Après l’attaque de Trump, le régime iranien prépare sa réponse

Pour le moment, les réactions iraniennes tendent à minimiser la portée des frappes américaines.

• L’Organisation pour l’énergie atomique d’Iran (OEAI) a qualifié les attaques d’« action brutale en contradiction avec le droit international et plus particulièrement le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires » ¹.
• « Les États-Unis, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, ont commis une grave violation de la Charte des Nations unies, du droit international et du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en attaquant les installations nucléaires pacifiques de l’Iran. Les événements de ce matin sont scandaleux et auront des conséquences durables. Tous les membres de l’ONU doivent s’alarmer de ce comportement extrêmement dangereux, illégal et criminel. Conformément à la Charte des Nations unies et à ses dispositions autorisant une riposte légitime en cas de légitime défense, l’Iran se réserve toutes les options pour défendre sa souveraineté, ses intérêts et son peuple. »
• L’ambassadeur iranien auprès des Nations unies a demandé la convocation d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité.

La dénonciation des attaques au nom du droit international a pour résultat de minimiser leur portée. Personne n’évoque la destruction totale des sites.

• Dans sa déclaration, l’Organisation de l’énergie atomique d’Iran n’a toutefois pas nié la destruction des sites nucléaires.

Selon plusieurs médias iraniens, l’uranium enrichi présent sur le site d’Ispahan aurait été déplacé avant les attaques ². 

• Anwaj Media a rapporté dans la matinée que, d’après une source iranienne, les Américains avaient prévenu les Iraniens avant l’attaque, ce qui aurait permis aux employés de quitter les installations, et peut-être de déplacer l’uranium enrichi ³. 
• L’Iran avait annoncé ouvrir un autre centre d’enrichissement à la suite de la résolution du Conseil des gouverneurs de l’AIEA du 12 juin qui mettait en évidence plusieurs préoccupations selon lesquelles l’Iran n’aurait pas coopéré, y compris « à plusieurs reprises, ne fournissant pas à l’Agence d’explications techniquement crédibles sur la présence de particules d’uranium d’origine anthropique à plusieurs emplacements non déclarés en Iran ». Le directeur de l’OEAI, Mohammad Eslami, avait déclaré : « Le nouveau site est entièrement construit et situé dans un endroit sécurisé et invulnérable. Dès que l’installation et la mise en service des centrifugeuses seront terminées, l’enrichissement commencera. »
• Le New York Times rapporte aussi que des images satellites montrent une activité inhabituelle près du tunnel d’entrée du site nucléaire de Fordo dans les jours précédant les frappes américaines. Le 19 juin, 16 camions étaient stationnés sur place avant d’être déplacés le lendemain, tandis que d’autres engins, dont des bulldozers, restaient visibles. Ces mouvements pourraient suggérer que l’Iran a préparé le site pour l’attaque.

La République islamique a plusieurs options pour réagir aux bombardements américains, et sa réponse déterminera la suite de la confrontation. Le ministre des affaires étrangères Abbas Araghchi a déclaré lors d’une conférence de presse que l’Iran « se réserve toutes les options pour défendre ses intérêts en matière de sécurité ainsi que son peuple » avant d’ajouter : « Mon pays a été attaqué, agressé, et nous devons répondre conformément à notre droit légitime à la légitime défense ». 

• Araghchi sera ce lundi, 23 juin à Moscou pour une rencontre avec Poutine. 
• L’Iran poursuit actuellement ses attaques sur le sol israélien. Ce matin, le commandant Imam Tadjik, porte-parole des Gardiens de la Révolution, a ainsi déclaré qu’ils avaient ciblé l’aéroport Ben Gourion, un centre de recherche biologique israélien et des centres de commandement militaire ⁴. 
• Téhéran pourrait aussi décider de sortir du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, une mesure qui avait déjà été envisagée  notamment par le Parlement, à la suite des attaques israéliennes du 12-13 juin
• D’après l’analyste Hamid Reza Azizi, Téhéran pourrait ne pas sortir immédiatement du TNP, renvoyer les inspecteurs, expliquer publiquement qu’il ne sait pas où se trouve l’uranium enrichi à cause des bombardements et du contexte militaire.
• Dans un second temps, l’Iran pourrait sortir du TNP, et suggérer qu’il a développé un programme militaire sans pour autant effectuer de tests nucléaires ⁵. 
• L’Iran pourrait également expulser les inspecteurs internationaux chargés de la vérification des sites nucléaires iraniens ou viser la centrale nucléaire israélienne de Dimona.

La fermeture du détroit d’Ormuz, comme le demande le rédacteur en chef du journal ultraconservateur Kayhan, pourrait également être à l’étude.  Ce dernier, qui se présente comme l’un des principaux conseillers du guide, a proposé de « bombarder la flotte américain au Bahreïn, ferme le détroit d’Ormuz aux navires américains, britanniques, allemands et français, et tuer tous ceux que vous trouvez ».