Alors que l’attention diplomatique de l’administration Trump s’est concentrée ces dernières semaines sur la guerre en Ukraine et le programme nucléaire iranien, la situation à Gaza a continué de se détériorer. 

Le Cabinet de sécurité israélien a approuvé dimanche 4 mai un nouveau plan, nommé « Chariots de Gédéon » — nom tiré du personnage biblique du Livre des Juges.

  • Des responsables israéliens ont déclaré que celui-ci visait à « vaincre complètement le Hamas ». Pour ce faire, Jérusalem compte envahir la bande de Gaza avec quatre voire cinq divisions blindées et d’infanterie et progressivement occuper militairement la totalité de l’enclave.
  • L’armée israélienne aura pour objectif de raser au fur et à mesure de sa progression tous les bâtiments restants ainsi que les réseaux de tunnels utilisés par le Hamas et d’autres groupes terroristes.
  • La quasi-totalité de la population vivant dans l’enclave, soit environ 2 millions de personnes, sera déplacée de force vers la région de Rafah, à la frontière avec l’Égypte 1.

Cette décision est largement impopulaire en Israël. Dans le cadre de l’intensification de ses opérations à Gaza, plusieurs dizaines de milliers de réservistes seront appelés afin d’être déployés sur le territoire israélien mais également dans l’enclave ainsi qu’en Syrie et au Liban 2. En signe de contestation, entre 50 et 60 % seulement des réservistes appelés se sont présentés dans leurs unités au cours des dernières semaines 3.

  • Selon le plan adopté par le Cabinet de sécurité, les Palestiniens déplacés recevront de l’aide humanitaire dans des complexes actuellement en cours de construction à proximité de Rafah.
  • Or, les Nations unies et la totalité des organisations non-gouvernementales venant en aide à la population de l’enclave ont fait savoir qu’elles ne participeraient pas à ce nouveau plan car celui-ci contrevient aux principes humanitaires fondamentaux 4.
  • La distribution de denrées alimentaires et d’aide humanitaire serait à la place assurée par une fondation privée. Une entreprise privée américaine serait quant à elle en charge de la logistique et de la sécurité dans cette zone.

Après 19 mois de guerre suite à l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, 59 otages israéliens sont toujours détenus dans la bande de Gaza (dont 24 seraient toujours en vie) et le groupe terroriste, bien que considérablement affaibli, continue d’opérer dans l’enclave.

Israël bloque tout accès de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza depuis le 2 mars, soit la période la plus longue depuis le 7 octobre 2023.

  • Le 1er mai, les Nations unies ont dénoncé une « punition collective cruelle » à l’encontre de la population de l’enclave. En un an et demi, plus de 50 000 Palestiniens ont trouvé la mort dans les bombardements israéliens.
  • Lundi 5 mai, Donald Trump a déclaré : « Nous allons aider la population de Gaza à se procurer de la nourriture […] Les gens meurent de faim et nous allons les aider à se nourrir. Beaucoup de gens agissent de manière très répréhensible ».
  • Dans l’enclave, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 150 à 700 % par rapport aux niveaux d’avant octobre 2023. L’ONU dispose actuellement de 170 000 tonnes de nourriture prêtes à être livrées dans la bande de Gaza dès qu’Israël aura levé les restrictions 5.

Le Cabinet de sécurité israélien s’est fixé le 15 mai comme date butoir pour parvenir à un accord avec le Hamas sur la libération des otages, faute de quoi l’opération Chariots de Gédéon sera lancée. Cette date coïncide avec la fin prévue de la tournée de Donald Trump au Moyen-Orient, qui verra le président américain se rendre en Arabie saoudite, au Qatar puis aux Émirats arabes unis. Israël pousse actuellement pour que Trump s’arrête brièvement en Israël lors de sa visite dans la région 6.