Les perturbations du commerce international provoquées par les tarifs mis en place par Trump, n’ont pas mis fin à la hausse des exportations chinoises. Au cours des deux premiers trimestres 2025, Pékin a exporté près de 10 % plus qu’au cours de l’année précédente.

Dans le même temps, la croissance de ses importations a été stable (au deuxième trimestre) ou négative (au premier).

  • La puissance commerciale chinoise est restée largement insensible face aux tarifs de l’administration Trump — qui ont atteint jusqu’à 104 %.
  • Depuis plusieurs décennies, le soutien que les fabricants chinois ont reçu du gouvernement leur a conféré un avantage concurrentiel considérable.
  • L’économiste américain Brad Setser estime ainsi que, faute de contre-politiques industrielles, « l’essor continu de l’industrie manufacturière chinoise grignote les atouts fondamentaux de l’Europe en matière d’exportation » 1.

Si la tendance actuelle se poursuit jusqu’à la fin de l’année, la valeur du déficit commercial de l’Union avec la Chine devrait doubler par rapport à 2020, passant de 180 milliards à plus de 360 milliards d’euros — soit un chiffre supérieur à celui enregistré par les États-Unis avec la Chine en 2024 et 2023. C’est notamment en raison de la chute de ses exportations vers le marché chinois que l’économie allemande a stagné ces cinq dernières années 2.

  • Malgré un ralentissement de la demande domestique, notamment pour les matériaux de construction, la part de la Chine dans la production manufacturière mondiale continue de croître — et pourrait atteindre 40 % d’ici 2030, contre 32 % en 2023.
  • L’an dernier, les entreprises chinoises ont représenté plus de la moitié (53 %) de la production mondiale d’acier.
  • L’annonce de la construction du plus grand barrage au monde devrait conduire à une hausse de la demande d’acier et de ciment telle que celle-ci devrait faire augmenter le PIB chinois de 0,1 point de pourcentage chaque année durant une décennie.

Après une hausse de 9,5 % en 2024, Pékin continue d’investir considérablement dans le secteur manufacturier : +7,5 % cette année. Ces chiffres cachent toutefois une réalité : une part importante de ces investissements sont improductives, et se matérialisent notamment par la construction de nouvelles usines et ateliers qui ne sont pas équipés de machines en raison d’une demande insuffisante et d’un marché déjà ultra-compétitif 3.

  • Selon un rapport de l’économiste en chef du China Center of the Conference Board, Yuhan Zhang, les villes secondaires qui concentrent le plus d’investissements disposent des taux de productivité au travail parmi les plus faibles.
  • Dans les secteurs les plus saturés, les industriels peinent à réaliser des profits et acceptent des commandes non rentables. 
  • Afin d’augmenter leurs marges, les entreprises investissent massivement dans la robotisation de leurs processus de production : l’an dernier, la Chine a installé plus de 50 % des robots industriels à l’échelle mondiale.
Sources
  1. Brad Setser, China is also Fighting a Trade War with Europe (and Winning), Council on Foreign Relations, 28 juillet 2025.
  2. Sander Tordoir et Brad Setser, How German industry can survive the second China shock, CER, janvier 2025.
  3. Joe Leahy, Wenjie Ding, William Langley et Haohsiang Ko, « China struggles to break its addiction to manufacturing », Financial Times, 29 juillet 2025.