Rationaliser les tarifs de Trump : la théorie d’Oren Cass pour expliquer le « Liberation Day »

« Voici comment j'interprète le plan : un tarif mondial permanent pour donner la préférence à la fabrication nationale ; un tarif permanent pour la Chine pour découpler nos économies ; des tarifs réciproques comme moyen de pression pour inciter les autres partenaires commerciaux à faire des choix politiques de réduction des déficits. »

Selon Oren Cass, l’un des économistes qui essaye de donner un corps à la doctrine trumpiste depuis une décennie, la décision de la Maison-Blanche qui a provoqué une panique mondiale sur les marchés pourrait servir un plan caché inspiré de Reagan.

Nous le traduisons, le commentons.

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Le Grand Continent
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© Dominic Gwinn/ZUMA Press Wire

Oren Cass, économiste américain conservateur, publie beaucoup et essentiellement sur son blog Understanding America et dans les colonnes d’American Compass — un think-tank conservateur qu’il a fondé en 2020 et qui a notamment participé au conseil consultatif pour le Project 2025. Depuis plus d’une décennie, Cass a cherché à donner sens à une idéologie conservatrice en recomposition aux États-Unis, dont il rêve qu’elle dépasse le trumpisme, comme il s’en expliquait lui-même dans nos pages sous le premier mandat Trump. Il s’interroge sur le parti Républicain et son rapport aux classes ouvrières, au travail et au chômage et avait notamment proposé une réflexion sur la crise sociale que traversent aujourd’hui les classes moyennes américaines, dans son livre Le travailleur d’hier et de demain.

Dans un texte publié après les annonces de Trump, Cass risque une hypothèse pour donner un sens au « Liberation Day » de Trump — la mise en place d’un tarif généralisé de 10 % sur toutes les importations aux États-Unis et de tarifs spécifiques pour une soixantaine de pays — qu’il replace au cœur d’une politique économique plus globale visant à la réindustrialisation des États-Unis.

En partant d’un exemple historique — la chaîne d’approvisionnement de la Toyota Camry — l’économiste cherche à dévoiler le « plus haut sens » des droits de douanes « réciproques ». Selon lui, les tarifs pourraient conduire les pays ciblés à la « restriction volontaire d’exportation » et à la relocalisation de leur production industrielle sur le sol américain — comme cela a été le cas pour le Japon en 1979, bien que Reagan eut alors uniquement menacé le pays de tarifs, sans les mettre réellement en œuvre — ce qui constitue une différence majeure avec la situation actuelle. 

Cass distingue ainsi trois catégories de droits de douane, dont la durée et les objectifs seraient distincts.

Le tarif mondial de 10 % destiné à être permanent. 

Les tarifs « réciproques » — en réalité : « correctifs » — qui ne viseraient qu’à rééquilibrer la balance commerciale pour les pays avec lesquels les États-Unis sont déficitaires. 

Les tarifs spécifiquement dirigés contre la Chine, enfin, perçue comme l’ennemi numéro un de Washington. 

Cass suggère également des stratégies à l’administration Trump — communiquer davantage, graver certains droits de douane dans le marbre législatif, financer les entreprises américaines en difficulté — afin de faire accepter ces mesures par le grand public américain — dont une partie a manifesté depuis une semaine leur mécontentement vis-à-vis de l’administration Trump. 

Si « le plan » est bien celui-là — mais Cass admet qu’il n’en sait, au fond, pas grand chose, ne faisant pas partie du premier cercle des conseillers économiques du président — les tarifs ne seraient qu’une première étape.

Ces derniers temps, il est vrai que j’ai beaucoup écrit à propos des droits de douane sur mon blog Comprendre l’Amérique [Understanding America], parce que c’est ce que les gens semblent avoir le plus de mal à faire en ce moment : Comprendre l’Amérique. La seule chose que vous devriez lire provient donc des archives : un essai publié dans la National Review par mes collègues de l’époque, Wells King et Dan Vaughn Jr., sur « La Camry américaine » 1. Vous pouvez également lire la version « étude de cas » que nous avons publiée dans American Compass 2.

