Vladislav Zubok, The World of the Cold War (1945-1991), Pelican
« Dans ce guide complet sur le conflit le plus important de l’histoire contemporaine, Vladislav Zubok retrace les origines de la guerre froide dans l’Europe d’après-guerre, à travers les décennies tumultueuses de confrontation, jusqu’à la chute du mur de Berlin et au-delà.
Il soutient que la guerre froide, souvent considérée comme une lutte existentielle entre la démocratie capitaliste et le communisme totalitaire, a longtemps été mal comprise.

Remettant en question le discours populaire en Occident selon lequel la supériorité économique et les valeurs démocratiques auraient conduit les États-Unis à la victoire, il met en lumière l’impact des acteurs non occidentaux et replace la guerre dans le contexte de la décolonisation.
Il s’interroge sur ce qui se passe lorsque la stabilité et la paix ne sont plus la norme, lorsque les traités sont rompus et que la diplomatie cesse de fonctionner. S’appuyant sur des années de recherche et sur les trois décennies passées par Zubok en URSS, puis trois autres en Occident, The World of the Cold War brosse un portrait saisissant d’un monde au bord du gouffre. »
Parution le 1er mai.
Beatriz Bragoni (dir.), Las mujeres de la Revolución, Edhasa

« Les révolutions forgent l’histoire.
Elles surgissent, inexorables, et changent radicalement le présent, et donc l’avenir.
Elles font et défont les tissus sociaux, politiques et économiques.
Elles relient des événements apparemment fortuits en nœuds solides, noyaux fondamentaux de notre trame collective.
Les vies individuelles, petites et anonymes, sont transformées. La révolution les rend extraordinaires.
C’est le cas des femmes qui peuplent ces pages. Des femmes dont l’existence a été reléguée aux oubliettes ou, dans le meilleur des cas, subordonnée à celle des hommes en tant que personnages secondaires. Mais leurs actions, leurs destins et leurs décisions ont marqué l’histoire.
On y parle de paysannes et de caciques, de femmes brunes et métisses, de Buenos Aires et du Paraguay dans les premières décennies du XIXe siècle. Du destin de femmes réalistes et de princesses transatlantiques ; de l’intime et du privé comme contrepartie inévitable du public.
Sous la direction de Beatriz Bragoni, Las mujeres de la Revolución rassemble un collectif d’historiennes et d’anthropologues afin de donner corps et voix au réseau féminin qui a façonné la vie publique et privée à l’âge des révolutions. »
Parution le 1er mai.
Mark M. Lowenthal, Vigilance Is Not Enough. A History of United States Intelligence, Yale University Press

« Chaque nation dispose d’un appareil de renseignement, c’est-à-dire d’un moyen permettant à ses plus hauts responsables d’obtenir les informations nécessaires sur des questions sensibles.
Mais chaque nation le fait différemment — en fonction de son histoire, de sa situation géographique et de ses traditions politiques.
Dans cet ouvrage, Mark M. Lowenthal examine le développement des services de renseignement américains afin d’expliquer comment et pourquoi les États-Unis sont passés, en l’espace de quelques années, d’une absence quasi totale de services de renseignement à une position de puissance mondiale dominante dans ce domaine. Il aborde également les choix difficiles à faire pour maintenir cette domination dans une démocratie libérale.
Il décrit comment l’absence de tradition en matière d’espionnage a à la fois entravé et favorisé les efforts américains pour développer des services de renseignement pendant et après la Seconde Guerre mondiale.
Il souligne le pragmatisme politique — qui a conduit à des choix difficiles — avec lequel la plupart des directeurs des services de renseignement ont opéré ; la tension constante entre la sécurité et les libertés civiles dans une démocratie constitutionnelle ; la tension entre la nécessité du secret et la responsabilité requise pour une gouvernance démocratique ; et la manière dont l’importance croissante de la technologie a modifié à la fois les méthodes et les objectifs de la collecte de renseignements. »
Parution le 6 mai.
Andrew Preston, Total Defense. The New Deal and the Invention of National Security, Harvard University Press

