Alors que les pays européens multiplient ces dernières semaines les sommets visant à relancer l’industrie européenne de la défense et à augmenter les dépenses militaires, le rapport annuel du SIPRI (Institut international de recherche sur la paix de Stockholm) publié aujourd’hui, lundi 10 mars, révèle que près des deux-tiers (64 %) des importations d’armes par les États européens membres de l’OTAN provenaient des États-Unis au cours de la période 2020-2024 1.

  • Ce chiffre constitue une augmentation de 12 points de pourcentage par rapport à la période précédente 2015-2019 (52 %), ce qui signifie que la dépendance des Européens vis-à-vis de l’industrie de la défense américaine s’est renforcée ces cinq dernières années. Dans le même temps, le montant du total des importations a plus que doublé (+ 105 %).
  • Loin derrière les États-Unis, les principaux fournisseurs d’armement aux membres européens de l’OTAN sont la France et la Corée du Sud (6,5 % chacun), l’Allemagne (4,7 %) et Israël (3,9 %).

L’augmentation de la dépendance des Européens vis-à-vis des États-Unis en matière d’armement est très inégale parmi les membres de l’OTAN : en Allemagne, la part des importations américaines a bondi de près de 61 points de pourcentage au cours des cinq dernières années. Plus des deux-tiers (70 %) des importations allemandes en matière d’armement sont assurées aujourd’hui par les États-Unis, contre 9 % entre 2015 et 2019.

  • Parmi les pays qui dépendent aujourd’hui plus de Washington pour leur défense qu’il n’y a cinq ans figurent la Suède (+ 82 points), la Roumanie (+ 45), l’Espagne (+ 44) et la Slovénie (+ 38).
  • À l’inverse, la Bulgarie (-67 points), la Croatie (-35), la Lettonie (-34) et la France (-31) ont considérablement réduit leurs importations de matériel de défense en provenance des États-Unis ces dernières années.

Il est à noter que les chiffres du SIPRI ne concernent que les importations, et ne reflètent ainsi pas la part d’armement produite localement (qui peut être assez importante, comme en Suède ou en France notamment, selon les pays). Aussi, les données comparées dans la carte ci-dessous correspondent à la valeur et non au volume des importations.

La question des approvisionnements et des capacités industrielles des entreprises européennes de la défense devrait occuper un rôle central au cours des prochaines semaines et des prochains mois, alors que la substitution de services américains par des services européens en Ukraine fait d’ores et déjà l’objet de débats. La semaine dernière, l’administration Trump a interdit à Maxar de partager ses images satellites avec Kiev. Dans le même temps, quatre entreprises européennes (dont le franco-britannique Eutelsat) sont actuellement en discussion avec les 27 pour fournir des alternatives au service d’accès à Internet américain Starlink.