Selon les données provisoires du département du Commerce américain, le nombre de visiteurs internationaux hors-Amérique du Nord se rendant aux États-Unis a chuté de 11,6 % en mars par rapport à 2024. Pour le Mexique, la chute est encore plus importante : -23 % en glissement annuel. Les touristes canadiens ont quant à eux été moins de 1,5 millions à traverser la frontière en voiture le mois dernier, soit 31,9 % de moins qu’en mars 2024.

Selon les dernières projections de Tourism Economics, cette tendance devrait durablement impacter l’économie américaine du tourisme en 2025.

  • Dans ses dernières prévisions du 3 avril, le centre de recherche anticipe un recul de 9,4 % du nombre de touristes qui devraient se rendre aux États-Unis cette année (ce qui représenterait près de 7 millions de touristes en moins par rapport à 2024) 1.
  • Les dépenses des touristes devraient quant à elles se contracter de 5 %, soit une perte sèche de 9 milliards de dollars pour l’économie américaine. 
  • Plus d’un tiers de cette perte (3,4 milliards) sera due au recul du nombre de touristes canadiens (-20,2 % sur l’année).
  • Hors ralentissement du tourisme international lié à la pandémie de coronavirus, le nombre de touristes se rendant aux États-Unis devrait ainsi être ramené à ses niveaux de 2011-2012.

Cette tendance est largement due à la politique mise en place par l’administration Trump depuis le 20 janvier. Les témoignages de touristes étrangers détenus pendant plusieurs jours voire semaines puis expulsés du pays sans motifs valables se sont multipliés ces dernières semaines, et de nombreux touristes reconsidèrent leur venue aux États-Unis en raison de leur nationalité, leur genre ou leur orientation sexuelle. Le Danemark et l’Allemagne notamment ont conseillé à leurs ressortissants dont le genre n’est pas précisé sur leur passeport de contacter leur ambassade avant de se rendre aux États-Unis 2.

  • Au-delà de l’impact sur l’image et le soft power des États-Unis, le recul du tourisme étranger aux États-Unis est également susceptible de conduire à la perte de dizaines de milliers d’emplois. 
  • L’Agence américaine pour le commerce international estime que 40 visites internationales permettent de créer un emploi aux États-Unis. 
  • En se basant sur les projections de Tourism Economics, l’économie américaine pourrait ainsi perdre jusqu’à 170 117 emplois sur l’année avec un recul des visites de 9,4 %.

Le second mandat de Trump intervient à une période charnière pour le secteur américain du tourisme. Les États-Unis accueilleront plusieurs événements d’envergure internationale d’ici la fin de la décennie, notamment la Ryder Cup en septembre 2025, la coupe du monde de football à l’été 2026 puis les Jeux Olympiques d’été de Los Angeles en 2028. La U.S. Travel Association anticipe que ces événements devraient attirer 40 millions de visiteurs internationaux et générer 95 milliards de dollars pour l’économie américaine 3.