Comme anticipé hier, Donald Trump et Vladimir Poutine se rencontreront le 15 août en Alaska pour discuter d’un éventuel accord de paix concernant la guerre en Ukraine, incluant la possibilité d’échanges territoriaux.

  • Les conditions de la rencontre confirmée par l’agence russe TASS semblent répondre aux demandes russes : une rencontre bilatérale est déjà une victoire stratégique pour Poutine, dont l’isolement international depuis l’invasion de février 2022 est ainsi totalement remis en question.
  • Ces derniers mois, le Kremlin avait à plusieurs reprises affirmé qu’il n’était pas question de discuter avec le président Zelensky, qu’il considérait comme un dirigeant fictif à la tête d’une autorité « illégitime ». L’invasion du pays était présentée comme une opération militaire spéciale, et non comme une guerre, afin de refuser à l’Ukraine la légitimité d’un État.
  • L’absence du président Zelensky et d’autres puissances fait craindre que la Russie obtienne des concessions inacceptables pour Kiev et contraires à la Constitution ukrainienne. Dans un communiqué diffusé dans la nuit le président Zelensky : « Les Ukrainiens ne céderont pas leurs terres à l’occupant… L’Ukraine existe. Merci à tous nos soldats d’avoir préservé notre indépendance. Soyez forts. C’est notre terre, nous sommes l’Ukraine. »
  • Donald Trump a toutefois confirmé cette perspective hier en déclarant : « Il y aura quelques échanges de territoires pour les deux parties, mais nous en parlerons plus tard. »
  • À noter : les Européens avaient présenté leur capitulation sur le front commercial comme une manière de préserver la continuité du soutien américain sur le front ukrainien.

Il s’agira de la première rencontre entre Poutine et un président américain depuis 2021, lorsque Joe Biden l’avait rencontré en Suisse, et de la première avec Trump depuis 2019.

  • En mars 2023, la Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d’arrêt visant Vladimir Poutine pour des crimes de guerre liés à l’enlèvement d’enfants ukrainiens. 
  • Les États parties à la CPI sont légalement tenus de l’arrêter s’il met les pieds sur leur territoire. Bien que les États-Unis ne soient pas membres de la CPI, cette exigence constitue un standard du droit pénal international.

Il s’agit également de la première visite de Vladimir Poutine sur le sol américain depuis dix ans.

  • Le sol de l’Alaska est américain depuis le 18 octobre 1867, date de la cérémonie à Sitka marquant le transfert officiel de la souveraineté de l’Empire russe aux États-Unis, en application du traité de cession signé le 30 mars de la même année.
  • Cette rencontre sur le sol américain pourrait marquer la fin d’un ordre international et le début d’une nouvelle phase. Comme l’écrit l’ancien conseiller de Poutine aujourd’hui en disgrâce, Vladislav Sourkov, les États-Unis de Donald Trump valident une représentation géopolitique dans laquelle de nouvelles puissances impériales se projettent dans un monde « sans frontières ».