Le Kremlin vient de déclarer que, même en cas d’accord de paix avec l’Ukraine, « la guerre informationnelle avec l’Occident ne se terminera jamais »

Sergueï Kirienko — premier adjoint du chef de l’administration présidentielle russe et bras droit de l’influent Anton Vaïno — est un collaborateur direct de Vladimir Poutine. 

C’est donc l’une des rares figures autorisées à prendre la parole pour exprimer la position du président russe. 

• De retour d’Anchorage, où il a fait partie de la délégation présidentielle, il a pris la parole ce samedi 16 août, en ouverture d’un festival rassemblant des professionnels des médias et du numérique proches du régime, venus de toute la Russie, de Biélorussie et d’Abkhazie. 

• Kirienko a affirmé : « Il y a une guerre informationnelle, et nous avons dit plus d’une fois que la guerre chaude prendra fin — nous espérons que cela arrivera bientôt — mais la guerre informationnelle ne se terminera jamais. C’est pourquoi, d’année en année, le nombre de participants à ce festival est de plus en plus grand, et leurs missions sont de plus en plus sérieuses et de plus en plus importantes. » ¹
• Cette prise de parole a depuis été largement diffusée sur Telegram.

Alors que le Kremlin prépare l’opinion publique russe à la possibilité d’un arrêt des combats sur le front, il ne souhaite pas relâcher la pression sur la population et son expression politique.

• La censure militaire qui verrouille le pays est en effet motivée par la « guerre informationnelle » contre l’Occident.
• En juillet, le porte-parole du Kremlin, Peskov, expliquait que « c’est maintenant le temps de la censure militaire — sans précédent pour notre pays », car « la guerre se déroule aussi dans l’espace informationnel » et qu’« il serait irresponsable de fermer les yeux sur les médias qui s’emploient délibérément à discréditer la Russie » ².
• Depuis l’invasion de l’Ukraine, plus de 25 000 sites ont été bloqués dans le cadre de la censure militaire selon une enquête menée par Roskomsvoboda ³ et plusieurs journalistes ont été condamnés par des tribunaux secrets à des peines sévères de prison de plusieurs années pour avoir publié des informations jugées fausses sur l’armée russe ⁴.

« La guerre éternelle » est un thème de plus en plus présent en Russie, même dans le discours officiel, comme l’ont montré plusieurs sociologues et spécialistes.

• Dans son entretien avec le Grand Continent, l’un des architectes de la géopolitique de Poutine allait jusqu’à essentialiser cette dimension dans le code génétique russe : « la guerre est dans les gènes des Russes ».