Les pays européens avaient donné à Téhéran jusqu’à la fin du mois d’août pour reprendre les négociations et autoriser les inspections sur ses sites nucléaires, sous peine de voir les sanctions, assouplies par l’accord JCPOA, réappliquées.
- Aujourd’hui, jeudi 28 août, Paris, Londres et Berlin ont notifié aux Nations unies que l’Iran avait manqué à ses obligations dans le cadre de l’accord de 2015.
- Cette décision fait suite à une réunion entre les ministres des Affaires étrangères des trois pays et leur homologue iranien, qui s’est tenue ce mardi 26 août à Genève.
- Depuis la guerre de 12 jours avec Israël et les frappes américaines visant les principaux sites nucléaires iraniens, Téhéran a arrêté la coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique, ce qui n’a fait qu’accentuer le flou quant à l’état de son programme nucléaire, et en particulier quant à son stock de 409 kg d’uranium enrichi à 60 %.
- Des négociateurs de l’AIEA ont été autorisés à retourner en Iran hier, mercredi 27 août, mais uniquement sur certains sites, en excluant notamment ceux touchés par les frappes américaines.
- Selon le Wall Street Journal, le directeur général de l’AIEA était désormais sous protection permanente en raison d’un complot iranien visant à l’assassiner 1.
- En juillet, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Kazem Gharibabadi, avait déclaré que l’Iran était prêt à négocier, mais Téhéran a également menacé de se retirer du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires si de nouvelles sanctions étaient imposées. Le gouvernement iranien considère en effet que le mécanisme de snapback, qui permet la réimposition des sanctions, n’est pas légitime, car les États-Unis se sont retirés unilatéralement de l’accord en mai 2018.
- Le ministre iranien des Affaires étrangères a qualifié la démarche européenne d’illégale.
- L’accord sur le nucléaire iranien arrive à expiration le 18 octobre.
- Sans l’activation du mécanisme de « snapback » — qui ne peut être bloqué ni par la Chine ni par la Russie, deux pays signataires de l’accord — les sanctions disparaîtront.
- Les Européens espèrent maintenir la pression sur l’Iran avant octobre, lorsque Moscou prendra la présidence du Conseil de sécurité et pourrait tenter de retarder la réimposition des sanctions jusqu’à l’expiration de l’accord.
Selon une évaluation américaine, l’attaque menée par les États-Unis au mois de juin aurait permis de retarder de deux ans les capacités d’enrichissement iraniennes sur le site de Fordo.
- Une estimation de l’Agence du renseignement de la Défense indiquait plutôt que le programme iranien avait été retardé de quelques mois seulement.
- Le directeur de l’Agence, le général Jeffrey Kruse, a été licencié le 22 août.
Parallèlement, d’importants débats ont lieu en Iran concernant l’attitude à adopter vis-à-vis des États-Unis et des Européens.
- Le 17 août, un communiqué de 27 organisations réformistes basées en Iran a appelé le gouvernement à mettre un terme à l’enrichissement d’uranium, en échange d’un allègement des sanctions occidentales.
- Le 24 août, le Guide suprême a réagi à ce communiqué et aux débats qu’il a suscités, estimant qu’appeler à des négociations directes avec les États-Unis était une approche « superficielle » d’un sujet bien plus profond.
- Il a toutefois réitéré son soutien au président Pezechkian, lui-même partisan d’une ligne réformatrice 2.
Sources
- « U.N. Atomic Agency Chief Given Security Protection Over Iran Threat », The Wall Street Journal, 26 aout 2025.
- « بیانات در مراسم عزاداری شهادت امام رضا علیهالسلام », Site de Ali Khamenei, 24 août 2025.