Le principal parti d’opposition turc à l’AKP d’Erdoğan, le Parti républicain du peuple (CHP), organise aujourd’hui, dimanche 21 septembre, un congrès extraordinaire visant à reconduire Özgür Özel à sa présidence. Plus tôt cette semaine, lundi 15 septembre, un tribunal d’Ankara a reporté au 24 octobre sa décision portant sur une potentielle destitution d’Özel en raison de supposées irrégularités lors du congrès du CHP de novembre 2023.

Erdoğan et son gouvernement ont engagé ces derniers mois plusieurs procédures judiciaires et administratives à l’encontre d’élus et dirigeants du CHP.

  • Depuis sa défaite aux élections municipales de mars 2024, le président turc Recep Tayyip Erdoğan entend museler l’opposition, notamment à Istanbul.
  • Le maire de la plus grande ville du pays, Ekrem İmamoğlu, a été arrêté en mars alors qu’il était sur le point d’être désigné candidat du CHP à la prochaine élection présidentielle, prévue pour 2028.
  • Son procès pour « usurpation de diplôme universitaire », dans le cadre duquel il encourt jusqu’à huit ans et neuf mois de prison ferme, a débuté vendredi 12 septembre. 
  • Treize affaires pèsent actuellement sur le CHP.

La quasi-totalité des sondages d’opinion placent le Parti républicain du peuple en tête des intentions de vote pour les prochaines élections parlementaires turques, qui devraient se tenir au plus tard le 7 mai 2028. Plusieurs enquêtes indiquent également qu’İmamoğlu est susceptible de battre Erdoğan dans les urnes lors de l’élection présidentielle.

Le congrès du CHP a pour but de répondre à la crise politique dans laquelle le parti est engagé.

  • Celui-ci doit servir à reconduire Özgür Özel dans ses fonctions et à définir la stratégie du parti face aux interventions judiciaires.
  • Au cours de l’année, le gouvernement turc a mené plus de 500 arrestations politiques dont 16 maires parmi les municipalités remportées l’an dernier par le CHP.
  • Le parti kémaliste réclame également une élection présidentielle anticipée.

Comme l’explique la politologue Élise Massicard : « Quoi qu’il advienne dans ce climat de tension extrême, la lutte politique en Turquie se déplace et se transforme. Faute de pouvoir se tenir dans les urnes en l’absence d’élections, elle se joue à la fois dans la rue, dans les tribunaux, et au niveau des équilibres internes du principal parti d’opposition ».