Richard Overy, Rain of Ruin. Tokyo, Hiroshima and the Surrender of Japan, Allen Lane

« Durant les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale, des centaines de milliers de Japonais, pour la plupart des civils, ont trouvé la mort dans un ultime déchaînement de violence aérienne. Les avions américains commençaient à manquer de cibles plausibles lorsqu’il a été décidé d’utiliser deux armes atomiques dans un dernier et terrible élan pour tenter de mettre fin à la guerre.

Richard Overy revisite cette ultime étape du conflit et le rôle qu’y tinrent les bombardements. Il explore la manière dont la volonté de tuer des civils et de détruire des villes s’est normalisée au fil de la guerre alors que les préoccupations morales s’estompaient et que les scientifiques, les aviateurs et les hommes politiques suivaient une stratégie de destruction massive qu’ils n’auraient jamais approuvée avant son commencement.

Il s’intéresse également aux recherches récentes qui montrent la complexité des efforts déployés pour mettre fin à la guerre dans un Japon où la « reddition » était totalement étrangère à la culture nationale. »

Parution le 4 mars

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Henri Mordacq, Le Ministère Clemenceau. Journal d’un témoin. Préface de Patrick Weil. Présenté et annoté par Antoine Mordacq, Passés Composés

« Le Ministère Clemenceau, publié entre octobre 1930 et novembre 1931, constitue l’œuvre majeure et pourtant méconnue du général Henri Mordacq.

Chef du cabinet militaire du président du Conseil et ministre de la Guerre, il est l’intime de Georges Clemenceau de son accession au pouvoir dans la tempête de l’année 1917 jusqu’à sa démission en janvier 1920. Le Tigre l’avait appelé à ses côtés, sachant pouvoir compter sur l’intransigeance et la hauteur de vue du général, dont il connaissait les travaux de stratégie d’avant-guerre, aussi décoré pour son engagement au front pendant les trois premières années de la guerre.

Son ouvrage constitue un témoignage quotidien de l’action gouvernementale de Clemenceau, toute tournée vers la guerre. Aux côtés du Tigre, Mordacq va alors jouer un rôle à la fois crucial et inédit : assurer une fonction de coordination avec les armées en veillant à ce que la décision politique demeure prépondérante sur l’action militaire. Par la pertinence de son regard et grâce à une plume efficace, il donne à lire bien des aspects méconnus des conditions de la victoire de novembre 1918, de la personnalité de Clemenceau et des raisons de son échec au début de 1920. »

Parution le 5 mars

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Sacha Lévy-Bruhl, Le grand renversement de l’État social, Presses universitaires de France

« L’idée que nous serions entrés dans une période de dislocation générale de l’État social – ou État-providence – sature le débat public français. On lui oppose le plus souvent que les dépenses sociales atteignent au contraire des niveaux inédits. De tels débats restent cependant stériles tant qu’ils ne s’appuient pas sur une véritable définition de l’État social et de ce qu’il a représenté au sein de la société française. C’est l’objet de cet ouvrage, qui l’analyse depuis sa naissance jusqu’à ses évolutions les plus récentes, à travers un cadre théorique emprunté à la sociologie durkheimienne et enrichi d’une approche comparative avec le welfare state américain.

L’État social apparaît alors comme une institution qui assume d’abord une fonction de diffusion d’une conception de l’individu dans laquelle ce dernier ne peut être tenu pour responsable de sa situation socio-­économique. C’est pourtant ce principe fondateur qu’il a progressivement cessé de porter dans les dernières décennies, allant jusqu’à intégrer au cœur de ses protections des formes de responsabilisation morale inédites. Ce grand renversement plonge la société française dans des déséquilibres majeurs, qui façonnent en grande partie la période politique contemporaine. »

Parution le 5 mars

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Étienne Anheim et Paul Pasquali, Bourdieu et Panofsky. Essai d’archéologie intellectuelle, suivi de leur correspondance inédite, Minuit