Cet essai raconte l’histoire d’un président républicain nouvellement investi, qui s’inquiétait que les importations inondant les États-Unis en provenance d’une économie exportatrice ne menacent l’industrie américaine : « Alors que certains membres de son cabinet lui conseillaient de ne rien faire, Reagan négocia un quota d’importation avec le Japon, limitant fortement le flux de véhicules vers les États-Unis. Il ne s’agissait pas d’une politique subtile ou bien calibrée : elle interdisait tout simplement aux importations de dépasser le niveau atteint en 1979. »

Notons que ce quota n’était pas imposé directement par les États-Unis eux-mêmes. 

Il s’agissait d’une « restriction volontaire d’exportation » (RVE) auto-imposée par les Japonais sous la menace d’une mesure plus agressive que les États-Unis pourraient imposer, incluant des droits de douane. Par conséquent : « Cela a fonctionné. Detroit a changé de cap et les entreprises japonaises ont investi des dizaines de milliards de dollars dans une nouvelle base de production massive dans le Sud, créant des centaines de milliers d’emplois pour les Américains — seul exemple exceptionnel d’une importante capacité de production étrangère délocalisée aux États-Unis, et non l’inverse. Quiconque espère voir plus de situations de ce type advenir aujourd’hui devrait en prendre note. »

Les entreprises basées au Japon ont continué à prendre des parts de marché aux entreprises américaines, mais les véhicules étaient fabriqués aux États-Unis et les chaînes d’approvisionnement s’américanisaient de plus en plus. Pendant des années, la Toyota Camry comportait plus de pièces faites aux États-Unis que tout autre véhicule dans le pays. Aujourd’hui, la Camry — mais aussi trois Honda et une Volkswagen — sont beaucoup plus « Made in America » 3 que la voiture la plus américaine d’un des « Big Three » de Detroit.

Dans la première moitié du XXe siècle, l’expression « Big Three » désigne les trois plus importants groupes de construction automobile américains : General Motors, Ford et Chrysler.

C’est une histoire fascinante et qui mérite d’être lue dans son intégralité afin de commencer à comprendre le régime tarifaire annoncé par le président Trump mercredi dernier

Beaucoup de confusion entoure à la fois les motivations et les détails méthodologiques de cette action, et cela est en partie dû à l’administration Trump qui n’a pas réussi à communiquer clairement ce qu’elle était en train de faire 4. Mais si l’on veut comprendre ce qui se passe, je pense que la structure du plan final et les commentaires faits par divers responsables de l’administration permettent de tirer des conclusions assez solides. L’histoire de Reagan et de la « restriction volontaire d’exportation » japonaise donne la meilleure illustration de ce vers quoi on se dirige probablement ensuite.

1 — Un droit de douane mondial

Selon toute vraisemblance, le droit de douane mondial de 10 % sur presque toutes les importations semble destiné à être permanent. D’une part, il offre une source de revenus stable et substantielle. D’autre part, on ne voit pas clairement comment il pourrait être supprimé. Les droits de douane spécifiques à chaque pays, dont nous parlerons plus loin, peuvent être négociés pays par pays. Mais un droit de douane mondial, par définition, implique que le même taux devrait être imposé indépendamment des politiques ou des caractéristiques économiques d’un autre pays. Aucun plan d’action ni changements spécifiques de la part d’un autre pays ne semblerait donc constituer une base plausible pour modifier ce tarif.

La décision d’exempter le Mexique et le Canada est une preuve supplémentaire que Trump ne prévoit pas de modifier le droit de douane de 10 % de sitôt. Ces deux pays sont soumis à d’autres tarifs spécifiques qu’il a déjà imposés, mais l’administration semble envisager une renégociation de l’accord Canada–États-Unis–Mexique (USMCA) qui répondrait aux priorités américaines et entraînerait la suppression de ces autres tarifs. À partir de là, « l’Amérique du Nord pourrait devenir le cœur d’un bloc commercial dirigé par les États-Unis » 5.