« La sécurité nationale peut sembler être une notion intemporelle.
Les États ont toujours cherché à se fortifier et l’État moderne tire sa légitimité de la protection de sa population.
Pourtant, la notion de sécurité nationale a en réalité une histoire très particulière — très américaine, et très surprenante.
Le concept de sécurité nationale est apparu dans les années 1930, dans le cadre d’une campagne de la Maison-Blanche en réponse à la montée du fascisme.
Avant cela, la légitimité de la défense nationale était définie comme la protection du territoire souverain contre toute invasion. Mais le président Franklin D. Roosevelt et son entourage craignaient que le public américain, rassuré par deux vastes océans, ne prenne pas au sérieux les risques à long terme posés par l’hypermilitarisation de puissances étrangères.
Selon Andrew Preston, les partisans du New Deal ont développé la doctrine de la sécurité nationale pour remplacer l’ancienne idée d’autodéfense : désormais, même les menaces géographiquement et temporellement éloignées devaient être considérées comme des dangers à combattre, tandis que les concurrents idéologiques représentaient une menace pour le « mode de vie américain ».
Total Defense montre que ce n’est pas un hasard si un libéral comme Roosevelt a promu cette vision.
La sécurité nationale, tout comme la sécurité sociale, était une promesse du New Deal : l’État était tenu de protéger les Américains autant des armes et des navires de guerre de l’Allemagne nazie et du Japon impérial que du chômage et de la pauvreté des personnes âgées. Le changement de perception de la menace qui en a résulté, tant chez les décideurs politiques que chez les citoyens ordinaires, a transformé les États-Unis, entraînant une expansion massive du gouvernement et plaçant le pays dans un état de guerre permanent. »
Parution le 6 mai.
Pierre Cornu, Stéphane Frioux, Anaël Marrec, Charles-François Mathis et Antonin Plarier, Les natures de la République. Une histoire environnementale de la France 1870-1940 (vol. 2), La Découverte

« Moment pivot dans l’histoire environnementale de la France, la IIIe République est profondément marquée, jusque dans son idéologie, par une certaine conception de la nature et de l’environnement.
Elle se distingue par une identité duale, tout à la fois celle de la petite paysannerie et des paysages ruraux, et celle des hauts lieux de la modernité dont Paris est l’archétype.
La période prise entre les bouleversements du premier XIXe siècle et la « Grande Accélération » d’après 1945, se caractérise par un fort volontarisme politique qui cherche à accompagner le « progrès » — notamment celui porté par la deuxième industrialisation — dans les transformations qu’il fait subir au territoire. Si les moyens ne sont pas toujours à la hauteur, l’ambition est là : jardiner le plus intensément possible la France, la rendre productive dans tous ses recoins pour favoriser la prospérité de la nation. Cette mise à profit des ressources naturelles s’appuie également sur un empire colonial qui s’étend et se structure, et dont l’environnement est bouleversé par le prométhéisme républicain et sa logique d’extraction.
Pour ce régime, né et mort de défaites militaires, et qui a dû affronter les horreurs du premier conflit mondial, la guerre est l’horizon constant : elle détermine à son tour un rapport singulier à une nature à mobiliser ou à soigner. La IIIe République est ainsi ce moment historique singulier, tissé d’audace et de prudence dans le rapport des contemporains à la modernité et à l’environnement, où s’esquisse le visage de la France d’aujourd’hui. »
Parution le 7 mai.
Découvrir notre grand entretien sur le premier volume de l’Histoire environnementale de la France
Giorgio Agamben, Quaderni, Volume II (1981-1984), Quodlibet

« Ce deuxième volume poursuit l’édition intégrale des Cahiers de Giorgio Agamben.
Ils contiennent des notes de réflexion, d’étude et de lecture, ainsi que des annotations sur des personnes, des rencontres et des événements particuliers. Ils constituent peut-être la partie la plus vivante et la plus précieuse de son œuvre.
Les notes qui composent ce volume se situent chronologiquement juste après la publication de Il linguaggio e la morte (1982) et forment le principal laboratoire de recherche pour la préparation de Idea della prosa (1985). Outre des thèmes et des motifs inédits, on reconnaît les matériaux qui ont accompagné la rédaction de certains essais fondamentaux de ces années-là, des textes sur le langage à ceux sur la langue de la poésie, sur l’histoire, sur Kafka, jusqu’aux recherches et découvertes relatives à l’œuvre de Walter Benjamin.
Les notes d’étude côtoient des notes plus personnelles sur ses rencontres avec, entre autres, Elsa Morante, Giorgio Caproni, Carlo Betocchi, Ruggero Savinio et José Bergamín. »
Parution le 8 mai.
Marcus Rediker, Freedom Ship. The Uncharted History of Escaping Slavery by Sea, Viking

