En préparation d’une analyse plus complète, l’équipe du Bulletin des élections de l’Union européenne (BLUE) a passé le contrat de coalition révélé le 9 avril au crible d’une analyse automatisée.
Pour chacune des 2 740 phrases contenues dans le contrat de coalition, la phrase la plus proche dans les programmes électoraux de la CDU/CSU et du SPD a été identifiée. Puis, ces deux phrases ont été comparées pour déterminer la plus proche de celle contenue dans le texte final.
Cette méthode 1 permet d’estimer, pour chacune des phrases du contrat, de quel(s) programme(s) elle est le plus proche.
- L’impression globale est celle d’un compromis équilibré : 52 % des phrases contenues dans le contrat de coalition sont plus proches du programme de la CDU/CSU, 48 % du programme du SPD.
- Le contrat de coalition apparaît nettement plus proche du programme de la CDU/CSU aux chapitres « migration et intégration » (68 %), « éducation, recherche et innovation » (66 %), « ruralité, agriculture, alimentation, environnement » (64 %) et « numérique » (63 %), quatre domaines où les conservateurs étaient jugés plus compétents par l’électorat que leurs partenaires.
- Selon l’accord, la CDU et son partenaire bavarois, la CSU, devraient détenir l’essentiel des portefeuilles ministériels afférents.
- Les trois ressorts négociés par la CSU (Intérieur, Recherche et technologie, Alimentation et ruralité) correspondent à des domaines de l’action publique sur lesquels l’Union CDU/CSU a pu imposer sa vision.
- Le programme du SPD est nettement plus proche du compromis final aux chapitres « culture et media » (67 %) et « famille, égalité femme-homme, jeunesse, séniors et démocratie » (64 %).
- Dans le nouveau cabinet, ces domaines seront également contrôlés par un secrétaire d’État et un ministre issus de la CDU. Dans l’ensemble, le SPD détiendrait des portefeuilles sur lesquels le contrat de coalition porte davantage la marque de la CDU (climat, finances) ou se révèle très équilibré (défense).
Une dizaine de phrases de chaque programme se retrouvent à l’identique dans le programme de coalition. Parmi ces phrases :
- « Le droit à l’existence d’Israël fait partie de la raison d’État allemande » (CDU/CSU, une phrase proche dans le programme du SPD) ;
- « Si [le départ des migrants en situation irrégulière] n’a pas lieu volontairement, l’obligation de quitter le territoire doit être imposée par l’État » (CDU/CSU) ;
- « Nous nous opposons au projet d’une assurance chômage européenne » (CDU/CSU) ;
- « Du fait du vieillissement de notre population, nous dépendons de l’immigration » (SPD) ;
- « L’OTAN est un pilier du partenariat transatlantique et indispensable à la sécurité européenne » (SPD).
Le manière générale, le compromis publié ce mardi suggère que la CDU/CSU a pu davantage imposer son vocabulaire dans le domaine de la migration (accroissement des compétences de la police fédérale similaire à celui qu’avait voulu l’imposer la CDU/CSU avec les voix de l’AfD), des retraites (valorisation de la poursuite d’activité) et du travail (valorisation des heures supplémentaires).
À l’inverse, le discours du SPD marque davantage le contrat de coalition dans le domaine culturel, sur le plan des valeurs (ouverture, cohésion sociale, intégration) et sur certains points de politique climatique et sociale. Sur le plan international, les positions apparaissent relativement harmonisées, conservant les fondamentaux de la politique du centre allemand : européisme, atlantisme et défense de l’ordre mondial fondé sur des règles.
Sources
- Le contrat de coalition ainsi que les programmes électoraux de la CDU/CSU et du SPD ont été segmentés par phrases. Pour chaque phrase, un sentence embedding a été calculé avec le modèle text-embedding-002-ada d’OpenAI. On utilise la similarité cosinus pour la distance entre les vecteurs. Une fois les résultats obtenus, l’analyse ci-dessous a été rédigée sans utilisation de grands modèles de langages.