Après avoir tenté de donner une image combative d’opposition à la loi budgétaire de Trump qui doit être signée aujourd’hui, vendredi 4 juillet, par le président américain, les Démocrates ont été contraints de concéder une victoire législative majeure au Parti républicain. Ils sont toutefois convaincus que celle-ci constituera un poids politique lors des élections de mi-mandat, en novembre 2026.

  • Le leader démocrate à la Chambre, Hakeem Jeffries, a prononcé un discours de près de neuf heures jeudi 3 juillet, lors du vote sur le One Big Beautiful Bill Act, dont l’objectif était de contraindre les Républicains d’adopter le texte une fois le jour levé. 
  • La séquence visait également à obtenir des images de passages qui seront diffusés dans des spots publicitaires à l’approche des élections. 
  • Avec une minorité des sièges dans les deux chambres, les capacités des démocrates sont extrêmement limitées au Congrès. Ainsi, la stratégie pour 2026 repose principalement sur une posture attentiste visant à mettre en avant les politiques impopulaires adoptées par les Républicains. 
  • C’est exactement ce que les Démocrates pensent avoir obtenu avec le passage de la loi budgétaire de Trump, dont une partie des modifications fiscales commencera à être appliquée dès cette année.

L’OBBBA est l’une des lois majeures les plus impopulaires depuis 30 ans aux États-Unis. En craignant de voir Trump soutenir un opposant lors des primaires, les élus républicains — jusqu’aux membres les plus extrémistes du House Freedom Caucus — ont notamment consenti à une hausse du plafond de la dette de 5 000 milliards de dollars. Il aurait été impensable il y a quelques années de voir une loi creusant le déficit et la dette être soutenue par la quasi-totalité des élus du Parti républicain.

  • Les Républicains semblent conscients du potentiel coût politique associé à l’OBBBA. En privé, le sénateur de Caroline du Nord Thom Tillis a déclaré en amont du vote que son parti serait « sévèrement battu en 2026 », avant d’annoncer qu’il ne se présenterait pas à sa réélection.
  • Le leader au Sénat, John Thune, qui a joué un rôle central dans le passage du texte, a quant à lui fait savoir que la mise en œuvre de certaines mesures fiscales avait été volontairement retardée de manière à « minimiser l’impact politique » 1.
  • En raison des coupes budgétaires réalisées pour financer une hausse des dépenses militaires et de lutte contre l’immigration, près de 12 millions d’Américains perdront leur accès à l’assurance maladie au cours de la prochaine décennie. 
  • La diminution de 1 000 milliards de dollars du budget de Medicaid devrait également impacter plusieurs centaines d’hôpitaux de zones rurales dans des États à majorité républicaine 2.

Les élections de 2026 — et de 2028 — se joueront en large part sur le récit que les Démocrates tenteront d’imposer face aux messages républicains. Le texte, s’il favorise les plus riches et les grandes entreprises, contient quelques mesures populaires comme la création d’un compte doté de 1 000 dollars pour les enfants nés au cours du mandat de Trump ainsi qu’une exonération fiscale pour les pourboires.

Sources
  1. « The Senate finally passes reconciliation bill », Punchbowl News, 1er juillet 2025.
  2. Edward J. Markey, Letter on Rural Hospitals, 12 juin 2025.