« Pas moins de 100 000 esclaves ont réussi à fuir les horreurs de l’esclavage dans le Sud avant la guerre de Sécession, trouvant refuge dans un réseau de passages clandestins à travers l’Amérique du Nord, aujourd’hui connu sous le nom de « chemin de fer clandestin » (Underground Railroad).
Cependant, les images de fugitifs transportés clandestinement d’une maison sûre à une autre ne rendent pas compte de toute l’ampleur de ces voyages éprouvants : de nombreuses évasions ont eu lieu non pas par voie terrestre, mais par voie maritime.
Freedom Ship offre un regard nouveau sur le monde secret des passagers clandestins et des navires qui les ont transportés vers la liberté à travers le Nord et jusqu’au Canada.
S’étendant des voies fluviales complexes des Carolines aux rives de la baie de Chesapeake et aux ports de Boston, ces récits mettent en lumière les histoires méconnues de ceux qui ont cherché la liberté en prenant la mer, parmi lesquels le légendaire abolitionniste Frederick Douglass et Harriet Tubman, l’une des architectes les plus célèbres du chemin de fer clandestin. »
Parution le 13 mai.
Marco Albino Ferrari, La montagna che vogliamo. Un manifesto, Einaudi

« Les montagnes italiennes sont un mélange de différences, une variation continue de paysages et de cultures, une succession de grands silences et de foules tout aussi importantes, de problèmes destinés à s’aggraver et de solutions vertueuses qui pourront être considérées comme le paradigme d’un changement plus large.
Aujourd’hui, la conjoncture est favorable à la création d’une « nouvelle montagne ».
On peut s’attendre à ce qu’elle devienne le lieu où seront mises en œuvre des stratégies d’adaptation au changement climatique et aux grandes nouveautés qui touchent le monde entier.
Si l’on mise sur une nouvelle forme de communautarisme fondé sur la protection de l’environnement, le sens de la mesure — très ancré dans la vie montagnarde — la responsabilité horizontale envers nos voisins et verticale envers ceux qui viendront après nous, les hautes terres représenteront une nouvelle idée de la vie.
Il était temps de rédiger un manifeste pour dire haut et fort quelle montagne nous voulons. »
Parution le 13 mai.
Edward Luce, Zbig. The Life of Zbigniew Brzezinski, America’s Great Power Prophet, Simon & Schuster

« Zbigniew Brzezinski a été l’un des principaux architectes de la chute de l’Union soviétique, qui a mis fin à la guerre froide.
Enfant de Varsovie, au cœur des terres de sang de l’Europe centrale, Brzezinski a transformé sa haine féroce envers le pillage de sa patrie par l’Allemagne nazie et l’Armée rouge en une quête permanente de liberté. Né l’année où Joseph Staline consolidait son pouvoir et décédé quelques mois après le début du premier mandat de Donald Trump, Brzezinski a été façonné par les luttes de pouvoir mondiales du XXe et du début du XXIe siècle, qu’il a lui-même contribué à façonner. Conseiller des présidents américains de John F. Kennedy à Barack Obama et figure de proue de la politique étrangère à la fin des années 1970 sous Jimmy Carter, Brzezinski a converti sa renommée de soviétologue en pouvoir à Washington. Avec Henry Kissinger, son rival de toujours avec lequel il entretenait une relation tumultueuse, il incarnait la nouvelle génération d’universitaires d’origine étrangère qui s’épanouissait dans l’« université de guerre froide » américaine et qui a évincé la classe gentleman des WASP de Washington qui dirigeait la politique étrangère américaine depuis si longtemps.
L’influence de Brzezinski, renforcée par son amitié inhabituelle avec le pape Jean-Paul II, d’origine polonaise, découlait de sa connaissance du « talon d’Achille » de Moscou : le fait que ses peuples, telles que les Ukrainiens, et ses États satellites, dont la Pologne, aspiraient à se libérer de l’emprise du Kremlin.
Ni faucon ni colombe, Brzezinski fut un critique virulent de la guerre en Irak menée par George W. Bush et l’un des premiers partisans d’Obama. Parce qu’il allait à contre-courant de la tendance à rejoindre des factions à Washington et qu’il était parfois prêt à abandonner les démocrates pour les républicains, Brzezinski est en quelque sorte un orphelin de l’histoire. Son rôle historique a été largement sous-estimé. Dans le parcours presque cinématographique de sa vie, on retrouve le grand récit du siècle américain et la lutte des grandes puissances qui a suivi. »
Parution le 13 mai.
« Zbig » et Georges Berthoin : une galerie de portraits
Christoph Schuringa, A Social History of Analytic Philosophy, Verso

