Au cours des semaines ayant suivi son investiture, Donald Trump a consacré une part importante de son énergie à tenter d’obtenir un accord de cessez-le-feu pour mettre fin à la guerre en Ukraine — l’un de ses principaux engagements pris durant la campagne. Martelant que Vladimir Poutine n’aurait jamais osé lancer l’invasion de février 2022 s’il avait été au pouvoir, Trump semblait convaincu d’être en mesure de « raisonner » avec Poutine.
- Le Kremlin a ordonné un cessez-le-feu aux troupes russes en Ukraine « pour des raisons humanitaires » entre le 19 avril à 18h et le 21 avril à minuit.
- Il s’agit de la troisième tentative d’instaurer une trêve à l’occasion des fêtes de Pâques depuis le début de l’invasion en février 2022. Dans la soirée du 19 avril, l’Ukraine a dénoncé une tentative de Poutine de « jouer avec des vies humaines », et un membre des forces ukrainiennes a déclaré que les soldats russes « continuaient de tirer ».
- Afin de négocier avec Trump, qui dispose grâce à l’assistance apportée à l’Ukraine (suspendue puis reprise) et aux sanctions économiques sur la Russie (discrètement renforcées ces dernières semaines, notamment contre le secteur énergétique) d’une influence sur les deux belligérants, Zelensky et Poutine ont tous deux essayé de se présenter comme étant le plus disposé à trouver un accord de paix.
- Les deux parties ont également adopté une approche « pro-business » visant à convaincre le président américain. Ainsi, le Kremlin a évoqué avec des responsables américains (dont Trump) la perspective d’une réouverture de Nord Stream 2, et a lancé des signaux en faveur d’une coopération russo-américaine-saoudienne en matière d’exploration spatiale, avec pour objectif la conquête de Mars à bord d’une fusée SpaceX, et même discuté de l’organisation future de matchs de hockey russo-américains impliquant des joueurs de la NHL (la ligue nord-américaine, regroupant le Canada et les États-Unis) et de la KHL (la ligue eurasiatique).
Le 18 mars, Trump a obtenu un cessez-le-feu partiel portant sur les infrastructures énergétiques russes et ukrainiennes. Celui-ci est entré en vigueur une semaine plus tard, le 25 mars. Toutefois, en raison de l’absence d’une définition et d’une liste claire acceptée par l’Ukraine et la Russie des infrastructures concernées, l’accord n’a été respecté par aucun de deux. Aucune partie tierce n’avait par ailleurs été formellement désignée pour garantir son respect. Moscou a ainsi fait savoir vendredi 18 avril considérer que le cessez-le-feu avait expiré, sans qu’un renouvellement ne soit prévu 1.
- Alors que Trump exprime sporadiquement son mécontentement vis-à-vis de Poutine et de son absence de volonté de parvenir à un règlement du conflit ainsi qu’à une paix durable, le secrétaire d’État Marco Rubio a déclaré vendredi 18 avril : « S’il n’est pas possible de mettre fin à la guerre en Ukraine, nous devons passer à autre chose […] Nous devons déterminer très rapidement, et je parle ici de quelques jours, si cela est faisable ou non ».
- Trump a maintenu la même ligne en déclarant le vendredi 18 avril : « Si, pour une raison ou une autre, l’une des deux parties rend les choses très difficiles, nous dirons simplement : vous êtes stupides. Vous êtes stupides, vous êtes des gens horribles, et nous laisserons tomber. Mais j’espère que nous n’aurons pas à le faire, mais Marco a raison de dire qu’on veut que cela cesse. Mais nous avons une bonne chance de résoudre ce conflit. »
- Lors d’une réunion à Paris le 17 avril, les négociateurs américains ont toutefois soumis aux Européens un plan visant à proposer une levée d’une partie des sanctions occidentales en échange d’un « cessez-le-feu durable » 2. Selon cette proposition, la Russie garderait le contrôle des territoires occupés (ce qui ne serait pas reconnu par les pays européens) et l’Ukraine, libre de conclure des accords bilatéraux avec qui elle souhaite, abandonnerait son objectif de rejoindre l’OTAN.
Le durcissement de la position américaine vis-à-vis de la Russie semble peu probable. En votant à deux reprises aux côtés de régimes dictatoriaux, dont la Russie et la Corée du Nord, aux Nations unies, les États-Unis de Donald Trump signalent un renversement d’alliance qui semble correspondre aux souhaits du président américain.
Sources
- « Песков : месяц моратория на удары по энергообъектам истек », TASS, 18 avril 2025.
- Alberto Nardelli, Alex Wickham et Daryna Krasnolutska, « US Offers to Ease Sanctions on Russia in Ukraine Peace Proposal », Bloomberg, 18 avril 2025.