La revue American Compass plaide depuis longtemps en faveur d’un droit de douane mondial de 10 % — pour en savoir plus sur son fonctionnement et sur le problème qu’il entend résoudre, vous pouvez consulter la note d’orientation que nous avions fait paraître en 2022 6. Une différence avec la situation actuelle est que nous proposions un mécanisme d’ajustement, avec un taux mondial augmentant ou diminuant en fonction du déficit commercial global des États-Unis. Mais Trump semble avoir une autre méthode en tête pour combler le déficit…

2 — Des droits de douane réciproques

Des enquêtes publiées dans les jours précédant le « Liberation Day » indiquaient que l’administration hésitait entre un droit de douane mondial et des droits de douane réciproques. La décision de mettre les deux en œuvre suggère qu’ils ont des objectifs différents. Si le tarif mondial fonctionne mieux comme base permanente pour permettre la préférence de la production nationale et l’augmentation des recettes, les tarifs réciproques sont destinés à servir de levier de négociation.

Comme je l’avais prévu en février 7, l’accent mis par Trump sur les déficits commerciaux et la nécessité d’un commerce équilibré indique qu’il privilégie la proportionnalité plutôt que la réciprocité pure et simple. 

Des tarifs réciproques conçus simplement pour refléter les taux des tarifs étrangers n’auraient eu que peu de rapport avec le problème qu’il visait. En outre, les pays auraient pu les contourner en ramenant simplement leurs propres tarifs officiels à zéro et en s’appuyant sur d’autres formes de distorsion des échanges. En théorie, on pourrait essayer de créer un calcul qui tienne compte de toutes les barrières et distorsions commerciales non tarifaires, et que ce calcul produise un tarif comparable. En pratique, bon courage. Si ce sont les déséquilibres commerciaux qui intéressent Trump, et s’il veut utiliser les droits de douane pour forcer les autres pays à réduire ces déséquilibres, ce qui a du sens, c’est d’adapter le tarif à l’ampleur du déséquilibre. C’est ce qu’il a fait.

Voici ce que cela implique : vous voulez un tarif douanier plus bas ? Corrigez votre déséquilibre.

Oren Cass admet ici assez explicitement que les tarifs de Trump n’ont rien de « réciproques » mais qu’ils sont basés sur ce que les États-Unis perçoivent comme des déséquilibres commerciaux à « corriger ». La formule de Cass — « corrigez votre déséquilibre » saisit précisément cela.

C’est là que l’exemple de la restriction volontaire d’exportation s’applique. Car les pays contrôlent-ils vraiment leurs déséquilibres commerciaux ? Pas entièrement, c’est vrai, mais c’est tout de même le cas dans une large mesure. Ce n’est pas un hasard si tous les pays qui cherchent à avoir une croissance tirée par l’exportation réalisent en fait d’importants excédents commerciaux. Ils font des choix politiques en matière de subventions, de monnaie, d’approvisionnement, de réglementation, etc. Ce que Reagan a montré en 1981, c’est que si vous parvenez à faire changer le calcul d’un autre pays de sorte que son intérêt soit de corriger le déséquilibre plutôt que de le favoriser, les décideurs politiques ont toutes sortes d’outils à leur disposition pour atteindre le nouvel objectif. À l’extrême, un pays peut littéralement bloquer les importations de ses propres producteurs et leur dire de développer leur capacité de production aux États-Unis.

Car les droits de douane réciproques sont, par définition, temporaires : si les déficits diminuent, les taux doivent diminuer aussi par hypothèse. Mais Trump n’a pas précisé ce qu’il recherche exactement, ni comment tout cela est censé fonctionner. Pour l’instant, il semble se contenter, du moins publiquement, de rester en retrait et d’attendre que les pays viennent à lui. 

