À la demande des États-Unis, l’émirat a également offert l’asile à de nombreux dirigeants du Hamas. Ces derniers mois, Doha a accueilli des négociations entre représentants du Hamas et d’Israël. 
  • Le 9 septembre 2025, une frappe israélienne visant les négociateurs du Hamas a touché un bâtiment au cœur de la capitale qatarie, manquant les personnalités ciblées mais causant la mort de six personnes, dont un membre des forces de sécurité qataries. 
  • L’épisode a grandement détérioré les relations du Qatar avec Israël, mais aussi avec les États-Unis qui possèdent dans l’émirat leur plus grande base militaire du Moyen-Orient, dont les frais de fonctionnement sont entièrement pris en charge par le Qatar. 
  • Le 29 septembre 2025, Donald Trump a contraint Benyamin Netanyahou à s’excuser pour la frappe du 9 septembre lors d’un appel téléphonique avec son homologue qatarien Mohammed ben Abderrahmane Al Thani passé depuis la Maison-Blanche. 

Turquie

La Turquie a été le premier État majoritairement musulman à reconnaître Israël, en mars 1949. 

  • Les deux pays ont développé des partenariats économiques mais aussi militaires (accords de coopération de 1996). 
  • Leurs relations se sont toutefois fortement détériorées à partir des années 2000, avec l’arrivée au pouvoir en Turquie du parti islamiste AKP et de son leader Recep Tayyip Erdoğan. 
  • Le 31 mai 2010, l’armée israélienne a pris d’assaut une « flottille pour Gaza » affrétée par une ONG turque, provoquant la mort de neuf activistes turcs. 
  • En réaction, Ankara a expulsé l’ambassadeur israélien en Turquie l’année suivante. 
  • Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a finalement présenté des excuses à la Turquie et en 2016, a accepté de verser 20 millions de dollars de dédommagement en échange d’un abandon des poursuites judiciaires à l’encontre les militaires israéliens impliqués dans l’opération. 
  • Une réconciliation fragile a alors été entamée, remise en cause par l’offensive israélienne sur Gaza à partir d’octobre 2023. 
  • En mai 2024, la Turquie a annoncé rompre ses relations commerciales avec Israël pour protester contre la situation à Gaza.