« La philosophie analytique est la forme de philosophie dominante dans le monde anglophone. Comment expliquer ce succès continu ?
Christoph Schuringa soutient que seule une analyse de son histoire sociale permet de comprendre sa longévité. La philosophie analytique a tendance à se considérer comme une discipline qui traite de questions éternelles, transcendant les bouleversements historiques. Elle se veut apolitique.
Cet ouvrage démontre toutefois de manière convaincante que c’est tout le contraire.
Les origines de la philosophie analytique se trouvent dans un ensemble de mouvements distincts, façonnés par des forces politiques et sociales très spécifiques. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que ces mouvements disparates se sont réunis pour former la « philosophie analytique » telle que nous la connaissons. Dans le climat du maccarthysme, elle s’est retrouvée dépouillée de sa force politique.
À ce jour, la philosophie analytique est l’idéologie du statu quo.
Elle peut sembler obscure et largement éloignée du monde réel, mais elle est en fait un élément essentiel du maintien du libéralisme, grâce à son rôle central dans les institutions éducatives d’élite. Comme le conclut Christoph Schuringa, l’ouverture apparemment croissante des philosophes analytiques à d’autres approches philosophiques doit être comprise comme une forme de colonisation ; grâce à son statut hégémonique, elle reformate tout ce qu’elle touche au service de ses propres impératifs. »
Parution le 13 mai.
John Cassidy, Capitalism and Its Critics. A History : From the Industrial Revolution to AI, Farrar, Straus and Giroux

« À une époque où l’intelligence artificielle, le changement climatique, les inégalités, les guerres commerciales et la montée du populisme de droite en réaction à la mondialisation remettent fondamentalement en question le système économique international, Capitalism and Its Critics offre une histoire kaléidoscopique du capitalisme mondial — de la Compagnie des Indes orientales et de la révolution industrielle à la révolution numérique.
Mais John Cassidy adopte ici une approche nouvelle et audacieuse : il raconte l’histoire à travers les yeux des détracteurs du système.
Des luddites anglais qui se sont rebellés contre les premières automatisations industrielles aux communistes allemands et russes du début du XXe siècle, en passant par les « dépendistes » latino-américains, la campagne internationale pour une rémunération du travail domestique des années 1970 et le mouvement moderne pour la décroissance, ce récit traverse le globe.
Il évoque des noms familiers – Smith, Marx, Luxemburg, Keynes, Polanyi – mais s’intéresse également à des personnages moins connus, tels que Flora Tristan, militante française pour un syndicat universel ; Thomas Carlyle, prophète conservateur de la dépravation morale du marché ; John Hobson, premier théoricien de l’impérialisme ; J. C. Kumarappa, propagandiste de l’économie gandhienne ; Eric Williams, l’auteur trinidadien d’une célèbre thèse sur l’esclavage et le capitalisme ; Joan Robinson, l’économiste de Cambridge et critique de Keynes ; et Samir Amin, l’économiste franco-égyptien de gauche et analyste de la mondialisation.
Mêlant biographies, histoire panoramique et exploration vivante des théories économiques, Capitalism and Its Critics met en lumière les racines profondes de nombreuses questions parmi les plus urgentes de notre époque. »
Parution le 13 mai.
Lire le dernier entretien donné par Samir Amin avec le Grand Continent
Robert Darnton, The Writer’s Lot. Culture and Revolution in Eighteenth-Century France, Harvard University Press

« Au XVIIIe siècle, en France, les écrivains sont apparus comme une nouvelle forme de pouvoir.
Ils ont suscité des passions, façonné l’opinion publique et contribué à renverser la monarchie des Bourbons.
Qu’ils griffonnent dans des chambres lugubres ou philosophent dans les salons, ils exercent une telle influence que l’État les surveille de près.
Quelques-uns sont devenus célèbres, mais la plupart étaient des écrivains de bas étage, et aucun ne pouvait survivre sans mécènes ou sans exercer un deuxième métier.
The Writer’s Lot est le premier ouvrage qui dépasse le cadre des biographies individuelles pour dresser le portrait de la « France littéraire » dans son ensemble.
Robert Darnton analyse des lettres oubliées, des manuscrits, des rapports de police, des journaux intimes et des journaux afin de montrer comment les écrivains ont fait carrière et comment ils se sont intégrés — ou non — dans l’ordre social. Réexaminant les récits traditionnels de la Révolution française, Robert Darnton montre qu’être un rejeté ne signifiait pas nécessairement être un Jacobin : les « pirates des lettres », les écrivains de la « Grub Street » parisienne, vendaient leurs mots aussi bien aux éditeurs révolutionnaires qu’aux ministres du gouvernement.
Et si la France littéraire a contribué à la chute de l’Ancien Régime, elle l’a fait davantage par son exemple que par ses idéaux : la contradiction inhérente à la République des Lettres — en théorie ouverte à tous, en pratique dominée par une clique bien connectée — a mis en évidence le caractère oppressif du système social français. »
Parution le 13 mai.
Eva Illouz, Explosive modernité. Malaise dans la vie intérieure, Gallimard

