Le week-end dernier, l’Ukraine a posé — avec le soutien des pays européens et des États-Unis — un ultimatum à la Russie : accepter la mise en place d’un cessez-le-feu de 30 jours à partir du 12 mai, ou faire face à de nouvelles sanctions massives et coordonnées sur ses secteurs énergétique et banquier. Poutine a de facto refusé de suspendre les combats, maintenant ses offensives, mais a lancé une invitation à Zelensky pour reprendre les négociations directes, abandonnées au printemps 2022.
Si le président ukrainien a répété qu’il était prêt à rencontrer Poutine en personne à Istanbul aujourd’hui, jeudi 15 mai, le président russe a finalement annoncé envoyer une délégation pour le représenter.
- En annonçant à la dernière minute hier, mercredi 14 mai, qu’il ne se rendrait pas personnellement en Turquie, Poutine a signalé qu’il ne souhaitait pas parvenir à un accord, mais plutôt continuer de gagner du temps pendant que son armée progresse sur le terrain en Ukraine.
- La délégation russe sera ainsi menée par le conseiller de Poutine Vladimir Medinsky, qui avait également piloté le premier cycle de négociations avec l’Ukraine dans les semaines ayant suivi le lancement de l’invasion à grande échelle, en février 2022.
- La partie russe insiste ce faisant sur son intention de « prendre en compte les résultats des négociations interrompues en 2022 et de la situation sur le terrain », ce qui suggère que Moscou entend maintenir ses demandes maximalistes.
L’Ukraine n’a toujours pas annoncé la composition de sa délégation, mais suite au refus de Poutine, Zelensky a indiqué qu’il n’y participerait pas — bien qu’il se trouvera au même moment à Ankara pour s’entretenir avec Erdoğan. En conséquence, Donald Trump, qui avait sous-entendu qu’il serait prêt à jouer le rôle de médiateur, sera lui aussi absent.
Mais Poutine pourrait avoir obtenu ce qu’il cherchait : convaincre le président américain qu’il n’est pas un obstacle à un accord de paix.
- Les menaces de sanctions additionnelles lancées le week-end dernier ne se sont, pour l’heure, pas matérialisées.
- Les États membres de l’Union devraient approuver en début de semaine prochaine leur 17e paquet de sanctions, mais l’annonce des négociations d’Istanbul remet en question l’imposition de nouvelles sanctions américaines.
- Selon plusieurs diplomates européens, ukrainiens et américains, Donald Trump serait désormais réticent à annoncer de nouvelles mesures contre la Russie en faisant usage de son pouvoir exécutif 1.
- Le président américain serait toutefois prêt à laisser le Congrès voter de nouvelles sanctions, à l’initiative du sénateur républicain Lindsey Graham, prévoyant des tarifs douaniers de 500 % sur les importations aux États-Unis en provenance de pays qui achètent des ressources énergétiques russes (gaz naturel, pétrole, uranium) 2.
Les prochaines actions américaines dépendront vraisemblablement des résultats des négociations qui auront lieu aujourd’hui et probablement demain, vendredi 16 mai, à Istanbul.
Sources
- Ellen Francis et John Hudson, « Planned Russia-Ukraine talks upend European push for U.S. sanctions on Moscow », The Washington Post, 14 mai 2025.
- Patrick Wintour, « Trump ally to brief European leaders on sanctions to weaken Russia’s economy », The Guardian, 14 mai 2025.