Selon une enquête YouGov conduite en avril aux États-Unis et dans cinq pays européens, dont le Royaume-Uni, près de 50 % des Européens considèrent qu’il est « probable » qu’une nouvelle guerre mondiale éclate au cours des 5 à 10 prochaines années 1.
- Cette part est la plus élevée en France (55 % des sondés), en Espagne (50 %) et en Italie (46 %), tandis qu’elle est minoritaire au Royaume-Uni (où 42 % considèrent cette hypothèse comme « peu probable ») et en Allemagne (43 %).
- Si les tensions avec la Russie sont identifiées par les trois-quarts des personnes interrogées comme constituant « une menace » pour la paix du continent, une majorité de Français, d’Allemands et d’Espagnols citent également les tensions avec les États-Unis.
Entre 68 et 76 % des personnes interrogées par YouGov, dont 71 % aux États-Unis, estiment qu’un conflit mondial pourrait conduire à l’utilisation d’armes nucléaires. Il s’agit d’une évolution notable : dans une enquête réalisée en 2020, seuls 17 % des Américains déclaraient qu’une guerre nucléaire pourrait provoquer l’apocalypse, soit moins que le changement climatique et une pandémie mondiale (19 % chacun) 2.
Depuis l’invasion russe à grande échelle de l’Ukraine en février 2022 et les menaces du Kremlin d’utiliser des armes atomiques en Ukraine et contre les capitales européennes, le risque nucléaire est identifié comme le principal vecteur d’une potentielle fin du monde dans la plupart des enquêtes.
- En novembre dernier, en réaction à l’utilisation par Kiev de missiles américains ATACMS et de fusées britanniques Storm Shadow sur le sol russe, Poutine avait frappé la ville ukrainienne de Dnipro avec un missile Oreshnik, capable de transporter une ogive nucléaire.
- Les médias d’État russe diffusaient alors à la télévision des estimations du temps de trajet requis pour qu’un tel missile atteigne les capitales européennes : 12 minutes pour Varsovie, 15 pour Berlin, 20 pour Londres et Paris.
- Quelques jours plus tôt, le président russe faisait évoluer la doctrine russe en matière d’utilisation de son arsenal atomique.
- Dans la mise à jour de son « horloge de la fin du monde » en janvier, le Bulletin of the Atomic Scientists — une revue scientifique américaine qui donne chaque année le « pouls » des menaces nucléaires, technologiques et environnementales qui pèsent sur le monde — indiquait que le monde ne se trouvait plus qu’à 89 secondes de minuit, soit le plus proche depuis sa première publication en 1947.
Dans la dernière mise à jour de sa grande enquête sur les menaces mondiales, réalisée dans 25 pays, les répondants interrogés par le Pew Research Center désignent la désinformation en ligne (72 %), les conditions de l’économie mondiale (70 %) ainsi que le terrorisme (69 %) comme des « menaces majeures » pesant sur le monde 3.
- Dans le même temps, les inquiétudes concernant les effets du changement climatique ainsi que la propagation de maladies infectieuses reculent.
- Dans les pays du Sud, les risques climatiques suscitent toutefois davantage d’inquiétude qu’en 2018 : + 17 points en Turquie, + 13 au Nigeria, + 9 en Indonésie et + 8 en Inde.
À l’échelle de l’Union, une étude de l’ECFR publiée en janvier 2024 met en lumière les différences dans les préoccupations des citoyens des différents pays européens 4.
- Tandis que l’immigration est le problème le plus important pour les électeurs allemands, un tiers des Italiens et des Portugais indique que ce sont les « bouleversements économiques mondiaux » qui ont le plus changé la façon dont ils envisagent leur avenir.
- Dans le nord et l’est du continent, en Estonie, en Pologne et au Danemark, la guerre en Ukraine est vue comme la crise la plus importante, tandis qu’elle est reléguée au second plan en France, en Espagne et en Grande-Bretagne.
Sources
- VE Day toplines compiled, YouGov, 6 mai 2025.
- End of the World, YouGov, 18 mars 2020.
- Jacob Poushter, Moira Fagan, Maria Smerkovich et Andrew Prozorovsky, International Opinion on Global Threats, Pew Research Center, 19 août 2025.
- Ivan Krastev et Mark Leonard, A Crisis Of One’s Own : The Politics Of Trauma In Europe’s Election Year, European Council on Foreign Relations, 17 janvier 2024.