La réunion d’aujourd’hui devrait se concentrer sur les propositions de la Commission européenne, présentées le 4 mars, pour accroître les dépenses de défense. Elle s’inscrit dans une séquence plus large qui devrait aboutir au Conseil européen de juin. 

  • La Commission européenne devrait ainsi présenter son Livre blanc sur la défense le 19 mars, qui sera discuté lors du Conseil européen des 20 et 21 mars.
  • La restitution de la revue nationale stratégique française est également prévue fin mai. 
  • Dans sa prise de parole d’hier 5 mars, le président français Emmanuel Macron a déclaré que les 27 allaient franchir plusieurs étapes décisives lors des discussions d’aujourd’hui : les dépenses de défense seront exemptées des règles budgétaires et des financements massifs communs seront mis en place pour acheter et produire sur le sol européen. Actuellement, l’Union européenne achète les deux tiers de son matériel hors d’Europe. Comme l’explique Guillaume Faury, « les Européens achètent en Europe l’équivalent de 6 % de ce que les Américains achètent aux États-Unis ».
  • Un nouveau paquet d’aide militaire d’au moins 20 milliards d’euros pour l’Ukraine, devrait également être discuté aujourd’hui. Zelensky sera présent à Bruxelles, après s’être entretenu hier avec les premiers ministres des Pays-Bas, du Portugal et de la Slovénie, ainsi qu’avec le chancelier allemand. 

Les élections allemandes et les prises de position de l’administration républicaine ont déclenché ces dernières semaines une accélération en Europe. 

  • Après une demande du probable futur chancelier allemand Merz, reçu à l’Élysée avant même sa prise de fonction, le président Macron s’est dit prêt à « ouvrir la discussion » sur une dissuasion nucléaire européenne qui intégrerait notamment le Royaume-Uni, l’autre puissance nucléaire continentale. 
  • Merz a présenté mardi 4 mars son plan massif d’investissement dans la défense et les infrastructures qui reposera notamment sur un fonds de 500 milliards d’euros et un assouplissement durable du frein à l’endettement (Schuldenbremse). Les débats au Bundestag devraient débuter dès la semaine prochaine.
  • Le français Eutelsat est quant à lui en discussion avec des gouvernements européens pour fournir à l’Ukraine un accès satellite à Internet en addition des services de Starlink, dans l’éventualité d’une coupure du réseau américain d’Elon Musk. 

Les leaders de 11 États membres, le ministre des Affaires étrangères turc, les chefs de gouvernement norvégien et canadien, von der Leyen, Costa, Rutte — étaient réunis à Londres dimanche 2 mars.

  • Le Premier ministre britannique a annoncé qu’il travaillait avec Macron et Zelensky sur un « plan pour faire cesser les combats » qui aurait été déjà envoyé à Trump.
  • Ce plan est fondé sur trois piliers : une Ukraine en position de force capable de se défendre, des garanties de sécurité européennes et un « filet de sécurité » (backstop) américain. Emmanuel Macron a insisté dans son allocution qu’un accord de paix « passera peut-être par le déploiement de forces européennes », qui « n’iraient pas se battre sur la ligne de front, mais seraient là, au contraire, une fois la paix signée, pour en garantir le plein respect ». Il a annoncé inviter la semaine prochaine à Paris « les chefs d’état-major des pays qui souhaitent prendre leurs responsabilités à cet égard ». 
  • Pour Starmer, l’Europe — ce qui inclut le Royaume-Uni — doit « faire le gros du travail ». Les dirigeants français et britannique ont par ailleurs annoncé proposer une trêve d’un mois « dans les airs, en mer et sur les infrastructures énergétiques », soutenue publiquement par Zelensky mardi 4 mars. Le Kremlin n’a pas répondu à cette proposition.
  • L’administration Trump a pris la décision lundi 3 mars de mettre fin à ses livraisons de munitions et de matériel militaire à l’Ukraine, et a annoncé arrêter de partager son renseignement avec Kiev hier, mercredi 5. Le directeur du CIA, John Ratcliffe a toutefois déclaré hier : « Je pense que sur le plan militaire et sur le plan du renseignement, la pause (…) va disparaître, et je pense que nous travaillerons côte à côte avec l’Ukraine, car nous devons repousser l’agression qui est là » et Mike Waltz, conseiller à la sécurité nationale a annoncé qu’une réunion entre les deux parties pourrait avoir lieu bientôt : « Nous avons prévu une réunion de nos équipes [ukrainienne et américaine] dans un avenir proche afin de poursuivre ce travail important ». 

À la suite de la séquence entre Trump, Vance et Zelensky à la Maison-Blanche du vendredi 28 février, 24 États membres sur 27 ont exprimé leur soutien à Zelensky dans la foulée. 

  • Orbán et Fico ont été les seuls dirigeants des 27 à soutenir Trump. 
  • Meloni – qui a rencontré Zelensky dimanche 2 mars à Londres – est quant à elle restée ambiguë, appelant  à l’organisation d’un sommet Union européenne – États-Unis.

Orbán, qui a dîné avec le président français hier soir, a déjà écrit au président du Conseil Costa pour appeler à des négociations de cessez-le-feu directement avec Poutine, et à n’adopter aucun communiqué commun sur l’Ukraine lors de la réunion de ce jeudi. Fico a publiquement déclaré que la Slovaquie ne soutiendra aucun paquet additionnel d’aide militaire et humanitaire à l’Ukraine.