Hier, dimanche 31 août, le ministère du Combustible, de l’Énergie et de l’Industrie charbonnière de la république populaire de Louhansk — une organisation non-reconnue par la communauté internationale — a annoncé que la région ukrainienne, occupée à 99 % par Moscou, subissait une pénurie de carburant dans ses stations-services.

Il s’agit d’une conséquence directe de la campagne de frappes aériennes ukrainiennes menée sur les infrastructures énergétiques russes.

  • Dans la journée de dimanche, il était impossible pour les habitants de se fournir en sans plomb 92 et 95, les deux carburants les plus utilisés.
  • Les autorités régionales ont cité une « situation due à des interruptions dans les livraisons, ainsi qu’à une augmentation de la demande des consommateurs en carburant observée au cours des deux dernières semaines » 1.
  • Bien qu’un retour à la normale — avec quelques exceptions localisées — ait été annoncé pour aujourd’hui, lundi 1er septembre, des pénuries pourraient se reproduire.

Il s’agit de la première fois depuis l’intensification de la campagne ukrainienne ces dernières semaines qu’une pénurie est déclarée à l’échelle d’une région. Si certaines stations-services situées dans l’Extrême-Orient (comme en Transbaïkalie) ou en Crimée occupée n’ont pas été en mesure de répondre à la demande ces derniers jours, la situation à Louhansk semble bien plus grave, celle-ci étant susceptible de nuire considérablement à l’économie de la région.

  • Le prix du sans plomb 92 a augmenté de plus de 35 % depuis le début de l’année, et se négociait au lundi 1er septembre à 10h à près de 71 000 roubles par tonne (soit 750 euros) à la bourse de Saint-Pétersbourg.
  • Bien que la Russie soit le deuxième producteur de pétrole au monde derrière les États-Unis, selon l’OPEP, les frappes ukrainiennes exercent une pression considérable sur son secteur pétrolier.
  • En quelques semaines, depuis le début de l’été, Kiev a entraîné une baisse de 13 % de la production de carburant en Russie 2. Reuters estimait le 25 août que 17 % de la capacité de raffinage russe avait été « perturbée », soit 1,1 million de barils par jour 3.

Le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a annoncé dimanche 31 août que la campagne de frappes en profondeur se poursuivrait 4. La veille, samedi 30, des drones ukrainiens ont provoqué des incendies dans des raffineries de Krasnodar et de Syzran, dans l’oblast de Samara 5. Vraisemblablement en représailles, l’armée russe a elle aussi intensifié sa campagne aérienne contre les infrastructures énergétiques et les villes ukrainiennes.

  • Les principaux producteurs russes de pétrole — Rosneft, Lukoil, Gazprom Neft et Tatneft notamment — ont vu leurs bénéfices chuter d’environ 50 % au premier semestre de l’année par rapport à 2024 6.
  • En raison d’une surproduction qui contribue à maintenir le prix du baril d’Oural sous la barre des 60 dollars ainsi que d’une appréciation du rouble de plus de 20 % depuis le début de l’année, les entreprises russes perçoivent moins pour chaque baril pompé.
  • La campagne aérienne ukrainienne entraîne quant à elle des coûts de réparation supplémentaires ainsi qu’un manque à gagner considérable pour les producteurs. En moyenne, les raffineries touchées par des frappes de drones nécessitent quatre à six semaines pour reprendre leur production.