En 2024, lors de la 8e conférence internationale de soutien à la Syrie, les institutions européennes et les États membres avaient promis 6 milliards d’euros aux civils syriens (en Syrie ou dans les pays frontaliers), faisant de l’Union le principal donateur dans la région. La conférence qui s’ouvre aujourd’hui, lundi 17 mars, s’inscrit dans un tout nouveau contexte, suite à la chute du régime d’Assad.
- Pour la première fois depuis que la conférence existe (en 2017), les autorités de Damas seront à Bruxelles. Celles-ci seront représentées par le ministre des Affaires étrangères Assaad al-Chaibani, qui avait pris part à la réunion de Paris du 13 février.
- Jeudi dernier, le 13 mars, le président syrien al-Charaa a signé une déclaration constitutionnelle pour une période transitoire de 5 ans. Le texte garantit la séparation des pouvoirs, de nombreux droits — dont la liberté d’expression et de croyance, les droits des femmes — et met en place une commission de justice transitionnelle.
- Le droit reste néanmoins fondé essentiellement sur la jurisprudence islamiste et les contre-pouvoirs au régime présidentiel semblent limités, le président conservant un important pouvoir de nomination. L’administration autonome kurde, aux orientations fédéralistes, a déclaré que le texte « contredit la réalité de la Syrie et sa diversité ».
- Alors que la conférence de Bruxelles consistait à apporter de l’aide humanitaire aux civils, elle pourrait cette année inclure des financements pour la reconstruction du pays. Selon l’International Rescue Committee, 81 % des réseaux électriques, 61 % des réseaux d’eau et près de 50 % des infrastructures de santé en Syrie sont détruits.
À Bruxelles, la position à adopter face au nouveau régime syrien reste toutefois en cours de définition. Si la chute d’Assad a été largement saluée, et certaines sanctions économiques levées, le principe de précaution reste appliqué pour tout ce qui concerne la situation militaire, les droits des minorités et des femmes ainsi que la situation des réfugiés syriens en Europe.
Le massacre de plus d’un millier de civils alaouites — minorité dont est issu le clan Assad — début mars sur le littoral syrien a également accru les doutes sur la transition.
- Jeudi 6 mars, des partisans de l’ancien dictateur syrien ont lancé des attaques coordonnées contre des forces du nouveau pouvoir autour des villes de Jableh et de Banias, dans les gouvernorats de Lattaquié et de Tartous, provoquant plusieurs morts et des dégâts matériels.
- Des milliers de combattants venus notamment d’Idlib, d’Alep et de Deir ez-Zor se sont rendus par la suite sur le littoral pour mater la rébellion, commettant des massacres de populations alaouites. Des appels au jihad ont également été lancés dans des villes fidèles au nouveau gouvernement.
- L’Observatoire syrien des droits de l’homme recensait au lundi 17 mars 2 089 victimes, dont 1 557 civils 1.
Sources
- أكثر من ألفي مدني وعسكري ضحايا “فتنة الساحل”.. بينهم 1557 مدني جرى قتلهم وإعدامهم, Observatoire syrien des droits de l’homme, 17 mars 2025.