« Comment comprendre le malaise indéniable dans lequel notre civilisation est plongée ?
Il y a un siècle, Freud se posait la même question.
Mais là où, en psychanalyste, il dressait le tableau d’un conflit entre pulsions et répression, ce qui se joue aujourd’hui est à la lisière entre émotions et monde social. Nos affects les plus intimes — espoir, déception, colère, envie, honte, fierté, amour même — sont désormais pris dans les tensions et dynamiques de nos sociétés.
L’espoir, fondement émotionnel de la modernité, a promis le progrès et l’amélioration du sort de chacun. C’était avant que les inégalités, la montée du populisme, la démocratie extrême, la domination de la technologie ne le transforment en déception, envie, colère ou nostalgie.
La conjonction de toutes ces émotions nous a fait entrer dans une ère explosive. Ce livre est l’exact opposé d’un manuel de développement personnel : il ne nous invite pas à ausculter sans fin notre « moi », mais à ouvrir notre intériorité à l’analyse sociale pour y découvrir que ce qui nous hante est avant tout l’écho des forces à l’œuvre dans notre vie collective.
Sociologue des émotions, Eva Illouz mobilise ici la littérature et la philosophie autant que les sciences politiques pour explorer comment et pourquoi ces émotions sont déployées dans la société. »
Parution le 15 mai.
Hans Joas, Universalismus. Weltherrschaft und Menschheitsethos, Suhrkamp

« Prendre en compte le bien-être de tous dans les décisions morales et politiques : aujourd’hui, cela semble être un idéal justifié pour beaucoup.
Mais une telle éthique humaine n’a pas toujours existé et n’est pas universelle.
Quand et où est-elle apparue, et pourquoi ? S’agit-il d’une particularité de la tradition judéo-chrétienne ou occidentale issue des Lumières ? Et comment son émergence est-elle liée à l’histoire de la domination impériale mondiale ?
Hans Joas explore cette éthique humaine dans une perspective mondiale.
Partant de ce que Karl Jaspers appelait « l’ère axiale », il retrace son émergence dans la Grèce antique, dans le judaïsme et le christianisme, en Inde et en Chine, et l’examine dans le contexte de la formation des empires, jusqu’au colonialisme, au fascisme et au communisme. Peut-il y avoir un universalisme sans impérialisme ? Et quelle est la position de l’islam par rapport aux conceptions de l’époque axiale d’une éthique humaine ? Les réponses de Joas à ces grandes questions s’assemblent pour former un opus magnum qui couronne ses travaux sur l’histoire de la religion et du pouvoir politique. »
Parution le 19 mai.
Hélène Miard-Delacroix, Les émotions de 1989. France et Allemagne face aux bouleversements du monde, Flammarion

« La certitude d’assister à un moment de bascule dans les équilibres du monde dessine la fin d’une ère qui a commencé en 1989-1990, dans l’incrédulité, l’inquiétude mais aussi dans une joie intense. Plus encore que les changements réels qu’elle a entraînés, c’est le souvenir d’émotions puissantes qui fait la postérité de 1989, rare césure positive de l’histoire contemporaine.
La mémoire de 1989 est tellement dominée par l’incroyable joie à la chute du mur de Berlin qu’on en oublierait presque que la fin de la RDA et l’unification allemande en 1990 ont été précédées de tant de peur et d’indignation, à Tian’anmen, à Leipzig, à Prague, puis à Bucarest et Timisoara. L’historienne Hélène Miard-Delacroix retrace ici la dynamique avec laquelle, entre émerveillement et espoir, les Européens ont eu l’impression d’assister à un jeu de dominos et parfois de subir les événements.
En prenant ensemble la France et l’Allemagne, ce récit original et vivant révèle des circulations inattendues d’émois dans un chœur aux voix nombreuses. Il montre que les émotions sont un moyen d’appréhender le changement et une ressource de l’action publique. Partagées, elles peuvent aussi révéler et consolider des communautés de culture et de valeurs dans un moment de grands ébranlements. »
Parution le 21 mai.
Andrew Hartman, Karl Marx in America, The University of Chicago Press

