Le Premier ministre britannique Keir Starmer organise un sommet demain, 2 mars, à Londres avec une quinzaine de dirigeants européens pour « renforcer le soutien à l’Ukraine », dans un contexte tendu après la rencontre difficile entre Trump et Zelensky.
Hier soir dans le Bureau ovale, Donald Trump et J. D. Vance ont repris la propagande du Kremlin pour chercher à humilier le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en suscitant des réactions internationales immédiates.
- Le premier dirigeant européen à réagir a été le Président Macron, qui, depuis le Portugal ou il conclu une visite d’État a déclaré qu’il y a « un agresseur, la Russie » et un « peuple agressé, l’Ukraine ». Il a ajouté qu’il faut « respecter ceux qui depuis le début se battent. Je pense que nous avons tous eu raison d’aider l’Ukraine et de sanctionner la Russie il y a trois ans et de continuer à le faire ». Il a également exprimé son ouverture de discuter au niveau européen de « la dissuasion nucléaire européenne », ce que le futur chancelier allemand Friedrich Merz — qui a également réagi en soutien à Zelensky hier soir — avait aussi demandé la semaine passée.
À 20h30 (heure de Paris) presque tous les États membres (à l’exception de Chypre, Grèce, Malte) ont publié des messages de soutien à l’Ukraine et au président Zelensky.
- Seule la Hongrie de Viktor Orbán a soutenu d’une manière unanime le président américain en reprenant les éléments de langage américains : « Les hommes forts font la paix, les hommes faibles font la guerre. Aujourd’hui, le président américain a courageusement défendu la paix. Même si cela a été difficile à avaler pour beaucoup. Merci, Monsieur le Président ! ».
- La Slovaquie s’est exprimée à la fois par la voix de son Premier ministre Fico, qui s’est aligné sur la position de Donald Trump, et de sa présidente, qui a soutenu Zelensky.
- Les deux pays semblent désormais intentionné à faire dérailler l’unité lors du Conseil européen du 6 mars.
De son côté, l’Italie de Meloni continue d’afficher une neutralité prudente.
- Dans un communiqué de presse, la présidente du Conseil a affirmé l’importance de maintenir uni le front occidental sans critiquer ni soutenir Donald Trump : « Chaque division de l’Occident nous affaiblit et favorise ceux qui veulent le déclin de notre civilisation. Non pas de sa puissance ou de son influence, mais des principes qui l’ont fondée, en premier lieu la liberté. Une division ne profiterait à personne. Ce qu’il faut, c’est un sommet immédiat entre les États-Unis, les États européens et les alliés pour parler franchement de la manière dont nous entendons relever les grands défis d’aujourd’hui, à commencer par l’Ukraine, que nous avons défendue ensemble ces dernières années, et ceux que nous serons appelés à affronter à l’avenir. Telle est la proposition que l’Italie entend faire à ses partenaires dans les prochaines heures. »
- Le premier ministre britannique a annoncé organiser une rencontre bilatérale avec la présidente du Conseil Giorgia Meloni dans la séquence du Sommet de Londres.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil Costa ont également exprimé leur soutien, ce dernier s’étant entretenu avec Zelensky lors d’un appel peu après les échanges de la Maison Blanche.
Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a implicitement critiqué le président ukrainien, en lui demandant de trouver la manière pour rétablir ses relations avec Donald Trump et l’administration américaine.
- Dans un entretien avec la BBC, Rutte a déclaré qu’il avait parlé deux fois avec Zelensky depuis les échanges du Bureau ovale et qu’il lui avait dit que « nous devons rester ensemble, les États-Unis, l’Ukraine et l’Europe pour apporter à l’Ukraine une paix durable ».
- « Je suis absolument convaincu que les États-Unis veulent amener l’Ukraine vers cette paix durable. Il est important que le président Zelensky trouve un moyen de réparer sa relation avec le président américain et l’administration américaine ».
Au-delà des 27 États-membres on peut remarquer la position du Royaume-Uni qui organise demain le sommet de Londres.
- Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a dans un premier temps refusé de commenter les échanges avant de déclarer avoir appelé les deux présidents et marquer son soutien à l’Ukraine. Il a rencontré Donald Trump lui-même le 27 février à la Maison Blanche, lors d’un échange au cours duquel il n’a pas pu obtenir de garanties de sécurité pour l’Ukraine, mais où il a obtenu une ouverture pour un prochain accord de libre-échange, ce qui pourrait épargner à Londres des droits de douane supplémentaires.
- Parmi les pays non-européens : l’Australie, le Canada et la Nouvelle Zélande ont également exprimé leur soutien vis-à-vis du président Zelensky.
La recherche d’une ligne à la droite du parti populaire
À noter, l’extrême-droite est en train de se partager sur une double ligne.
- Le ministre italien de la Ligue, Matteo Salvini, a déclaré son soutien au président américain, en partageant la vidéo de l’échange dans le Bureau ovale : « Visons la PAIX, arrêtons cette guerre ! Allez Donald Trump ! »
- Le député européen autrichien, membre du parti d’extrême droite FPÖ (PfE, qui est arrivé en première position aux élections législatives de septembre 2024 mais qui a échoué à former une coalition gouvernementale) a salué la position du président américain sur X en déclarant : « Enfin quelqu’un qui dit à Zelensky ce qu’il pense ! »
- À l’opposé, Bruno Gollnisch, membre du Conseil national du Rassemblement national, s’est déclaré « outré par la brutalité et la grossièreté avec lesquelles le président ukrainien a été traité à la Maison-Blanche ».
- Marine Le Pen, qui se trouvait aujourd’hui au Salon de l’agriculture, a toutefois désormais rejoint les partisans de Donald Trump.