« Ce livre raconte, à partir d’archives inédites, l’histoire de la rencontre entre deux figures emblématiques des sciences humaines du XXe siècle, Pierre Bourdieu (1930-2002) et Erwin Panofsky (1892-1968). Rien de commun, en apparence, entre le jeune sociologue français, œuvrant au milieu des années 1960 à la refondation de sa discipline dans un monde intellectuel dominé par le structuralisme, et le vieil historien d’art allemand reconnu internationalement, émigré aux États-Unis après avoir fui le nazisme. Et pourtant, c’est dans la collection « Le sens commun », dirigée par Bourdieu aux Éditions de Minuit, que paraît la première traduction française de Panofsky, Architecture gothique et pensée scolastique, au printemps 1967, en même temps que les Essais d’iconologie chez Gallimard.

L’édition d’Architecture gothique et pensée scolastique est minutieusement préparée par Bourdieu qui, fait unique dans sa carrière, réalise lui-même la traduction. Il y joint une longue postface qui deviendra célèbre : c’est là qu’apparaît sous sa plume la première théorisation du concept d’habitus.

En s’appuyant sur des sources multiples — dont la correspondance des deux savants reproduite en annexe —, cette enquête retrace pas à pas une aventure éditoriale et intellectuelle unique, moment clé dans la réception d’Erwin Panofsky, mais aussi dans la carrière d’un Pierre Bourdieu en pleine construction des outils qui lui permettront de s’imposer dans les décennies suivantes comme l’auteur d’une œuvre capitale. »

Parution le 6 mars

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Charles-François Mathis et Steve Hagimont (dir.), La Terre perdue. Une histoire de l’Occident et de la nature XVIIIe-XXIe siècle, Tallandier

« Depuis le XVIIIe siècle, les progrès techniques et scientifiques, les mutations agricoles, l’industrialisation, le développement des transports et des communications ont accompagné une profonde mutation de nos relations avec la nature, que l’on veuille la domestiquer, la comprendre, la sublimer, la préserver ou l’exploiter. Il semblerait au bout du compte que les forêts soient devenues des usines à bois, les rivières des flux dont on oublie qu’ils sont vivants, les océans de vastes poubelles de notre modernité…

Dans cet ouvrage, en une trentaine de thématiques, les auteurs analysent avec profondeur, précision et nuance l’histoire des rapports entre la culture occidentale et la nature durant ces trois derniers siècles. Ils décrivent l’évolution des différents espaces : les campagnes, entre vision romantique et défis écologiques, les montagnes de « l’or blanc », les fleuves industrialisés, les marais « assainis »… Ils montrent leurs différentes représentations dans l’art, l’enseignement ou même les médias. Sans polémique, ces historiens analysent les entreprises de domination de la nature dans les sociétés occidentales et les colonies, la place des femmes – tour à tour sorcières, botanistes ou écoféministes –, l’appropriation des énergies fossiles ou encore les choix politiques face à l’épuisement des ressources et la chute de la biodiversité. Ils explorent enfin les tentatives visant à repousser les limites de la nature ou à la protéger.

Cette somme inédite dévoile les multiples aspects de l’histoire longue de l’emballement écologique et climatique. »

Parution le 6 mars

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Maurizio Bettini, Arrogante umanità. Miti classici e riscaldamento globale, Einaudi

« Le mythe de Phaéton raconte l’histoire d’un garçon arrogant qui, pour prouver qu’il est le fils du Soleil, obtient de son père le droit de conduire son char enflammé. Incapable de le tenir, il brûle la Terre et est puni de mort. Ce mythe nous parle de nous. Il dit notre orgueil anthropocentrique, notre aveuglement face au réchauffement climatique et à la destruction de l’environnement. 

Phaéton révèle ainsi l’hybris de l’homme moderne qui se croit fils de Dieu, s’arrogeant le droit de se pousser toujours plus loin, certain de sa supériorité. 

