La délégation russe comprendra Iouri Ouchakov, le principal conseiller de Poutine en matière de politique étrangère depuis plus d’une décennie, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, le ministre de la Défense Andreï Belousov, le ministre des Finances Anton Siluanov et le directeur du Fonds d’investissement direct russe, Kirill Dmitriev.
- Ils seront accompagnés par dix autres personnalités.
- Il s’agit de la première rencontre entre un président américain et un président russe depuis 2021 — et ce sera la première visite sur le sol américain de Poutine depuis 10 ans.
- Une conférence de presse conjointe entre les deux dirigeants devrait avoir lieu à la fin de leur rencontre — Trump a toutefois déclaré qu’il pourrait décider de tenir une conférence de presse tout seul si « la réunion ne se passe pas bien ».
La Maison Blanche et Trump ont tenté, ces derniers jours, de diminuer les attentes par rapport à la rencontre.
- Le président américain a déclaré dans un premier temps qu’il s’agit d’une « rencontre exploratoire » visant à inciter la Russie à mettre fin à la guerre en Ukraine.
- Il aurait toutefois déclaré, lors d’une réunion téléphonique avec les dirigeants européens et le président ukrainien Zelensky, mercredi 13 août, que son objectif était d’obtenir un cessez-le-feu. Il aurait également affirmé que les États-Unis étaient prêts à fournir des garanties de sécurité pour assurer un accord de paix, mais pas dans le cadre de l’OTAN.
- Depuis, il a publiquement menacé Poutine de « conséquences très graves » s’il n’acceptait pas de mettre fin aux combats.
- Lors d’un entretien hier, le 14 août, il a déclaré que « cette rencontre prépare la seconde », précisant que la suivante serait « très, très importante », car ce serait celle où « ils concluront un accord ». Selon lui, cette deuxième réunion, à laquelle participerait Zelensky – mais aussi potentiellement des dirigeants européens — impliquerait un « donnant-donnant » sur les frontières et les territoires. La Turquie aurait été évoquée comme possible lieu de cette rencontre.
De son côté, la Russie semble vouloir séparer les discussions sur l’Ukraine des relations bilatérales avec les États-Unis.
- Ainsi, Iouri Ouchakov a déclaré que les discussions porteraient principalement sur la guerre en Ukraine, mais qu’elles aborderaient également les questions de sécurité mondiale, ainsi qu’un « échange de vues » sur une éventuelle coopération économique entre les États-Unis et la Russie.
- Poutine aurait également indiqué son intention de commencer à travailler sur un nouveau traité de contrôle des armements avec les États-Unis 1.
Dans un entretien accordé au Corriere della Sera, Dmitry Suslov, conseiller du Kremlin, a exposé les objectifs que Vladimir Poutine pourrait poursuivre en Alaska.
- Selon lui, les présidents russe et américain devraient adopter un plan bilatéral visant à instaurer une trêve en Ukraine. Du point de vue du Kremlin, il est essentiel que cet accord soit conclu uniquement entre Moscou et Washington, sans la participation de l’Ukraine ou de l’Europe.
- Ce plan pourrait prévoir le retrait des forces ukrainiennes encore présentes dans certaines zones du Donbass, et le retrait russe des régions de Soumy, Dnipropetrovsk et Kharkiv, tout en maintenant la ligne de front inchangée ailleurs.
- Suslov rappelle qu’il y a un an, Moscou exigeait le retrait ukrainien de l’ensemble des quatre provinces annexées, mais ne demande désormais plus qu’un retrait du Donbass.
- L’élément central de cet accord serait l’engagement de l’Ukraine à ne jamais rejoindre l’OTAN. Cette promesse de rester en dehors de l’Alliance atlantique constituerait, selon Suslov, la condition préalable indispensable à toute trêve. Les accords finaux devraient ensuite inclure la démilitarisation du pays et une « réforme constitutionnelle orientée dans un sens fédéral » 2.
- Ces éléments ont déjà été exposés par le Kremlin, notamment dans le mémorandum soumis à l’Ukraine en juin.
- Le 13 août, le directeur adjoint du département de l’information et de la presse du ministère russe des Affaires étrangères, Alexey Fadeev, a également déclaré que la position de la Russie sur la résolution de sa guerre contre l’Ukraine restait « inchangée » 3.
La partie russe considère déjà cette rencontre sur le sol américain comme une victoire, alors qu’en mars 2023, la Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt visant Vladimir Poutine pour des crimes de guerre liés à l’enlèvement d’enfants ukrainiens. Depuis 2022, Vladimir Poutine a considérablement réduit ses déplacements à l’étranger, se rendant uniquement dans un cercle restreint de pays considérés comme des alliés ou des partenaires stratégiques de la Russie.
- Pour la propagande du Kremlin, cette rencontre élève la Russie au rang de puissance mondiale. Des médias russes affirment : « À cette table seront assises des personnes qui ont une réelle influence sur les processus mondiaux, et leur conversation portera sur un règlement pacifique en Europe. »
- Dans ses communications, Kirill Dmitriev fait allusion à la conférence de Yalta de 1945 affirmant que « Staline, Roosevelt, Churchill — ont gagné la Seconde Guerre mondiale » et que, de la même manière, Poutine et Trump « empêcheront la Troisième Guerre mondiale » 4.
Selon le secrétaire d’État Marco Rubio, depuis son retour à la Maison Blanche, Trump aurait parlé quatre fois avec Poutine 5. Un premier sommet États-Unis-Russie s’est tenu en Arabie saoudite le 18 février.
- Le 18 mars, un cessez-le-feu d’un mois avait été annoncé par l’intermédiaire des États-Unis et devait concerner les infrastructures énergétiques. Toutefois, les déclarations contradictoires des parties impliquées et l’absence de mécanismes visant à tenir une partie responsable d’éventuelles violations ont fragilisé tout engagement, et les deux parties se sont mutuellement accusées de violation.
- Le Kremlin a également décrété un cessez-le-feu temporaire pour Pâques, du 19 au 21 avril, rapidement violé par l’armée russe. Poutine a décrété une nouvelle trêve qui aurait dû commencer le 8 mai à minuit, mais l’Ukraine a dénoncé plus d’une centaine de violations.
- Le 16 mai et le 2 juin, des délégations ukrainiennes et russes se sont rencontrées en Turquie, sans parvenir à un accord.
Sources
- Putin Woos Trump While US Leader Tempers Summit Expectations, Bloomberg, 14 août 2025.
- Paolo Valentino, Il consigliere del Cremlino Suslov : « Ecco le condizioni di Putin per l’intesa Russia-Usa. È lui che sta offrendo a Trump una via d’uscita », Corriere della Sera, 13 août 2025.
- Moscow’s position on Ukraine unchanged ahead of Russia-US summit — MFA, TASS, 13 août 2025.
- Publication sur X, 13 août 2025.
- Trump hoping to achieve halt to Ukraine fighting in Putin talks, Rubio says, Reuters, 14 août 2025.