Aujourd’hui, mardi 11 mars, une délégation ukrainienne rencontre à Djeddah, en Arabie saoudite, l’équipe composée par Donald Trump pour mener les négociations entre Moscou et Kiev visant à mettre fin à la guerre. La délégation américaine semble toutefois avoir été scindée en deux par rapport à celle ayant pris part à la rencontre du 18 février avec les négociateurs russes.

  • Keith Kellogg, initialement nommé envoyé spécial de Trump pour l’Ukraine et la Russie, avait été mis à l’écart des négociations avec la partie russe, supposément en raison de son approche jugée à Moscou trop favorable aux Ukrainiens. Il ne sera toutefois pas présent non plus aujourd’hui à Djeddah.
  • Steve Witkoff, qui semble être le négociateur américain choisi par Trump pour mener les discussions en lieu et place du secrétaire d’État Marco Rubio, est lui aussi absent de la rencontre de Djeddah 1.
  • Choisi pour mener à la fois les négociations sur le cessez-le-feu et la libération des otages à Gaza et sur la fin de la guerre en Ukraine, Witkoff devrait rencontrer à la place le président émirati Mohammed ben Zayed Al Nahyane, avant une réunion à Moscou avec Poutine qui pourrait avoir lieu dès jeudi 13 mars 2.

Zelensky, qui ne prendra pas part aux discussions, a envoyé à Djeddah une délégation de haut-niveau : l’équipe ukrainienne est composée de son puissant directeur de cabinet Andrey Yermak, du ministre des Affaires étrangères Andrey Sibiga et du ministre de la Défense Rustem Umerov. Après l’altercation violente du bureau ovale entre Zelensky, Trump et Vance, il semble que la rencontre d’aujourd’hui vise principalement à « réparer » la relation bilatérale entre l’Ukraine et les États-Unis — qui semble avoir été volontairement entachée par le président américain.

Lors d’une session de questions réponses hier, lundi 10 mars, avec des journalistes, Marco Rubio a répété à trois reprises que l’objectif de la réunion de Djeddah était avant tout « d’écouter » les revendications ukrainiennes 3.

  • Trump a d’ores et déjà fait connaître ses demandes vis-à-vis de Kiev : Zelensky doit « démontrer » qu’il cherche à obtenir la paix et non prolonger la guerre, être prêt à faire des concessions territoriales, signer l’accord sur les minéraux — qui constituerait la seule « garantie de sécurité » offerte par Washington — et être ouvert à l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle malgré la loi martiale.
  • La suspension de l’aide militaire puis du partage de renseignement, apparemment désormais rétabli pour sa composante « défensive », selon Rubio, vise à mettre la pression sur Kiev pour que Zelensky accède aux demandes de Trump. 
  • Rubio a également déclaré hier, 10 mars, que l’Ukraine devrait accepter le contrôle de la Russie sur certains territoires dans le cadre d’un accord de paix : « les Russes ne peuvent pas conquérir toute l’Ukraine, et il est évident qu’il sera très difficile pour l’Ukraine, dans un délai raisonnable, de forcer les Russes à revenir sur les positions d’avant ».
  • La délégation ukrainienne devrait quant à elle réitérer son ouverture à la signature de l’accord sur les minéraux, dont les conditions ont été négociées pour être plus favorables à Kiev. 
  • Yermak devrait aussi mettre à nouveau en avant la proposition ukrainienne d’instauration d’un cessez-le-feu « en mer et dans les airs », qui n’a pas fait l’objet d’une réponse claire de la part de Moscou, qui serait prête à discuter d’une trêve qu’à ses conditions. 

Poutine maintient quant à lui ses positions maximalistes : pas de troupes européennes pour garantir un cessez-le-feu en Ukraine, réduction de la taille de l’armée ukrainienne à la portion congrue voire, selon une source du Kremlin, la signature par Kiev d’une « déclaration de neutralité » 4. Toutes ces revendications vont à l’encontre des demandes ukrainiennes de garanties de sécurité visant à dissuader la Russie de lancer une nouvelle invasion.