Une fois de plus, Maurizio Bettini démontre que le mythe antique a l’extraordinaire capacité de se mettre immédiatement « en contexte », de relier les réseaux narratifs à des thèmes et des problèmes propres à l’époque actuelle, en les préfigurant dans ses fascinantes péripéties. »

Parution le 11 mars

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Patricia Owens, Erased : A History of International Thought Without Men, Princeton University Press

« Le domaine académique des relations internationales présente sa propre histoire comme étant en grande partie l’œuvre d’hommes blancs issus des élites. Pourtant, les femmes ont joué un rôle de premier plan dans la création de ce champ interdisciplinaire. Dans Erased, Patricia Owens montre que, depuis ses débuts au début du XXe siècle, les relations internationales ont reposé sur le travail intellectuel des femmes et sur leur expertise dans des domaines tels que l’empire et l’administration coloniale, l’organisation anticoloniale, les puissances non occidentales et les organisations internationales. En effet, les femmes comptaient parmi les principales penseuses internationales de l’époque, influençant le développement du champ en tant que chercheuses, journalistes et intellectuelles publiques — mais aussi en tant qu’épouses hétérosexuelles et partenaires intimes de même sexe.

S’appuyant sur un large éventail de sources d’archives et entremêlant récits personnels, institutionnels et intellectuels, Owens documente les moments et lieux clés de la constitution des relations internationales comme discipline académique distincte en Grande-Bretagne. Elle constate que les idées et l’influence des femmes ont d’abord été marginalisées, puis dévalorisées, ignorées et effacées. En examinant les rôles joués par certaines des penseuses les plus importantes du domaine, notamment Margery Perham, Merze Tate, Eileen Power, Margaret Cleeve, Coral Bell et Susan Strange, Owens retrace les héritages intellectuels et institutionnels du sexisme et du racisme. Elle soutient que la création des relations internationales a été un projet profondément marqué par le genre et la race, échouant ainsi à appréhender la pluralité à l’échelle mondiale. Reconnaître cet échec intellectuel et redécouvrir l’histoire des femmes dans ce domaine ouvre la voie à d’éventuelles sources de renouveau. »

Parution le 11 mars

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Baptiste Roger-Lacan, Le roi. Une autre histoire de la droite, Passés Composés

« Les Français ne se seraient pas remis de la mort de Louis XVI. En 2015, Emmanuel Macron expliquait que le roi était « l’absent » du « processus démocratique ». Cette absence justifierait le renforcement de l’exécutif sous la Ve République.

Paradoxalement, la monarchie n’a jamais été en position d’être restaurée depuis les années 1870, et pourtant le roi n’a pas disparu. Alors comment ce spleen a-t-il été entretenu ? Il se diffuse sous la IIIe République, lorsque les droites doivent composer avec la fin des espoirs de Restauration. Face à ce vide, elles entretiennent des récits et des théories contre-révolutionnaires. Au cœur de ce dispositif, on trouve la figure du roi, alternative à une république libérale. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, cet imaginaire est mobilisé dans le débat public. Il survit dans des lieux aussi différents que le château de Versailles, devenu un musée à la gloire de l’Ancien Régime, mais aussi des institutions comme l’Académie française. Il se diffuse grâce à d’immenses succès de librairie, qui nourrissent la nostalgie. Bref, la France ne se comprend pas sans son roi. »

Parution le 12 mars

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Mélanie Plouviez, L’injustice en héritage. Repenser la transmission du patrimoine, La Découverte

« Depuis les années 1970, les inégalités de patrimoine ne cessent de se creuser. L’héritage en est en grande partie responsable : un petit nombre hérite aujourd’hui de beaucoup tandis que la majorité hérite de peu. Est-il juste que notre destin soit déterminé par la fortune – ou l’infortune – de nos parents ? Est-il même efficace que la richesse se transmette héréditairement ? Ces questions anciennes sont de nouveau brûlantes d’actualité.

De là l’importance de ce livre qui exhume les pensées oubliées de l’héritage, depuis la Révolution française jusqu’à l’orée du XXe siècle. Pensées oubliées mais pensées lumineuses qui posent des questions essentielles. L’héritage va-t-il de soi ? Et, si ce n’est pas le cas, que penser à sa place ? Au XIXe siècle, la question de l’héritage était sur toutes les lèvres. Étudiée, interrogée, contestée, la transmission familiale du patrimoine faisait l’objet de multiples projets de réforme ou de transformation radicale.

