À Toretsk, l’armée ukrainienne contre-attaque et reprend des positions clefs à l’intérieur de la ville

À la fin du mois d’août 2024, les troupes russes ont pénétré dans la ville de Toretsk, dans l’oblast de Donetsk, à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Kramatorsk — la cinquième ville la plus peuplée de la région avant l’invasion, et la plus importante actuellement toujours sous contrôle ukrainien. Au 1er mars, Moscou contrôlait 88 % de Toretsk. 

Ces derniers jours, l’armée ukrainienne a lancé une contre-offensive et repris plusieurs positions-clefs. Plusieurs rapports font état de l’encerclement de troupes russes dans certains secteurs de la ville, notamment dans la partie nord.

• La progression russe à l’intérieur de Toretsk est largement stagnante depuis la fin du mois de janvier. Afin de repousser les défenseurs ukrainiens, l’état-major russe y a déployé des effectifs supplémentaires à la mi-février ¹.
• Ce renforcement du secteur de Toretsk pourrait présager une nouvelle tentative d’offensive russe au printemps-été 2025 en direction de Kostiantynivka, l’un des derniers bastions ukrainiens restants dans l’oblast de Donetsk.

C’est principalement autour de la mine de charbon centrale, dans l’ouest, du palais de la culture à l’est ainsi qu’au sud-ouest de la ville que les forces ukrainiennes ont repris du terrain depuis le 28 février. Sur Telegram, les commentateurs pro-russes de la guerre y décrivent une « supériorité numérique » ukrainienne ². La chaîne russe proche du Kremlin Rybar (Рыбарь) fait quant à elle état d’une utilisation massive de drones FPV par l’armée ukrainienne et de lignes de communication russes coupées à l’intérieur de la ville ³.

• La contre-offensive ukrainienne en cours à Toretsk constitue l’un des rares cas de progression significative de Kiev sur le front ces derniers mois. Celle-ci intervient à un moment critique pour l’Ukraine, aussi bien sur le terrain qu’au niveau diplomatique.
• Lors de l’échange d’une violence sans précédent ayant eu lieu entre Zelensky, Trump et J.D. Vance dans le bureau ovale vendredi 28 février, le chef d’État américain s’est appuyé sur le recul des forces ukrainiennes sur la majeure partie de la ligne de front pour arguer qu’il serait temps pour Kiev de signer un accord avec les États-Unis et la Russie.
• En déclarant en direct devant des caméras de dizaines de journalistes « Vous n’êtes pas en bonne position. Vous n’avez pas les cartes en main pour le moment », Trump s’alignait sur le discours du Kremlin consistant à présenter la mauvaise posture ukrainienne sur le terrain comme étant irréversible. 

Si l’Ukraine parvient à faire reculer davantage les forces russes à l’intérieur de la ville, cela contribuerait à rendre ce narratif plus difficile à tenir pour la Maison-Blanche, le ministère de la Défense russe ayant annoncé la capture de la ville il y a presque un mois ⁴. La progression russe a ralenti en février par rapport aux mois précédents : 389 km² contre 431 le mois dernier, et 476 en décembre, selon une analyse de l’AFP à partir des données de l’Institute for the Study of War. La bataille de Toretsk est actuellement l’un des principaux points de tension sur la ligne de front.