La situation très dégradée des finances publiques françaises constitue une exception en Europe. C’est ce que montre l’Observatoire français des conjonctures economiques (OFCE) dans une étude comparative fouillée publiée à la veille des annonces budgétaires pour 2026 par François Bayrou 1.
- L’écart entre le déficit public français et celui des autres pays de la zone euro s’est creusé principalement au début des années 2000, avant la crise financière de 2008, puis à nouveau depuis 2019.
- Avec comme résultat une hausse record de la dette publique française de 53 points de PIB sur la période 2000-2024, contre 44 points en Espagne, 27 en Italie et 5 en Allemagne.
- La France est désormais le troisième pays le plus endetté de l’Union, derrière la Grèce et l’Italie.
Depuis 2017, ce creusement des déficits publics ne résulte pas principalement d’une hausse des dépenses, malgré le « quoi qu’il en coûte » de la pandémie de Covid-19, mais d’une baisse importante des prélèvements obligatoires de 2,5 points de PIB, à la fois sur les ménages, notamment via la suppression de la taxe d’habitation, et sur les entreprises.
- Contrairement à ce que ses promoteurs anticipaient, cette politique n’a pas suffisamment dopé l’activité économique pour empêcher que le déficit public ne se creuse et que l’endettement public ne s’envole.
- Cette dégradation particulièrement prononcée de la situation des finances publiques françaises entraîne un besoin d’ajustement que l’OFCE estime à 100 milliards d’euros, soit 3,4 points de PIB, pour stabiliser le niveau de la dette française en % du PIB.
- Compte tenu des causes du déséquilibre accumulé ces dernières années, l’OFCE ne considère pas cependant que cet ajustement devrait être principalement mené du côté des dépenses publiques, contrairement à ce que préconise François Bayrou.
- En effet, le Premier ministre a réaffirmé son engagement à ramener le déficit budgétaire à 5,4 % du PIB cette année, puis à 4,6 % en 2026. Il devrait ainsi présenter aujourd’hui les détails d’un plan d’économies de 40 milliards d’euros.
La semaine dernière, le taux de la dette française à 5 ans a presque atteint le niveau le plus élevé de la zone euro la semaine dernière.
- Dans le même temps, les perspectives de croissance de la France se détériorent, et la production devrait désormais progresser moins que la moyenne de la zone euro : en mai, la production a de nouveau baissé dans l’industrie manufacturière (-1 % après -0,7 % en avril 2025) et plus modérément dans l’ensemble de l’industrie (-0,5 % après -1,4 %).
- La Commission européenne prévoit une croissance de 0,6 % pour 2025 (contre 0,9 % pour la zone euro et 1,1 % pour l’Union européenne).
Sources
- Eric Heyer, Mathieu Plane, Xavier Ragot, Raul Sampognaro, Xavier Timbeau, Quelles trajectoires pour les finances publiques de la France ?, OFCE, 11 juillet 2025.