Certains, à l’instar de Merlin de Douai, de Mirabeau, de Robespierre, d’Agier, de Fichte, des saint-simoniens ou encore de Durkheim, comprirent que cette institution pouvait être retournée contre elle-même. L’héritage, au lieu de propager l’inégalité de génération en génération, ne pourrait-il pas devenir un instrument de justice sociale ?

Grâce à cette passionnante enquête philosophique, Mélanie Plouviez nous invite à tirer pour aujourd’hui les leçons de ces réflexions ensevelies. Car il est urgent, insiste-t-elle, de repenser l’articulation entre la propriété privée et l’intérêt général. »

Parution le 13 mars

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Dieter Thomä, Post-. Nachruf auf eine Vorsilbe, Suhrkhamp

« Le préfixe ‘post-’ est l’invention la plus réussie des sciences humaines et sociales depuis 1945. Il est utilisé à l’échelle mondiale dans des mots génériques comme post-histoire, postmodernisme ou postcolonialisme, ainsi que dans d’innombrables autres combinaisons. De toute évidence, il est devenu tendance de se projeter dans la période postérieure. Mais derrière chaque succès ne se cache pas toujours une bonne idée. C’est ce que montre Dieter Thomä dans sa critique de cette attitude de l’esprit et de la vie qui s’est engagée sur la voie de l’après.

Selon Thomä, ce n’est pas seulement faire preuve d’un manque d’imagination qui fait époque que d’orner un vieux mot de post- et de le faire passer pour le dernier cri. En outre, les théoriciens du post ont un problème fondamental : ils laissent quelque chose derrière eux tout en continuant à le traîner avec eux. Ils se dirigent vers l’avenir, mais regardent constamment dans le rétroviseur. Ils restent coincés dans l’ambivalence entre l’attachement et le départ. Il est donc grand temps de dire adieu aux ‘postiches’ de notre temps. Ce livre est leur nécrologie et en même temps un plaidoyer pour quelque chose de différent d’eux : la présence d’esprit. »

Parution le 17 mars

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Ezra Klein et Derek Thompson, Abundance, Avid Reader Press/Simon & Schuster

« Retracer l’histoire du XXIe siècle jusqu’à aujourd’hui, c’est retracer une histoire d’inaccessibilité et de pénurie. Après des années de refus de construire suffisamment de logements, l’Amérique connaît une crise nationale du marché immobilier. Après des années de limitation de l’immigration, nous n’avons pas assez de travailleurs. Malgré des décennies d’avertissements sur les conséquences du changement climatique, nous n’avons rien construit qui se rapproche de l’infrastructure d’énergie propre dont nous avons besoin. Les projets publics ambitieux sont achevés en retard et dépassent le budget prévu — quand ils sont achevés. La crise qui se dessine actuellement s’est développée pendant des décennies, parce que nous n’avons pas construit assez.

Abundance explique que nos problèmes actuels ne sont pas le résultat des méfaits d’hier. Au contraire : les solutions d’une génération sont devenues les problèmes de la génération suivante. Les règles et réglementations conçues pour résoudre les problèmes des années 1970 empêchent souvent les projets de densité urbaine et d’énergie verte qui contribueraient à résoudre les problèmes des années 2020. Les lois censées garantir que le gouvernement tienne compte des conséquences de ses actions ont rendu trop difficile pour lui d’agir en conséquence. Au cours des dernières décennies, notre capacité à voir les problèmes s’est aiguisée tandis que notre capacité à les résoudre a diminué.

Le progrès exige de faire face aux institutions de la vie qui ne fonctionnent pas comme elles le devraient. Pour les libéraux, cela signifie reconnaître quand le gouvernement échoue. Pour les conservateurs, cela signifie reconnaître quand plus de gouvernement est nécessaire. Dans un livre explorant comment nous pouvons passer d’un libéralisme qui non seulement protège et préserve à un libéralisme qui construit, Klein et Thompson retracent les obstacles politiques, économiques et culturels au progrès et proposent une voie vers une politique de l’abondance. À une époque où les mouvements de pénurie gagnent du pouvoir dans un pays après l’autre, c’est une réponse qui relève les défis du moment tout en luttant honnêtement contre la rage que tant de personnes ressentent à juste titre. »

Parution le 18 mars

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Kevin B. Anderson, The Late Marx’s Revolutionary Roads. Colonialism, Gender, and Indigenous Communism, Verso

« Dans ses derniers écrits, Marx a dépassé les frontières du capital et de la classe et les contextes de l’Europe occidentale et de l’Amérique du Nord. 