C’est peut-être la meilleure stratégie de négociation.

Mais sur le plan politique, cela a laissé le public, les marchés et les autres pays dans la confusion quant à ce qui va se passer et comment. C’est pourquoi, lorsqu’on entend « droits de douane réciproques », mon meilleur conseil est toujours de penser « restriction volontaire d’exportation ».

L’hypothèse d’Oren Cass pour « sauver » malgré tout les tarifs douaniers imposés lors du Liberation Day — tout en admettant qu’ils ont semé une panique mondiale sur les marchés — est qu’il s’agit en fait d’une technique de négociation. En apparence, Trump aurait imposé des droits de douane universels pour faire ensuite du « cas par cas » sur le modèle reaganien de la restriction volontaire d’exportation japonaise des années 1980. Si cette hypothèse de rationalisation est intéressante, elle ne demeure pas étayée par des éléments tangibles qui auraient pu être donnés depuis par l’administration.

3 — La question chinoise 

L’administration Trump a déjà frappé la Chine avec des droits de douane ciblés de 20 %, auxquels s’ajoutent désormais des droits de douane réciproques de 34 %. Le total de 54 % est plus élevé que pour tout autre pays. On note aussi que cela diffère du Canada et du Mexique, qui sont également confrontés à des droits de douane ciblés, mais qui n’ont pas été soumis ni à un tarif global, ni à un tarif réciproque supplémentaires. Avec le Canada et le Mexique, l’objectif semble être une négociation rapide et un retour au libre-échange. 

Avec la Chine, en revanche, je pense que ces tarifs exorbitants sont là pour durer.

L’une des raisons de cette hypothèse est que la valeur totale approche désormais le tarif de 60 % sur la Chine, en plus du tarif mondial de 10 %, sur lesquels Trump avait fait campagne 8. Alors qu’il cherchait un accord avec Pékin lors de son premier mandat, il semble désormais que les négociations se concentrent ailleurs, la Chine étant définitivement inscrite sur la liste noire. Le soutien de Trump à la révocation du régime de relations commerciales normales permanentes (PNTR) de la Chine apporte une preuve supplémentaire en faveur de la théorie du « China-Out ». Il en va de même pour l’indication du secrétaire au Trésor Scott Bessent selon laquelle les États-Unis poussent le Mexique et le Canada à harmoniser leurs droits de douane envers la Chine avec la politique américaine 9.

Voici comment j’interprète le plan : un tarif mondial permanent pour donner la préférence à la fabrication nationale ; un tarif permanent pour la Chine pour découpler nos économies ; des tarifs réciproques comme moyen de pression pour inciter les autres partenaires commerciaux à faire des choix politiques de réduction des déficits. Le résultat final, comme je l’ai écrit en début de semaine dernière, serait une alliance économique et sécuritaire qui favorise le libre-échange entre les pays qui peuvent s’entendre sur un commerce équilibré, le partage du fardeau et le « China-Out » 10.

Si mon interprétation est la bonne, l’administration Trump devrait donc faire plusieurs choses :

Communiquer beaucoup plus clairement les objectifs et les motivations

Le peuple américain, les marchés et les alliés doivent tous comprendre ce qui se passe et pourquoi s’ils veulent soutenir — ou au moins accepter — le plan de l’administration.

Légiférer sur les éléments permanents

La crédibilité, la stabilité et la légalité des droits de douane permanents seraient grandement améliorées si le Congrès les codifiait. 

Ainsi, un projet de loi bipartisan visant à révoquer le statut de la Chine en tant que pays bénéficiaire du régime de relations commerciales normales permanentes (PNTR) existe déjà 11

Il a été coparrainé par le secrétaire d’État Marco Rubio lorsqu’il était encore au Sénat. 

