Les combats se poursuivent dans la région frontalière russe de Belgorod depuis que l’armée ukrainienne a lancé le 18 mars dernier une incursion depuis la région de Soumy. Après avoir avancé jusqu’aux villages de Demidovka et Popovka, situés à environ 2 kilomètres de la frontière, les forces ukrainiennes ont fait face ces derniers jours à une résistance russe qui a stoppé sa progression.

Tandis que les autorités régionales et fédérales russes nient une présence armée ukrainienne à Belgorod, Kiev intensifie ses opérations. 

  • Le ministère de la Défense russe n’a toujours pas communiqué publiquement sur l’incursion de Belgorod dans cette partie du côté russe de la frontière. À une cinquantaine de kilomètres plus au nord, la ville de Soudja était encore occupée par les forces de Kiev il y a seulement quelques semaines.
  • Le gouverneur de l’oblast de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, a toutefois fait mention dans la matinée du vendredi 28 mars de plusieurs frappes de drones et d’artillerie ukrainiennes dans la région sur sa chaîne Telegram 1.

Lundi 24 mars, l’armée ukrainienne a détruit deux ponts situés sur la rivière Gryazny au niveau des villages de Grafovka et d’Annivka, à environ 8 kilomètres de la frontière, vraisemblablement avec des frappes de lance-roquettes américains HIMARS 2 puis de Soukhoï Su-27 modifiés pour emporter des bombes guidées françaises AASM et des bombes américaines JDAM et GBU-39 3.

Il s’agit ici d’une des rares utilisations par l’Ukraine d’avions de chasse pour frapper des infrastructures en territoire russe 4. Un tel événement ne semble s’être produit qu’à deux reprises depuis février 2022.

  • En juin 2024, un avion ukrainien avait frappé un centre de commandement russe dans l’oblast de Belgorod, à proximité de Tsentralnoye 5. Puis, en décembre, un Soukhoï Su-27 avait largué des bombes guidées américaines sur un ponton dans l’oblast de Koursk.
  • En raison de leur nombre limité et des risques pour les pilotes, l’Ukraine utilise traditionnellement ses avions de chasse pour défendre son ciel en interceptant des missiles et drones russes.
  • Les F-16 occidentaux donnés à Kiev disposent de systèmes radars et de capacités de missiles plus avancés et efficaces que leurs équivalents soviétiques en service dans l’armée ukrainienne, comme les MiG-29 et les Su-27.
  • Début mars, Kiev a également déployé pour la première fois ses Mirage 2000 français, livrés un mois plus tôt, pour repousser une attaque russe visant ses infrastructures civiles et énergétiques 6.

La région frontalière dans le nord-est de l’Ukraine est devenue ces dernières semaines l’un des théâtres les plus actifs de la guerre, alors que la progression russe a constamment ralenti ces derniers mois dans l’est et le sud du pays. Volodymyr Zelensky a alerté le 26 mars d’une nouvelle offensive russe en préparation dans les oblasts frontaliers ukrainiens de Soumy et de Kharkiv 7. C’est notamment pour dissuader Moscou de lancer des attaques dans ces régions que Kiev a lancé il y a dix jours une incursion à Belgorod.