Kevin Anderson procède à une analyse systématique des carnets ethnologiques de Marx et de ses écrits sur la Russie, l’Inde, l’Irlande, l’Algérie, l’Amérique latine et la Rome antique. 

Ces textes, dont certains n’ont été publiés que récemment, témoignent d’un changement de perspective, qui s’éloigne des visions eurocentriques du monde ou des théories unilinéaires du développement. Le Marx tardif a élaboré une théorie véritablement globale et multilinéaire de la société moderne et de ses possibilités révolutionnaires. »

Parution le 18 mars

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Emily Feng, Let Only Red Flowers Bloom : Identity and Belonging in Xi Jinping’s China, Crown

« L’essor de la Chine et la concurrence de cette grande puissance avec les États-Unis sont l’une des questions les plus importantes de notre génération. Mais pour comprendre la Chine moderne, il faut comprendre les gens qui y vivent et la façon dont l’État chinois tente de les contrôler — leur identité et leur liberté d’expression.

Avec des détails saisissants, cinématographiques, Let Only Red Flowers Bloom raconte l’histoire de près de deux douzaines de personnes qui résistent. Parmi eux, une famille ouïghoure, séparée alors que la Chine détient des centaines de milliers de leurs compatriotes dans des camps ; des avocats des droits de l’homme qui luttent pour défendre les libertés civiles face à des obstacles gigantesques ; un enseignant de Mongolie-Intérieure, contraint de faire des choix difficiles en raison de son soutien à sa langue maternelle ; et un fugitif de Hong Kong qui tente de trouver un nouveau foyer et de vivre en liberté.

Malgré les risques personnels encourus, la journaliste Emily Feng révèle des histoires humaines dramatiques de résistance et de survie dans un pays qui se ferme de plus en plus au monde. Feng illustre ce que signifie aller à contre-courant en Chine et les innombrables façons dont les gens tentent de survivre, avec dignité. »

Parution le 18 mars

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Geneviève Verdo, Des peuples en mal d’union. Aux origines de l’Argentine, Flammarion

« À l’issue du démantèlement de l’Empire espagnol, au début du XIXᵉ siècle, le Río de la Plata est la seule région à ne pas donner immédiatement naissance à un État. En lieu et place de l’Argentine actuelle coexistent quatorze républiques souveraines, qui se gouvernent de façon indépendante pendant une trentaine d’années.

Ce livre retrace la genèse et l’organisation de ces républiques, leurs tentatives d’union constitutionnelle et la façon dont celle-ci se réalise au moyen de pactes bilatéraux. Grâce à une enquête originale et à des documents inédits, Geneviève Verdo offre un nouvel éclairage sur les modalités de la construction politique dans l’Amérique latine du XIXᵉ siècle, issue de la décomposition des structures impériales. Elle invite à privilégier une autre tradition de la culture républicaine, relative à l’autonomie des corps territoriaux et aux pratiques politiques des communautés qui les composent. Ce dépaysement fécond permet de repenser, en miroir de l’Europe, une voie différente de la modernité politique. »

Parution le 19 mars

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Daniel Innerarity, Una teoría crítica de la inteligencia artificial, Galaxia Gutenberg

« Le changement technologique affecte une valeur fondamentale des sociétés démocratiques : la capacité de décider. De plus en plus de décisions, qu’elles soient quotidiennes ou politiques, sont automatisées et déléguées à des artefacts sophistiqués. À partir d’une réflexion sur le concept de décision démocratique, Daniel Innerarity propose une réflexion philosophique sur les principales questions que l’intelligence artificielle nous oblige à repenser : les capacités des algorithmes et celles des humains ; la nature de l’automatisation, de l’intelligence et de la créativité ; la fiabilité de l’analyse prédictive ; le sens de la transparence ; la dimension intuitive et corporelle de la connaissance ; la puissance et l’inexactitude des données ; l’aspect collectif et social de la vie privée, ou encore la place de l’indétermination et du hasard dans un environnement médiatisé par la gouvernance algorithmique.

