Les dirigeants des 22 États membres de la Ligue arabe ont annoncé mardi 4 mars avoir adopté la proposition de l’Égypte visant à reconstruire la bande de Gaza.

  • Le plan prévoit une phase de transition au cours de laquelle un comité technocratique de Palestiniens dirigerait la Bande de Gaza pendant six mois avant de confier le pouvoir à l’Autorité palestinienne.
  • Le nom des 20 personnes composant ce comité aurait fait l’objet d’un accord entre le Fatah et le Hamas lors de discussions menées sous l’égide du Caire. Le Hamas est toutefois exclu de toute forme de gouvernance. 
  • Parmi les participants figuraient notamment le nouveau président syrien, Ahmad al-Charaa, ainsi que le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, qui a déclaré soutenir « fermement » l’initiative.

Le plan prévoit un financement de 53 milliards sur cinq ans qui correspond au coût estimé pour reconstruire la Bande de Gaza calculé dans le cadre d’une enquête menée par la Banque mondiale, l’Union européenne et les Nations unies 1.

  • La première étape, qui devrait durer jusqu’en 2027 — et dont le coût est estimé à 20 milliards de dollars —, consisterait à reconstruire les infrastructures essentielles, notamment les routes, les réseaux de distribution et les installations de services publics. 200 000 logements pour 1,6 million de personnes seraient construits et 810 000 hectares de terres cultivables aménagés. 
  • La deuxième étape, jusqu’en 2030, dont le coût est estimé à 30 milliards de dollars, consisterait à créer des zones industrielles, un port de pêche, un port commercial et un aéroport.

Ce plan a été adopté lors d’un sommet exceptionnel de la Ligue arabe le 4 mars, après l’échec des États à parvenir à un accord lors du sommet précédent, en février à Riyad.

  • Le principal point de désaccord portait sur l’avenir du Hamas — les Émirats arabes unis prônaient son désarmement, tandis que le Qatar et l’Arabie saoudite s’y opposaient.
  • Le plan adopté prévoit d’écarter le groupe terroriste de la gestion administrative de Gaza, sans toutefois mentionner un éventuel désarmement. En janvier, l’ancien secrétaire d’État américain, Antony Blinken, affirmait que depuis le 7 octobre 2023, le Hamas avait recruté presque autant de combattants qu’il en avait perdu.

Le plan sera soumis dès demain, vendredi 7 mars, au siège de l’Organisation de la coopération islamique à Djeddah, avant d’être présenté aux États-Unis. Mohammed Ben Salman, le Prince héritier saoudien, absent mardi au Caire, aura probablement la responsabilité de défendre cette nouvelle proposition auprès de l’administration américaine.

  • Le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, a également annoncé la tenue, en avril, d’une conférence internationale sur la reconstruction de Gaza, en coopération avec les Nations unies, afin de réunir les pays donateurs, les institutions financières internationales et régionales, le secteur privé et la société civile, pour collecter les financements nécessaires. 

L’adoption de cette stratégie se heurte néanmoins à l’opposition de l’administration républicaine.

  • La proposition de la Ligue arabe s’inscrit en effet en porte-à-faux avec le plan du nouveau président américain, la construction d’une « riviera du Moyen-Orient » qui impliquerait de « nettoyer » l’enclave et donc de déplacer les 2,2 millions de Gazaouis.
  • Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, Brian Hughes, a rejeté le plan de la Ligue arabe, en déclarant : « La proposition ne prend pas en considération la réalité, qui est que Gaza est aujourd’hui inhabitable et que ses résidents ne peuvent pas vivre humainement sur ce territoire couverts de débris et de munitions qui n’ont pas encore explosé » 2.
  • Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères français a également considéré que « Ce plan doit exclure entièrement le Hamas de la gouvernance de Gaza, où [le mouvement palestinien islamiste] doit être désarmé, et apporter de solides garanties de sécurité à Israël » 3.

Le gouvernement de Benjamin Netanyahou a toujours rejeté toute implication de l’Autorité palestinienne dans la gestion de la Bande de Gaza. L’adoption du plan intervient également à un moment où le conflit s’enlise, depuis la fin de la première phase du cessez-le-feu, le 1er mars. La Maison Blanche a confirmé hier, 5 mars, être en discussions directes avec le Hamas pour la libération des otages.