Afin de présenter la défaite de l’Ukraine comme inévitable, le Kremlin gonfle artificiellement ses revendications territoriales en Ukraine. Samedi 30 août, le chef d’État-major de l’armée russe, Valeri Guerassimov, affirmait ainsi que Moscou avait conquis 3 500 km² de territoire ukrainien depuis le mois de mars 1.

Or, selon les derniers chiffres du groupe ukrainien Deep State, ce chiffre serait en réalité 33 % inférieur, soit environ 2 350 km² 2.

  • Le ministère de la Défense russe annonce fréquemment la « capture » de villages et hameaux ukrainiens alors que ces derniers demeurent contestés.
  • Dans certains cas, ces mêmes villages ne font l’objet que d’opérations au cours desquelles des drapeaux sont hissés afin d’indiquer une présence militaire derrière les lignes ukrainiennes.
  • C’est notamment ce qu’il s’est produit en août dans le village d’Andriyivka-Klevtsove, dans la région de Donetsk, où quelques combattants russes ont mis en scène une victoire afin de créer l’illusion d’un succès sur le front 3.

Le Kremlin a régulièrement recours à des PsyOps (« opérations psychologiques ») depuis 2022. Celles-ci visent aussi bien à dissuader les gouvernements étrangers d’envoyer du matériel militaire à l’Ukraine que d’influencer les opinions publiques occidentales. Tchassiv Yar, dont la chute avait été annoncée et massivement relayée fin janvier, est ainsi toujours à moitié sous contrôle ukrainien sept mois plus tard, Moscou n’ayant avancé que d’un kilomètre environ à l’intérieur de la ville.

Les communiqués et déclarations du Kremlin concernant la situation sur le front véhiculent une image fausse de l’équilibre des forces tel qu’il s’est stabilisé depuis l’hiver dernier.

  • Selon une analyse de Deep State publiée aujourd’hui, lundi 1er septembre, l’armée russe a conquis 464 km² de territoire supplémentaire en août, soit un chiffre en baisse par rapport aux deux mois précédents 4.
  • Si l’armée russe conserve un avantage sur le front, les blogueurs militaires russes — traditionnellement proches du Kremlin — ont eux-mêmes critiqué ces derniers jours les chiffres de l’État-major russe comme étant « très exagérés » 5.
  • Selon une analyse du CSIS, le rythme de progression de l’armée russe en direction de Koupiansk entre novembre 2024 et avril dernier était de 50 mètres par jour en moyenne, soit un chiffre inférieur à celui de l’offensive franco-britannique lors de la bataille de la Somme en 1916 (80 mètres par jour) 6.

La population ukrainienne est elle aussi exposée à cette désinformation. Selon une enquête de Rating Group publiée aujourd’hui, lundi 1er septembre, près de 40 % des Ukrainiens ne vérifient jamais la fiabilité des informations, qui sont principalement consultées sur des chaînes Telegram. Un test conduit par l’institut révèle que plus de la moitié (59 %) de la population en Ukraine est ainsi « vulnérable » à la désinformation 7.