Depuis le début de l’année, le rouble s’est apprécié de près de 30 % face au dollar américain. Boostée à la fin du mois de janvier par l’investiture de Trump, vu par les marchés comme étant favorable au président russe à une potentielle ouverture vers la Russie, la monnaie a continué de s’apprécier dans un contexte marqué par une baisse des prix du pétrole et du dollar américain 1.
- L’objectif affiché par Trump de parvenir à un règlement de la guerre en Ukraine a également suscité l’intérêt des investisseurs américains et moyen-orientaux principalement, qui attendent la levée des sanctions afin de pouvoir retourner dans le pays.
- Ces dernières semaines, de nombreux acteurs du marché ont manifesté un intérêt marqué pour certains produits dérivés permettant d’échanger le rouble par le biais de contrats à terme non-livrables (ou NDF), qui n’impliquent pas l’achat direct d’actifs.
- L’investissement sur les marchés financiers russes demeure toutefois largement un sujet tabou, la plupart des banquiers et gestionnaires de fonds déconseillant cette prise de risque à leurs clients qui veulent être parmi les premiers à profiter de la réouverture des marchés russes.
Pour Moscou, un rouble trop élevé face au dollar américain présente de nombreux risques. Selon un haut responsable qui s’est confié à l’agence Reuters, il existe un « large intérêt » pour un taux de change autour de 100 roubles pour un dollar, contre environ 80 actuellement 2. Si la surévaluation de la monnaie russe permet aux touristes russes de profiter de vacances à des prix plus abordables, elle rend également les exportations moins compétitives.
Or, le gouvernement russe pourrait utiliser des recettes supplémentaires générées par un rouble plus faible pour renflouer ses caisses.
- La Russie anticipe une baisse de 24 % de ses revenus tirés du gaz et du pétrole pour cette année. Afin de compenser cette perte, Moscou sera certainement contraint de puiser dans son fonds souverain — probablement à hauteur de 400 à 500 milliards de roubles 3 —, dont les avoirs liquides ont diminué de près de 25 % entre janvier 2024 et 2025.
- En raison de la baisse des prix du pétrole ainsi que des sanctions occidentales, le déficit budgétaire de Moscou devrait tripler cette année pour atteindre 1,7 % du PIB en 2025, soit trois fois plus que dans la précédente estimation du Kremlin (0,5 %).
Un rouble situé à autour de 110 à 120 pour un dollar, serait quant à lui « bénéfique pour le budget » et augmenterait les recettes tirées des exportations d’hydrocarbures. Il contribuerait en revanche à une hausse de l’inflation — qui se situe déjà à 10,2 % en avril.
Sources
- « Рублю обосновали рост », Коммерса́нтъ, 14 avril 2025.
- Darya Korsunskaya, « Hundred roubles to dollar would be acceptable, says Russian government source », Reuters, 19 mai 2025.
- « Правительство внесло в Госдуму поправки к федеральному бюджету 2025 года », Интерфакс, 12 mai 2025.