Il y a vingt ans, boire du Spritz en terrasse était une expérience largement circonscrite à quelques régions italiennes. Depuis le rachat d’Aperol par le groupe Campari en 2003, les ventes de la boisson ont toutefois explosé : de moins de 50 millions d’euros par an, celles-ci sont passées à 740 millions en 2024 1.

La répartition géographique des ventes du groupe Campari a elle aussi considérablement évolué.

  • L’Italie demeure aujourd’hui le principal marché de consommation d’Aperol, avec une part de marché de 25 % en 2024 — contre 53 % il y a 10 ans.
  • Les autres principaux pays européens importateurs (Allemagne, France, Autriche et Royaume-Uni) représentent quant à eux près d’un tiers (32 %) des ventes.
  • Le groupe Campari a également réussi à s’implanter solidement sur le marché américain, alors que la popularité du Spritz s’inscrit dans le cadre d’une demande croissante de liqueurs amères à base de plantes, telles que le Cynar ou le Fernet-Branca.

La croissance de Campari est aujourd’hui tirée vers le haut par l’Aperol, qui représente près d’un quart (24 %) des revenus du groupe contre moins de 5 % il y a vingt ans. 

  • Aux États-Unis, le groupe a bénéficié aussi d’une popularité grandissante du Prosecco, qui constitue la base du Spritz, mais également de la diffusion de la culture très méditerranéenne de l’apéritif, adaptée en Amérique du Nord aux « afterworks » 2.
  • Cette ascension pourrait toutefois être freinée par la guerre commerciale menée par l’administration américaine : dans le cadre de l’accord annoncé par la présidente de la Commission européenne et le président des États-Unis, les vins et spiritueux européens sont soumis à des droits de douane de 15 %. En 2023, les vins et spiritueux en provenance des 27 représentaient 17 % de l’ensemble de l’alcool consommé aux États-Unis 3.

Plus généralement, cette demande pour le Spritz est également générationnelle.

  • Aux États-Unis, près des deux-tiers (65 %) des 18-34 ans disent que la consommation modérée d’alcool est mauvaise pour leur santé.
  • Si les Européens demeurent les principaux consommateurs d’alcool au monde, avec environ 9 litres d’alcool par an, la consommation est en baisse par rapport aux 13 litres par personne consommées en moyenne dans les années 1980.

La génération Z, des deux côtés de l’Atlantique, a quant à elle beaucoup plus tendance à privilégier la sobriété. En France, seuls 10 % de ceux née entre la fin des année 1990 et le début des années 2010 déclarent consommer régulièrement des spiritueux, contre 16 % pour les millennials 4.

Sources
  1.  2024 Results Presentation, Campari Group, 4 mars 2025.
  2. Jordan Valinsky, « How the spritz became the ‘cocktail of the moment’ », CNN, 4 novembre 2023.
  3. How could the US-EU alcohol tariff war affect alcohol consumption and harm ?, Institute of Alcohol Studies, 25 mars 2025.
  4. « La génération Z consomme moins d’alcool que ses aînés », Statista, 6 janvier 2025.