Donald Trump déteste célébrer ses anniversaires. D’ordinaire, ces dernières années, le président républicain passe le 14 juin dans l’un de ses clubs de golf — notamment à Bedminster, dans le New Jersey —, ou bien rassemble en petit comité certains de ses plus fidèles supporters à West Palm Beach, où se trouve sa résidence de Mar-a-Lago.
Selon son ex-femme Ivana, cette réticence croît avec l’âge. Aujourd’hui, Trump fêtera son 79e anniversaire, mais l’ambiance cette année sera très différente des précédentes.
- Lors de sa victoire à l’élection présidentielle de novembre, Trump s’est félicité d’avoir réalisé le « Greatest Comeback » de l’histoire en devenant le deuxième président américain à servir deux mandats non-consécutifs — après Grover Cleveland un siècle plus tôt.
- Depuis, Donald Trump s’est débarrassé de tous les garde-fous qui avaient tenté durant son premier mandat de le tempérer.
- Inquiet quant aux sauts d’humeurs du président et à ses capacités cognitives, le chef d’état-major de Trump, Mark A. Milley, avait notamment organisé une réunion secrète avec des responsables militaires afin de s’assurer que ces derniers ne laisseraient pas le président lancer une attaque nucléaire sans qu’il ne soit dans la boucle 1.
Entre ses deux mandats, Trump s’est constitué en martyr en dénonçant le harcèlement de l’administration Biden et de ce qu’il qualifie de « justice instrumentalisée », raillé sur les plateaux télé des médias mainstream et abandonné par une partie de ses anciens soutiens suite à sa défaite de 2020. Depuis qu’il est de retour à la Maison-Blanche — et soutenu par un cabinet sélectionné pour sa loyauté —, Trump réalise tout ce qu’il n’a pas pu faire lors de son premier mandat.
Ainsi, fruit d’une heureuse coïncidence, le président américain a choisi d’organiser aujourd’hui, date de son anniversaire, un défilé militaire à Washington — le premier depuis la célébration par Bush de la victoire américaine lors de l’opération Tempête du désert, en 1991.
- En parfaite rupture avec le decorum washingtonien et après avoir mis en scène une politisation de l’armée inédite depuis des décennies lors d’un discours à Fort Bragg mardi 10 juin, Trump a décidé d’organiser une journée de célébrations taillée sur mesure.
- De 9h30 à 12h30 (heure de Washington), la journée s’ouvrira avec une « compétition » de fitness dans le parc National Mall, qui relie le Capitole au Lincoln Memorial.
- Celle-ci sera suivie par un « festival de l’armée américaine », de 11h du matin à 18h, au cours duquel il sera possible de rencontrer des soldats et des astronautes, découvrir les équipements de l’armée et manger du gâteau.
À 18h30, 200 000 personnes pourront assister au défilé militaire. Celui-ci consistera en une reproduction historique du premier quart de millénaire de l’U.S. Army, avec environ 7 000 soldats en treillis et costume d’époque (de la guerre d’indépendance jusqu’aux conflits contemporains) qui défileront sur 1,5 kilomètre le long de Constitution Avenue, de la 23e rue jusqu’au parc de l’Ellipse. C’est à cet endroit précis que Trump avait prononcé un discours de 73 minutes le 6 janvier 2021 avant qu’une foule ne prenne d’assaut le Capitole.
- À seulement 2 kilomètres du siège du Congrès, l’équipe de parachutistes de l’armée américaine, les Golden Knights, sauteront d’un avion pour remettre au président un drapeau plié.
- Avant ce moment, qui marquera la fin du défilé, 28 chars Abrams M1A1, 28 Bradley, 28 Strykers et 4 canons automoteur Paladins rouleront sur des plaques métalliques disposées sur le bitume pour ne pas abîmer la chaussée de la capitale.
- Cette problématique s’était déjà posée le 4 juillet 2019, lorsque 2 Abrams avaient été acheminés par Trump jusqu’au Lincoln Memorial à l’occasion de la fête nationale.
- Les chars étaient toutefois restés statiques, contre le souhait du président qui avait été inspiré deux ans auparavant par le défilé français du 14 juillet.
- Des équipements historiques seront également mis à l’honneur, comme le char M4 Sherman et l’avion de transport Douglas C-47 Skytrain de la Seconde Guerre mondiale.
- Dans les airs, les spectateurs pourront voir le passage d’une cinquantaine d’hélicoptères Apache, Black Hawk et Chinook ainsi que des bombardiers North American B-25 Mitchell et des avions de chasse P-51 Mustang, fierté de l’aviation américaine face au Spitfire britannique — qui fut également équipé d’un moteur Rolls-Royce.
- En addition, 34 chevaux, 2 mules et un chien défileront aux côtés de l’armée.
Un concert auquel prendront part les chanteurs country Noah Hicks et Scotty Hastings viendra clôturer l’événement, avant de laisser place à un feu d’artifice, tiré au crépuscule. Celui-ci pourrait toutefois être perturbé par la météo, le National Weather Service prévoyant de la pluie voire un orage dans la soirée. À quelques kilomètres, des milliers de manifestants seront rassemblés dans le cadre du mouvement « No Kings », présenté comme une « journée de résistance pour dire non aux trônes, aux couronnes et aux rois ».
Aujourd’hui, samedi 14 juin, le président américain organise dans la capitale fédérale un défilé militaire — le premier depuis 1991. À cette occasion, les 250 ans d’histoire de l’armée américaine seront mis à l’honneur à travers des costumes et équipements historiques allant de la guerre d’indépendance à nos jours.
Cette célébration s’inscrit dans une journée marquée par deux assassinats politiques de leaders démocrates.
- Melissa Hortman, ex-présidente démocrate de la Chambre du Minnesota, et son mari Mark ont été tués par balles dans leur résidance ; le sénateur John Hoffman et sa femme Yvette ont été grièvement blessés lors de la même attaque.
- Le tireur, déguisé en policier, a laissé dans sa voiture un manifeste politique, une liste de cibles comprenant les deux parlementaires, ainsi que des tracts portant la mention « No Kings », en lien probable avec les manifestations anti-Trump prévues aujourd’hui.
- L’agresseur a été repéré par la police vers 2h du matin mais a réussi à s’échapper après avoir tiré sur les agents. Il est décrit comme un homme blanc aux cheveux bruns, vêtu d’un gilet pare-balles.
- Le gouverneur du Minnesota, Tim Walz, a dénoncé une attaque politique préméditée et appelé à la prudence lors des manifestations.
- Le président Trump a condamné l’attentat sur les réseaux sociaux : « J’ai été informé de la terrible fusillade qui a eu lieu dans le Minnesota, qui semble être une attaque ciblée contre des législateurs de l’État. Notre procureur général, Pam Bondi, et le FBI enquêtent sur la situation et poursuivront toute personne impliquée avec toute la rigueur de la loi. Une telle violence ne sera pas tolérée aux États-Unis d’Amérique. Que Dieu bénisse les habitants du Minnesota, un endroit vraiment formidable ! »