Depuis plusieurs semaines, alors que l’administration Trump pousse en faveur d’un accord de cessez-le-feu rapide en Ukraine, les investisseurs montrent des signes d’enthousiasme quant à une réouverture prochaine du marché russe. Sur les 4 135 marques étrangères recensées en Russie avant l’invasion de 2022 par la Kyiv School of Economics, près de la moitié (44 %) se sont partiellement ou totalement retirées.

  • Certains groupes, venant notamment de pays asiatiques, ont d’ores et déjà commencé à revenir sur le marché. Selon un rapport du NF Group cité par l’agence officielle russe TASS, 23 nouvelles marques étrangères pourraient entrer sur le marché russe cette année.
  • Cette expansion serait portée par des entreprises principalement originaires de Turquie, de Chine (qui privilégient un positionnement sur le milieu et le bas de gamme) et de Corée du Sud.

Le Kremlin souhaite encourager le retour des entreprises étrangères en Russie, tout en imposant un certain nombre de restrictions. En mars, Vladimir Poutine a chargé le gouvernement « d’élaborer une procédure pour coordonner le retour en Russie des entreprises étrangères » qui avaient précédemment quitté le pays 1. Mercredi 9 avril, le ministère des Finances a annoncé qu’un « projet contenant une liste d’exigences » serait bientôt discuté 2.

  • Selon plusieurs sources au fait des discussions, le projet du gouvernement russe prévoit notamment d’offrir la possibilité aux entreprises russes déjà implantées de « donner leur avis » sur l’arrivée sur le marché d’un nouveau concurrent international.
  • Il y a quelques semaines, le président du gouvernement Mikhaïl Michoustine avait déclaré que les entreprises concernées seront principalement celles « qui n’ont pas annoncé leur retrait de Russie, qui ont poursuivi leurs opérations par l’intermédiaire de leurs filiales et qui ont adopté une approche responsable envers leurs employés » 3.
  • Parmi les options considérées par le gouvernement russe figurent également des obligations pour les entreprises étrangères en matière de transfert de technologie, de création de centres de recherche et développement en Russie ainsi que de création de co-entreprises avec des actionnaires russes.

Lors de son discours prononcé le 18 mars au congrès annuel de l’Union des industriels et des entrepreneurs de Russie, Vladimir Poutine avait déclaré « qu’il n’y aura aucun privilège, aucun traitement de faveur pour ceux qui souhaiteraient faire leur grand retour en Russie », ajoutant immédiatement : « en même temps, nous restons un pays ouvert ». En l’absence de volonté apparente de parvenir à une paix durable en Ukraine, le Kremlin cherche à obtenir des États-Unis une levée progressive des sanctions tout en faisant le moins de concessions possible sur le terrain.