Dans une perspective à la fois critique et respectueuse de la complexité technologique, Daniel Innerarity propose une nouvelle conception du contrôle politique de la technologie qui promeut l’égalité et la démocratisation de l’environnement algorithmique, ainsi qu’un nouveau contrat social entre les humains et les machines, dans le but de parvenir à leur intégration. »

Parution le 19 mars

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Marion Aballea, Une histoire mondiale du sida (1981- 2025), CNRS Éditions

« Juin 1981, Californie : les premiers cas de sida sont cliniquement constatés sur quatre patients atteints d’une forme rare de pneumonie. Depuis un peu plus de quatre décennies, la maladie a fait plus de 40 millions de victimes sur tous les continents, et profondément bouleversé certains fondements des sociétés contemporaines : sexualité, politiques de santé publique, comportements individuels et collectifs face au risque, solidarité et concurrence internationales, rapport à la science, militantisme et engagement citoyen. Comme toute maladie transmissible, le sida interroge fondamentalement, à différentes échelles, le vivre-ensemble et le besoin de vivre en société.

Synthèse des nombreux travaux publiés enrichie par l’étude d’archives inédites, cette histoire du sida propose une approche élargie, tant géographiquement (aussi bien en Amérique qu’en Europe et Afrique) que du point de vue des thématiques (économique, sociétale, politique, sanitaire, culturelle, scientifique). Elle vise à explorer les différents enjeux qui font du VIH-sida une maladie si particulière, et un défi toujours actuel, pour peindre le portrait le plus complet possible de cette ‘première pandémie des temps modernes’ dont on annonce la fin pour 2030. »

Parution le 20 mars

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Jean-Baptiste Fressoz, François Jarrige, Thomas Le Roux, Corinne Marache et Julien Vincent, Une histoire environnementale de la France. Volume 1 :  La nature en révolution (1780-1870), La Découverte

« Révolutions, industrialisation, colonisation : ce livre propose un nouveau regard sur la France de 1789 à 1870. 

Comment cette nation paysanne a-t-elle entretenu la fertilité de ses sols avant les engrais chimiques ? Pourquoi les questions que l’on qualifierait maintenant d’écologiques étaient-elles centrales dans les Assemblées révolutionnaires ? Comment le capitalisme français est-il parvenu à drainer des matières premières à l’échelle mondiale ? Comment les risques et les pollutions furent-ils normalisés pour qu’advienne l’industrialisation en dépit des plaintes et des procès ? À qui profitaient les émissions de CO2 ? 

C’est à ces questions et à bien d’autres encore que ce livre fournit des réponses surprenantes, modifiant en profondeur notre compréhension de la France du XIXe siècle. »

Parution le 20 mars

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Nicolas Rambert, La Conscience de Staline. Kojève et la philosophie russe, Gallimard

« ‘Que s’est-il passé en Russie hier ?’ se demandait Kojève en 1941 dans un livre longtemps enfoui qui vient d’être exhumé sous le titre de Sophia. ‘Que se passera-t-il en Russie demain ?’ s’interrogeait en 1877 le père de la philosophie russe, Vladimir Soloviev, dans les Principes philosophiques de la connaissance intégrale, soucieux alors de découvrir la ‘parole’ que la Russie devait lancer à la face du monde pour le transfigurer. 

Entre eux, il y eut la révolution et le tournant d’un siècle. Et, si Soloviev fondait un système philosophique prérévolutionnaire où il se faisait, selon le mot de ses admirateurs, la ‘conscience de la Russie’, il appartenait à Kojève à la fois d’hériter de cette Russie et de la renverser au nom du soviétisme, jusqu’à s’affirmer lui-même comme la ‘conscience de Staline’, c’est-à-dire la ‘conscience de l’URSS’. C’est cette lutte entre la philosophie religieuse russe fondée par Soloviev et la philosophie athée soviétique construite par Kojève qui est analysée ici.