Un projet de loi en faveur d’un tarif douanier mondial de 10 % a déjà été présenté à la Chambre des représentants, par un conservateur du parti démocrate 12. Les investisseurs ne redéploieront pas des milliards de dollars en réponse à de nouvelles règles s’ils ne sont pas convaincus que ces règles vont être respectées.

Revoir le séquençage

Je continue de croire qu’une mise en place progressive, prévisible et crédible des droits de douane peut avoir presque les mêmes effets positifs qu’une imposition immédiate, tout en réduisant considérablement les coûts. 

Le tarif mondial de 10 % est déjà une étape suffisamment progressive. 

Mais le fait de passer littéralement de 0 à 60 avec un pays comme la Chine impose des coûts importants aux entreprises et aux consommateurs américains bien trop rapidement pour leur permettre de façon plausible de prendre les mesures constructives qu’on souhaiterait. Cela ne rend service à personne.

De même, si nous nous attendons à ce que les producteurs perdent l’accès aux marchés étrangers, en particulier à celui de la Chine, il est important que cela ne se produise pas plus rapidement que le retrait des entreprises chinoises des marchés américains et que la création de nouvelles opportunités de vente par les marchés alliés.

Accompagner les tarifs de financements

Enfin, le « Liberation Day » doit marquer le début d’un programme de réindustrialisation beaucoup plus vaste, et non une mesure ponctuelle qui laisse en fait les troupes en plan. En considérant notamment que l’administration a choisi d’exempter les semi-conducteurs des tarifs, la mise en œuvre réussie du CHIPS Act est vitale. 

D’autres industries dans lesquelles des investissements accélérés sont particulièrement nécessaires devraient également bénéficier d’un soutien dans le cadre de cette politique industrielle. Il est essentiel d’augmenter la production d’énergie, de réduire les formalités administratives et de construire des infrastructures. 

Le plus important, selon les Américains et les entreprises américaines, est enfin de considérablement renforcer la formation de la main-d’œuvre.

Il n’y a pas de raison que les États-Unis ne puissent pas obtenir un succès politique dix fois supérieur à celui de la restriction volontaire d’exportation du Japon, puis obtenir dix autres succès comparables qui augmenteraient les achats étrangers auprès des producteurs américains. 

Mais l’annonce des droits de douane n’est qu’une première étape. 

Si c’est nous nous arrêtons maintenant, nous n’arriverons pas là où nous devons arriver.

Sources
  1. Wells King et Dan Vaughn Jr., « The American Camry », National Review, 29 septembre 2022.
  2. Wells King et Dan Vaughn Jr., « The Import Quota that Remade the Auto Industry », American Compass, 29 septembre 2022.
  3. American Made Index, Cars.com, 2024.
  4. James Surowiecki, X, 3 avril 2025.
  5. Martha Gimbel et al., « What just happened with Trump’s tariffs announcement ? », The Washington Post, 3 avril 2025.
  6. « The Global Tariff. Levy a tariff on all imports that rises until trade is balanced », American Compass, 19 octobre 2022.
  7. Oren Cass, « The One Word that Explains Globalization’s Failure, and Trump’s Response », Understanding America, 24 février 2025.
  8. « Fiscal, Macroeconomic, and Price Estimates of Tariffs Under Both Non-Retaliation and Retaliation Scenarios », The Budget Lab, 16 octobre 2024.
  9. Jasper Wards, « Mexico has proposed matching US tariffs on China, Bessent says », Reuters, 1er mars 2025.
  10. Oren Cass, « America’s Three Demands », Understanding America, 31 mars 2025.
  11. « Moolenaar Introduces Legislation to Revoke China’s Permanent Normal Trade Relations », The Select Committee on the CCP, 14 novembre 2024.
  12. « Golden introduces legislation to establish universal 10 percent tariff », Congressman Jared Golden, 16 janvier 2025.
Crédits
Oren Cass, Understanding America, 5 avril 2025.
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