La part d’Ukrainiens favorable à la poursuite des combats dans l’espoir de repousser l’armée russe hors des frontières du pays se trouve à son niveau le plus bas depuis le lancement de l’invasion en février 2022, selon une enquête conduite par l’ONG ukrainienne Rating Group (Група « Рейтинг ») les 20 et 21 février 2025 1.

  • En février 2025, un peu plus d’un Ukrainien sur dix seulement (11 %) déclare vouloir refuser d’entrer dans des négociations de paix avec la Russie et continuer à se battre jusqu’à ce que tous les territoires occupés soient libérés. 
  • La part de personnes sondées favorables à la résistance armée avait atteint 60 % dans la période allant de juin 2022 à juillet 2023, avant de chuter progressivement.
  • Cette période correspond également aux principaux succès militaires de l’armée ukrainienne : après l’échec de la prise de Kiev en février-mars 2022, les forces ukrainiennes avaient repris plus de 12 000 kilomètres carrés de territoire aux mains de l’armée russe lors de l’offensive dans la région de Kharkiv de la fin de l’été à l’automne 2022.
  • En novembre 2022, les forces ukrainiennes libéraient Kherson puis lançaient au début du mois de juin 2023 leur contre-offensive en direction du Sud du pays et de la Crimée. 
  • Depuis, l’armée de Kiev recule sur le terrain, entretenant parmi la population ukrainienne le sentiment que la victoire militaire est devenu un objectif inatteignable. 

L’enquête de Rating Group montre que si les Ukrainiens sont désormais majoritairement favorables à une solution négociée pour mettre fin au conflit, ils s’opposent catégoriquement à un accord conclu entre les États-Unis et la Russie sans participation de l’Ukraine. C’est pourtant la solution que semble pour l’heure favoriser l’administration Trump, qui a tenu la semaine dernière à Riyad une première réunion entre une délégation russe et américaine.

  • Ainsi, 64 % des répondants sont favorables à des négociations directes entre l’Ukraine et la Russie, contre seulement 7 % pour des négociations russo-américaines qui n’inclueraient pas l’Ukraine.
  • La principale crainte en Ukraine concernant un accord qui ne comporterait pas de garanties de sécurité pour Kiev est que la Russie n’envahisse à nouveau le pays une fois ses forces reconstituées.
  • Au cours d’un discours prononcé hier, lundi 24 février, à Kiev à l’occasion du troisième anniversaire de l’invasion, Volodymyr Zelensky a déclaré qu’il avait remis à Trump ainsi qu’à son envoyé Keith Kellogg un document listant toutes les précédentes violations de cessez-le-feu par Vladimir Poutine.

Chaque jour de guerre supplémentaire alourdit davantage le coût de la reconstruction du pays — estimé aujourd’hui à 506 milliards d’euros par la Banque mondiale — et provoque des morts et blessés parmi l’armée et la population civile. Parmi les six millions d’Ukrainiens ayant fui à l’étranger depuis 2022, les deux-tiers disent vouloir obtenir la nationalité de leur pays d’accueil ou l’avoir déjà obtenue, ce qui impliquerait que 4 millions ne retournent pas en Ukraine une fois la paix revenue 2.