Dans cet essai on découvrira un Kojève réinscrit dans la culture de son pays, mais aussi une pensée importante et, pourtant, méconnue : la philosophie russe, au rôle déterminant dans les destinées d’une nation en pleine ébullition et expérimentation tant artistiques, politiques que philosophiques. »

Parution le 20 mars

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Stephan Lehnstaedt, Der vergessene Widerstand. Jüdinnen und Juden im Kampf gegen den Holocaust, C.H. Beck

« ’Hitler veut tuer tous les juifs d’Europe. … Ne nous laissons pas conduire à l’abattoir comme des moutons’, proclamait l’étudiant Abba Kovner en 1941.

Sa détermination était partagée par des milliers de juifs et de juives dans l’Europe occupée. Tous se sont révoltés contre l’oppression nazie, les brimades et les plans d’extermination, même si leurs actions courageuses sont longtemps restées ignorées du public et des chercheurs. 

Stephan Lehnstaedt donne une vue d’ensemble des différentes formes de résistance juive tant dans l’État nazi que dans les territoires occupés par lui. Il raconte les histoires d’individus qui, même face à la mort, ont pris position pour eux-mêmes et pour les autres, que ce soit par le recueil d’informations, des actes de sabotage, l’aide à la fuite, des révoltes ou la lutte armée. »

Parution le 20 mars

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Raoul Pupo, Italianità adriatica. Le origini, il 1945, la catastrofe, Laterza

« Printemps 1945. La Seconde Guerre mondiale s’achève en Europe et l’Italie, qui l’a faite aux côtés des nazis, en sort vaincue. Certains Italiens ont souffert de ce désastre commun d’une manière différente car, en plus de tout cela, ils ont également perdu leur patrie. C’est la catastrophe de l’italianité adriatique.

Pour la plupart des Italiens vivant sur la frontière adriatique, ces semaines marquent un tournant dans un long drame. Mais comment en est-on arrivé là ? Qui en est responsable ? Et quelle était cette italianité adriatique dont la catastrophe a été consommée ? 

Ce livre en retrace les étapes fondamentales, de sa formation dont les racines remontent loin dans les siècles à l’ère des nationalités et de la politisation au XIXe siècle, jusqu’aux événements convulsifs du XXe siècle et à leur héritage mémoriel. Il se clôt sur la construction plus récente d’une identité frontalière visant à une citoyenneté européenne commune. »

Parution le 20 mars

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Santiago Muñoz Machado, De la democracia en Hispanoamérica, Taurus

« Quel est l’état de la démocratie en Amérique latine ? Pour répondre à cette question, il est indispensable de remonter à ses origines. Dans De la democracia en Hispanoamérica, Santiago Muñoz Machado jette un regard sur deux siècles d’histoire politique latino-américaine, depuis les indépendances et l’adoption des premières constitutions jusqu’au néo-constitutionnalisme actuel.

En racontant la mise en œuvre de politiques transformatrices et d’épisodes glorieux, ainsi que les périodes sombres qui ont érodé la liberté, il livre offre une vue d’ensemble des défis et des réussites des régimes démocratiques.

Il analyse en profondeur la manière dont les particularités historiques et culturelles de l’Amérique hispanique façonnent les dilemmes auxquels sont aujourd’hui confrontés les sociétés qui en sont issues. »

Parution le 27 mars

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Uwe Wittstock, Karl Marx in Algier. Leben und letzte Reise eines Revolutionärs, C. H. Beck

« Le 18 février 1882, Karl Marx monte à bord du vapeur ‘Said’ à Marseille et quitte l’Europe pour la première fois. Il ne s’est pas remis de la mort de sa femme Jenny, survenue trois mois plus tôt. Il est malade et espère se rétablir à Alger. Tandis qu’il laisse agir sur lui les impressions de la nouvelle culture, il dresse sans sentimentalisme une sorte de résumé de son existence et de son action. Dans le port d’Alger, Karl Marx est accueilli par un ancien combattant de la Commune de Paris. Mais pour Marx, il n’est plus question de lutte politique. 