« Les États-Unis ont longtemps été considérés comme la nation anti-marxiste par excellence, mais les idées de Marx ont inspiré un large éventail de personnes à formuler une vision plus précise des enjeux du projet américain. Les historiens ont souligné l’empreinte laissée sur les États-Unis par les penseurs des Lumières tels qu’Adam Smith, John Locke et Thomas Paine, mais Marx est rarement considéré au même titre que ces figures. Pourtant, ses idées sont aujourd’hui plus pertinentes que jamais en raison de la place centrale du capitalisme dans la vie américaine.
Dans Karl Marx in America, l’historien Andrew Hartman soutient que même si Karl Marx n’a jamais mis les pieds en Amérique, ce pays a été imprégné, façonné et transformé par lui. Depuis le début de la guerre civile, Marx est un spectre qui hante la machine américaine. Pendant l’âge d’or, les socialistes voyaient en Marx un antidote au pouvoir incontrôlé des entreprises. Pendant la Grande Dépression, les communistes se sont tournés vers Marx dans l’espoir de transcender l’économie capitaliste destructrice. Les jeunes militants des années 1960 se sont inspirés de Marx pour se rassembler et protester contre une guerre à l’étranger. L’influence de Marx est également évidente aujourd’hui, alors que les Américains sont de plus en plus sensibles aux questions d’inégalité, de travail et de pouvoir. »
Parution le 27 mai.
Maya Kandel, Une première histoire du trumpisme, Gallimard

« Le trumpisme est le phénomène politique majeur du premier quart du XXIᵉ siècle.
S’il frappe l’actualité par ses outrances, son histoire débute dans les années 1980.
Il naît de la rencontre entre un personnage hors norme, Donald J. Trump — héritier, entrepreneur et star de la téléréalité —, quelques idées fortes et un socle électoral républicain en recomposition.
Spectacle permanent, en prise avec les évolutions des moyens de communication, il dessine mensonge après mensonge une réalité alternative. Porté par une contre-élite hétéroclite, réunissant autour de lui chrétiens évangélistes, idéologues nationaux-conservateurs, masculinistes et titans de la tech, il est en passe de remplacer les structures de pouvoir actuelles et leurs bastions culturels.
Dorénavant plus grand que Trump, le trumpisme entend détruire l’ordre international hérité de la Seconde Guerre mondiale. En comprendre les ressorts est essentiel pour saisir ce qui nous arrive, et ce qui nous attend. »
Parution le 29 mai.
Laura C. Forster, The Paris Commune in Britain. Radicals, Refugees, and Revolutionaries after 1871, Oxford University Press

« The Paris Commune in Britain est un livre sur des idées radicales, les personnes qui les ont façonnées et les lieux qui les ont inspirées.
Il traite de la manière dont les idées se forgent, se propagent et se vivent, ainsi que des mécanismes par lesquels les radicalismes du passé sont mobilisés dans le présent.
Il se concentre sur les réfugiés politiques qui sont arrivés en Grande-Bretagne après la défaite de la Commune de Paris en 1871. En examinant leur impact intellectuel et la longue postérité culturelle et politique de la Commune de Paris en Grande-Bretagne, le livre reconstitue une histoire transnationale vivante, qui tient compte des contextes intimes, incarnés, spatiaux, actifs et émotionnels dans lesquels ces idées politiques ont été produites et échangées.
Le livre soutient que la Commune de Paris a eu une importance considérable en Grande-Bretagne.
Son héritage diffus s’est manifesté à différentes échelles, allant d’amitiés intimes qui ont suscité des conversions politiques individuelles à la production de symboles internationaux capables de galvaniser un mouvement socialiste national.
Et cet héritage a connu des hauts et des bas pendant les décennies qui ont suivi le départ des réfugiés communards de Grande-Bretagne. En explorant ces différentes échelles d’influence, cet ouvrage apporte une contribution plus large à l’histoire sociale, culturelle et intellectuelle moderne de la Grande-Bretagne, de la France et de l’Europe, ainsi qu’à l’histoire urbaine et à l’histoire de l’exil et des migrations en général. »
Parution le 29 mai.