Avec l’Europe, il a laissé derrière lui les champs de bataille idéologiques, le médecin lui a interdit tout effort intellectuel. Que lui reste-t-il à faire, sinon s’abandonner à des souvenirs ? À l’aide de sources en partie inédites, Uwe Wittstock décrit les mois passés à Alger et éclaire en même temps la vie de ce penseur aussi souvent exalté que hâtivement condamné : les folles années d’études à Bonn et à Berlin, les premières ambitions poétiques de Marx, son rôle ambigu pendant l’année révolutionnaire de 1848, puis l’exil et les affres de la pauvreté. À la fin de son séjour algérois, Marx se rend chez le barbier pour se faire ôter sa barbe de révolutionnaire : une rétractation tardive ? »

Parution le 20 mars

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Romain Graziani, Les Lois et les Nombres. Essai sur les ressorts de la culture politique chinoise, Gallimard

« Longtemps associée à l’idéologie confucéenne prônant l’exemple personnel et le gouvernement par la vertu, la culture politique chinoise fut en réalité pionnière dans la mise au point de méthodes impersonnelles et automatiques pour établir l’ordre dans le cosmos, l’empire et la vie quotidienne. Ce fait, très largement occulté jusqu’ici, et pourtant sans cesse confirmé par les récentes découvertes archéologiques, invite à esquisser une nouvelle histoire générale de l’État chinois. Encore faut-il comprendre que ce que nous entendons dans les sociétés européennes par ‘lois’ et ‘nombres’ ne correspond que partiellement aux instruments développés en Chine, puisque les nombres ne s’y réduisent pas à des quantités, et que les lois sont décorrélées de toute idée de droit. En mobilisant des sources traditionnelles et inédites, touchant aux mathématiques, à la divination, aux exercices spirituels, aux codes pénaux, aux fictions poétiques du taoïsme ou aux arts de la guerre, Romain Graziani expose ici les formes théoriques et les évolutions concrètes de ce logos chinois.

Il retrace, en repartant de ‘l’expérience légiste’, le processus de dépersonnalisation de l’autorité qui mène à l’expérience de l’État total, et montre comment ce paradigme fondé sur les lois et les données chiffrées a refaçonné durablement dans la société chinoise l’expérience du temps, la mobilité dans l’espace, la vision de l’autorité souveraine ; comment il a contribué à redéfinir la notion de travail, le rapport de l’individu à lui-même ; enfin, comment il a permis de formuler très tôt un projet de société structurée par les techniques d’information, de surveillance et de sécurité.

À l’extrême pointe de cette trajectoire reliant l’âge du bronze à l’ère digitale, l’entreprise plurimillénaire de ‘mise en nombre’ du monde culmine désormais dans la restauration du culte antique de l’Un. »

Parution le 27 mars

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Owen Hatherley, The Alienation Effect. How Central European Émigrés Transformed the British Twentieth Century, Allen Lane

« Dans les années 1930, des dizaines de milliers d’émigrés d’Europe centrale ont cherché à fuir le fascisme en Grande-Bretagne. L’île pluvieuse et apparemment pittoresque qu’ils découvrent à leur arrivée est loin du dynamisme du Berlin de Weimar ou de la Vienne rouge, mais elle est sûre et devient leur foyer. Pourtant, les émigrés n’étaient pas arrivés seuls : ils apportaient avec eux des idées nouvelles et radicales et, alors qu’ils commençaient à reconstruire leur vie et leurs moyens de subsistance, ils ont transformé à jamais le visage de la Grande-Bretagne.

S’appuyant sur une immense brochette d’artistes et d’intellectuels, dont des figures célèbres comme Erno Goldfinger, des sommités oubliées comme Ruth Glass, et une foule de visionnaires et de charlatans, l’historien Owen Hatherley affirme que du choc entre le modernisme européen et la modération britannique, l’imagination britannique a été fondamentalement réorientée et remodelée pour le meilleur. »

Parution le 27 mars

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Crédits
Sauf indication contraire, tous les textes de présentation des ouvrages sont les citations des quatrièmes de couverture des éditeurs.